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Au Courrier des Lecteurs

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Dans le N° 182

L’article de Raphaël Picon, intitulé « Une Bible prétexte ? », et publié dans le journal (N° 178-179 de juin 2004) a suscité quelques réactions. Nous en publions deux.

Si la Bible n’est que prétexte, où est le garde-fou empêchant le prédicateur de dire n’importe quoi et d’attribuer au Saint-Esprit ses propres élucubrations ? L’exégèse critique n’est pas « prétendument objective ». Elle est recherche, approche. Elle a la modestie de se mettre constamment en question. Pourquoi l’étude sérieuse du texte empêcherait-elle d’actualiser ? Les deux opérations sont, à mon sens, nécessaires. Réduire la prédication à une étude biblique n’est pas prêcher. Prêcher sans le soubassement assuré de la Bible, c’est substituer sa propre parole à celle de Dieu. A partir du moment où le sens du texte biblique n’a plus guère d’importance, pourquoi ne pas prêcher à partir d’autre chose : un texte non biblique, une image… ? Sérieusement, je me pose la question. Le « sola scriptura » est-il un dogme indépassable ? La belle émission de télévision de Prieur et Mordillat (« L’origine du christianisme », Arte, avril 2004) nous rappelle opportunément que, si la Bible juge l’Église, l’Église est bel et bien à l’origine de la Bible, ce que nos frères catholiques nous objectent depuis longtemps. Si le protestantisme libéral va dans le sens suggéré par Raphaël Picon, cela veut dire qu’il congédie la raison. Pente fatale au bout de laquelle il ne restera que l’évangélisme et le pentecôtisme.

Jean-Claude W., Briançon.

Le théologien américain William Hamilton disait de nos théologies qu'elles sont comme des masures dotées de huit embrasures de fenêtres, mais avec seulement six contrevents pour les fermer. On doit en dire autant de nos manières de lire la Bible, de nous y référer, de fonder sur elle nos prédications dominicales. Nos exégèses s'efforcent de serrer le texte au plus près, mais elles sont pleines de courants d'air. L'article de Raphaël Picon « Une Bible prétexte ? » a bien raison de nous le rappeler et de plaider pour une prédication qui ne reste pas inféodée à la rigueur des exégèses qui se veulent le plus « scientifiques » possible. Quand il y a des courants d'air, c'est que des renouvellements sont possibles et que l'Esprit est libre de souffler où il veut !

Tous ceux qui, au cours des siècles, se sont nourris spirituellement de leur lecture de la Bible n'y auraient pas trouvé leur compte s'ils avaient dû l'aborder avec les exigences de cette scientificité-là. L'important, pour eux, était (et est encore et toujours !) que ces textes leur parlaient, qu'ils faisaient appel non seulement à leur réflexion, mais aussi à leur imagination. En d'autres termes, la Bible leur donnait non seulement à penser, mais aussi à ressentir, à vivre, à se remémorer leur passé et à se projeter déjà dans l'avenir, qu'il soit terrestre ou éternel. La Bible, à cet égard, n'a cessé d'alimenter leur culture, au sens le plus large de ce terme. Et c'est ce qui continue ou devrait continuer à se passer aujourd'hui : inspirer des pensées, des attitudes, des actions se traduisant de toutes sortes de manières, en particulier dans le domaine des arts.

J'abonde donc dans le sens de Raphaël Picon, mais en élargissant encore l'horizon sur lequel se profilent ses propositions. Il pense avant tout à de nouvelles propositions théologiques ; là encore il a bien raison : nous avons un urgent besoin, non pas de changer de théologie, mais de repenser nos propositions théologiques en fonction d'un contexte culturel en pleine évolution quand il n'est pas en pleine déliquescence. Il faut l'aider à se restructurer. Et puis, nous avons un besoin tout aussi urgent de susciter, par exemple par le moyen de la prédication, de nouveaux échos aux textes bibliques dans le domaine des arts, à commencer par la poésie et la musique. Nos Églises protestantes européennes d'expression française sont actuellement en grave déficit quant à la composition de nouveaux cantiques qui aient de la grandeur, de la tenue, une réelle inspiration, une solide structure théologique – qui soient à cet égard à la hauteur des textes bibliques susceptibles de les inspirer.

Avec Raphaël Picon, je souhaite « une parole bonne et neuve, créatrice, libre et motivante » – la Parole même que la Bible lue avec ouverture d'esprit et imagination nous apprend à épeler.

Bernard Reymond, Lausanne.

Carton rouge à la carte blanche

Le « carte blanche » de Serge Oberkampf publié le mois dernier est à se tordre de rire : la manière dont il manipule la référence à la liberté est fascinante, mais le « grand Serge » a trop d’humour pour ne pas l’avoir fait exprès !

Je voudrais cependant reprendre ce qu’il affirme.

Il s’étonne et se moque de celles et ceux qui définissent l’Evangile (à annoncer) par les commandements bibliques « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu et ton prochain comme toi-même ».

Ces braves gens, comme dirait le Baron Seillière, ne feraient pas la différence entre la Loi et l’Evangile. Ils auraient dû retenir au moins de leurs pasteurs pleins de science théologique que Loi et Evangile s’opposent, et que toute affirmation protestante aujourd’hui doit commencer par célébrer l’Evangile de la GRACE ! Donc de la liberté individuelle !

Peut-être vaudrait-il la peine, plutôt que de mépriser cette engeance, d’entendre ce qu’elle dit, ce qu’elle croit, et de commencer par le prendre au sérieux ?

Demander d’aimer Dieu, n’est-ce pas proposer à nos contemporains de découvrir une relation possible avec Dieu, de l’aimer plutôt que de l’éliminer ?

Demander d’aimer son prochain, n’est-ce pas proposer à chaque humain qui se croit « libéré » de toute attache de reconnaître sa dépendance envers les autres, son besoin du prochain ? Ne serait-ce pas manifester que l’Evangile n’est pas une bonne nouvelle individualiste, mais un appel à tisser de nouveaux liens avec Dieu et avec les humains?

Dans les Galates, cités par Serge, Paul continue en disant : « C’est à la liberté que vous avez été appelés. Seulement que cette liberté ne donne aucune prise à la chair. Mais par l’amour, mettez-vous au service les uns des autres ».

Donnez prise à la chair, c’est aujourd’hui participer à la célébration de cette liberté qui se moque des autres et de Dieu. Etre libéré (et libéral théologiquement ?) ne serait-ce pas accueillir la grâce de vivre avec d’autres sous le regard de Dieu ?

Il y a tout un travail à accomplir, dans notre Eglise réformée de France, pour essayer de dire autour de nous l’actualité de l’Evangile de Jésus-Christ. Mais la première étape n’est-elle pas d’entendre les mots (bibliques) simples qu’emploient les membres de notre Eglise ? Les convictions dont ils vivent ? Peut-être y découvririons-nous aussi quelques unes des attentes de celles et ceux qui aspirent à une parole vivante ?

Avec beaucoup d’affection pour Serge.

Pasteur Olivier Brès, Toulouse.

Sur Evangile et Liberté

Je vous remercie pour les indéniables satisfactions spirituelles et visuelles que je trouve, chaque mois, lorsque je reçois ce précieux document. Sincères félicitations, en ce qui concerne les jolies photographies et les superbes reproductions des œuvres qui embellissent « Evangile et Liberté » que vous m’envoyez. Bon courage, à toutes et tous.

Pierre C. Vagney.

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