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Dans le N° 196

Souffle de vie

Non seulement Évangile et liberté a des lecteurs catholiques, mais il y en a même qui apprécient (beaucoup !) notre mensuel. Merci à ceux qui nous le font savoir.

C’est grâce à Martine Millet que j’ai découvert votre revue qui est pour moi, catholique, un grand souffle de vie. La lecture de chaque numéro fait vibrer en moi cette fameuse « haleine de vie » qui bouscule tout, dérange, questionne, fait réfléchir, met en tension, bref fait vivre. On peut le dire, ça ne sent pas le moisi chez moi à défaut d’être confortable !... Alors, un très grand merci pour ce regard totalement nouveau et libérateur qui nourrit si bien la réflexion personnelle.

Odile Lafaurie (Versailles)

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Libéralisme et fondamentalisme

La « carte blanche » d’Antoine Nouis, dans le numéro de novembre, a inspiré d’intéressantes réflexions à l’un de nos lecteurs.

J’ai ressenti beaucoup de joie à la lecture de la Carte Blanche d’Antoine Nouis (« Libéral parce que fondamentaliste », no de novembre) dont la logique me correspond et qui m’amène à deux réflexions complémentaires. D’abord, le fait que le fondamen–talisme est certainement inévitable dans le protestantisme à partir du moment où l’on place la Bible comme seul élément acceptable de foi révélée et l’on « déplace » toute tradition à un rang un peu inférieur. L’acte réformateur du XVIe siècle entraîne nécessairement le fondamentalisme américain du XXIe siècle : à placer la source de la foi dans un corpus de livres de référence, on ne peut empêcher certaines personnes de se livrer à ce type de lecture, à ce type de foi. Pourtant, c’est bien là l’essence la plus profonde du protestantisme, et celle qui en assure la cohésion autour de la planète : « coller » à la Bible, la lire, la relire, tenter de l’appliquer parfois jusqu’à la lettre. La Bible comme base de la foi est un postulat, avec ses risques, et je peux comprendre la critique catholique à son encontre.

D’autre part, l’origine de la Bible devrait rendre impossible le fondamentalisme, comme l’illustre très bien Antoine Nouis. Les évangiles sont multiples et ne sont pas écrits directement par Dieu ou par le Christ (tant mieux) : ils portent en eux la facture humaine, avec son lot de contradictions, de faiblesses, de réécritures. Le fondamentalisme ou pire la sacralisation du texte comme Parole Divine devient dès lors un exercice plus difficile que dans d’autres religions (Le Coran est donné par Allah et la Thora écrite par Moïse). Cette Révélation, qui transite par l’écriture imparfaite d’êtres humains, « incarnée » par des auteurs à l’image d’un Dieu incarné en son Fils Jésus, est finalement fort éloignée d’un texte dicté directement par la Divinité, sur lequel on ne peut rien opposer et qui oblige à un certain fondamentalisme. Les évangiles sont faibles, comme les hommes, et ils commandent une certaine humilité. Ils sont aussi un merveilleux territoire d’exercice pour la foi : comme St Paul nous le dit souvent, il en faut une sacrée dose pour « croire » à ces textes très inspirés, très beaux mais aussi très humains.

Pourtant, ma foi chrétienne les utilise comme le fondement principal d’une vie qui se veut agréable à Dieu : ce choix procède essentiellement d’un acte de foi et s’il faut qu’il y ait un certain fondamentalisme, qu’il soit doux et plein d’humanité, comme les évangiles.

J. Sergent (Vincennes)

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L’Écriture seule

À propos de la « carte blanche » L’Écriture seule ? de François Clavairoly dans le numéro de décembre, un lecteur s’interroge sur la pertinence actuelle du sola scriptura.

Je suis tout à fait d’accord que la Bible peut nourrir des personnes bien au-delà des limites des confessions chrétiennes, mais comment ? La réponse de l’auteur est ambiguë quand il écrit « qu’elle a à dire quelque chose aussi à ceux qui ont d’autres référents ». S’il veut dire que ce « quelque chose » serait une découverte de la foi, il a quelquefois raison, mais pas toujours. Beaucoup s’enrichissent culturellement et spirituellement au contact de la Bible sans pour autant rejoindre le christianisme.

Je ne vois pas bien comment nos Églises issues de la Réforme sauraient parler ensemble de l’Écriture à d’autres alors qu’elles ne sont pas capables de cette communion de lecture entre elles. Entre ceux qui font une lecture distanciée du texte biblique par la méthode historico-critique et ceux qui pratiquent le fondamentalisme, il y a un abîme.

Une question n’est pas abordée qui me paraît essentielle : les protestants ont-ils raison de s’en tenir mordicus au dogme du sola scriptura quand il leur faut avouer qu’ils « rencontrent Dieu » seulement dans quelques pages, toujours les mêmes, de la Bible et, d’autre part, dans nombre de textes extra-bibliques ? N’oublions pas que la Bible est une fabrication de l’Église ancienne (argument très juste que les catholiques avancent), avec tous les aléas de l’histoire qui ont alors joué. N’oublions pas non plus que le principe du sola scriptura a été, au départ, une arme dans la polémique entre Luther et la Papauté. L’histoire, là aussi, a joué. Le sola scriptura nous apparaît ainsi aussi relatif et contestable que tout ce que nous disons en théologie.

Jean-Claude Widmann (Briançon)

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