Numéro 178-179
juin-juillet 2004
( sommaire )

Regarder, Écouter, Lire

Livre : Pour lire Marc. Mots et thèmes

Encore un livre sur l’évangile de Marc. Mais il ne ressemble pas aux autres. L’auteur, Jean-Marc Babut, excellent bibliste, cherche à expliquer les principaux concepts utilisés dans cet évangile par l’évangile lui-même. C’est ainsi que, pour chaque mot dont il cherche à préciser le sens, l’auteur analyse systématiquement toutes les phrases de Marc qui le contiennent. Nous nous apercevons alors que chacun des contextes est éclairant et que l’ensemble des contextes l’est encore plus.

Le royaume de Dieu, la conversion, la confiance que l’on traduit trop souvent par la foi, les divers titres donnés à Jésus, les appellations de Dieu, le sens de la mort du Christ et bien d’autres idées majeures sont ainsi expliquées par le simple examen des phrases et des contextes qui les utilisent. Les mots originaux en grec sont souvent mentionnés et utilisés pour mieux pénétrer au cœur de l’évangile, mais ils sont toujours très bien expliqués.

Ce livre intéressera l’amateur de commentaire biblique et celui qui doit préparer des études bibliques ; mais aussi le spécialiste qui pourra s’attarder sur les nombreuses notes techniques et références bibliographiques.

Henri Persoz

Jean-Marc Babut, Pour lire Marc, Mots et thèmes, Cerf, 2004, 265 p., 25 €, ISBN : 2-204-07351-2.

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Livre : La missiologie

Jean-François Zorn est professeur de théologie pratique et d’histoire du christianisme contemporain à la Faculté de théologie protestante de Montpellier, dont il est le Doyen. Ces 125 pages sont vivantes et associent la réflexion et le mode narratif. C’est parce que le terme même de mission peut faire problème et est parfois connoté négativement, qu’il est utile de penser le sens et la portée de son enseignement dans le cadre de nos facultés de théologie protestante. La mission n’est-elle pas aujourd’hui d’ailleurs au carrefour, plus que décisif, de tout un univers où se rencontrent, par excellence, les questions de l’inter-religieux, de l’inter-confessionnel, de l’inter-national et de l’inter-culturel ? C’est dire l’importance de cette étude qui ne porte pas tant sur la question missionnaire en tant que telle, que sur celle de son enseignement, comme le signale le sous-titre : « Émergence d’une discipline théologique ». Le plan comporte trois grandes parties : « Pourquoi la marginalité universitaire de la missiologie ? » – « La théologie missionnaire au XXe siècle » – « De la mission comme acte de foi à l’acte théologique missiologique ». Ces pages, d’une belle lisibilité, sont ainsi celles d’un universitaire et d’un théologien avec toutes les exigences d’un tel genre. La bibliographie est développée (une dizaine de pages) et les notes sont nombreuses.

Laurent Gagnebin

Jean-François Zorn, La missiologie, Genève, Labor et Fides, 2004, 17 €, ISBN 2-8309-1122-9.

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Évangile & liberté invité à Genève par Le Protestant

L'union protestante libérale de Genève et son mensuel Le Protestant - à la tête duquel Thierry Laus a récemment succédé à Bernard Reymond en qualité de rédacteur en chef- nous ont invité à venir présenter Évangile et liberté au public suisse, à l'occasion du Salon international du Livre et de la Presse de Genève du 28 avril au 2 mal derniers.

Ce Salon est le deuxième en importance dans les pays francophones et ce fut là sans nul doute une intéressante occasion de faire connaî-tre le protestantisme libéral et ses publications en dehors de nos cercles habituels.

Toute l'équipe de notre mensuel remercie chaleureusement nos confrères du Léman de cette invitation et espère que l'avenir nous donnera d'autres occa-sions de collaborer et de rencontrer un public aussi large et divers.

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Livre : Bible et violence

Nos lecteurs ont pu lire dans notre n° de février 2004 le Cahier central signé par C. Schwab sous le titre "Jésus et la violence". Nous conseillons à ceux qui voudraient approfondir cette question de lire un ouvrage de P. Gibert au sujet duquel T. Römer écrit,entre autres, dans la revue Études théologiques et religieuses 2004/1 : «Cet ouvrage écrit dans un style alerte et de lecture aisée, est à conseiller à tous ceux qui s'interrogent sur le lien entre Bible, monothéisme et violence. [...J P.Gibert prend soin en même temps de souligner que la question de la violence nous interpelle encore après le message néo-testamentaire, et qu'elle nous renvoie à l'ensemble du message biblique, "

Pierre Gibert, L'espérance de Cain. La violence dans la Bible, Bayard 2002, 21€, ISBN 2-227-47061-5.

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Cinéma : Kieslowski et son diable d’homme.
« Tu ne tueras point »

Après avoir réalisé beaucoup de documentaires pour lesquels il disait filmer la réalité sans acteurs, Kieslowsky passe aux longs métrages de fiction car les notions d’éthique et d’authenticité le titillent au point de le faire douter de sa sincérité. En 1988 il réalise « Tu ne tueras point », premier film de la série du « Décalogue » de laquelle se dégagent une certaine moralité à La Bresson, ainsi que les notions essentielles comme le bien et le mal, la justice, l’amour. Le film montre, dans sa première partie, un jeune homme tuant sauvagement un chauffeur de taxi et, dans sa deuxième partie, l’exécution de l’assassin.

Quand le film est présenté à Cannes, Kieslowski dit que « … si le monde s’enlaidit de plus en plus c’est que le Bon Dieu ne veut pas le détruire tant qu’il est en bon état, mais quand il sera insupportable à voir il le détruira. »

Le plan qui résume tout le film et cette pensée, est pour moi celui qui montre le taxi vide dans lequel se balance une tête de diable rouge. Faisant référence à l’iconographie médiévale chrétienne pour représenter le mal, Kieslowski joue sur la tentation : vers quel penchant va se tourner l’Homme : vers le bien ? et passer devant la voiture sans la regarder, ou vers le mal ? et monter dans la voiture, objet de convoitise et véhicule du malin qui mène au crime. Ce plan, situation métaphorique de la vie de l’Homme qui le place devant un choix à exercer en pleine responsabilité, est complété par le reflet de la tête diabolique dans le pare-brise comme si elle avait traversé le miroir et commencé à envahir le « monde de l’option du bien ». Mais ceci n’est qu’illusion : c’est le propre du malin. De plus, comme dans tout le film, ce plan est tourné avec un filtre spécial qui produit une lumière à la fois jaune-orange et verdâtre pour nous dire que ce monde est sale ou plutôt sali par l’Homme et son penchant pour le péché.

Libre à nous de l’éclairer autrement.

Corine Eugene dit Rochesson

Disponible en DVD chez MK2 Vidéo

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Livre : La rencontre de Lübeck

« […] c’est ainsi qu’il entreprit un voyage à Lübeck, qui plus est, à pied, pour y écouter Dietrich Buxtehude […]. Il y séjourna trois mois, non sans profit pour lui-même, et revint ensuite à Arnstadt. ». C’est en ces seuls termes que C.P.E. Bach rapporte le voyage que Jean-Sébastien Bach fit à l’âge de vingt ans pour aller à la rencontre d’un des plus grands compositeurs allemands de son temps. Aucune autre source ne nous permet de connaître les conditions dans lesquelles s’effectua cette rencontre.

Suffisamment d’éléments étaient réunis pour éveiller l’intérêt d’un musicologue, spécialiste de Bach : ainsi, dans un ouvrage qui se lit comme un roman, Gilles Cantagrel a-t-il imaginé le contenu de cette rencontre, donnant corps à cet échange entre deux grands musiciens. Il n’est pas question de confrontation mais d’initiation entre un maître et son disciple, de transmission d’un savoir tant musical que théologique, et, au fil de la lecture, il nous plaît à penser que cette rencontre s’est déroulée ainsi. A travers ce récit, l’auteur, dont on sent qu’il maîtrise totalement son sujet, réalise un parfait compromis entre l’étude historique et l’écrit de vulgarisation, et fournit des clefs permettant de mieux envisager l’œuvre de Bach. A chacun de trouver les prolongements à la lecture d’un ouvrage lui aussi initiatique.

Matthieu Baboulène-Fossey

Gilles Cantagrel, La rencontre de Lübeck, Desclée de Brouwer, Paris, 2003 149 p., ISBN 2-220 05356-3.

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