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Numéro 203
Novembre 2006
( sommaire )

Débattre

L’éthique est à la mode. Bien des entreprises l’affichent comme valeur fondamentale. Jean-Paul Lannegrace, ancien directeur de Framatome, président de l’Observatoire chrétien de l’entreprise et de la société, membre d’ Évangile et société, estime que cette bonne volonté apparente pourrait être améliorée.

L’éthique dans l’entreprise

L’éthique d’entreprise est en plein développement : on crée des chartes éthiques, des fonctions de déontologues, des rapports de développement durable, des agences de notation éthique. Pourtant, le scepticisme ne désarme pas : « C’est de la cosm-éthique ! », décrètent les stagiaires de HEC ; « On oublie l’éthique dès qu’elle coûte ! » Des cadres du MCC (Mouvement des cadres et dirigeants chrétiens) dénoncent un double langage : « Les paroles ne sont pas conformes aux pensées, les actes ne sont pas conformes aux paroles ! »

Mais quand bien même l’affichage d’une éthique ne provoquerait que de telles réactions, leur existence ne constitue-t-elle pas déjà un progrès ? Et un chef d’entreprise qui s’engage dans une déclaration éthique n’est il pas condamné à l’appliquer, sous peine de voir l’image de l’entreprise encore plus dégradée que s’il n’avait rien fait ?

La contestation surgit alors d’un autre bord. Initiateur en éthique d’entreprise, O. Lecerf, alors PDG de Lafarge, avait invité le cardinal Lustiger à parler devant ses cadres : quelle déconvenue de l’entendre développer que l’entreprise « n’était pas légitime à produire de l’éthique » ! A. Comte Sponville a, depuis, écrit la même chose.

IBM, Danone, considèrent que l’éthique relève du domaine privé ; ces entreprises invitent leurs membres à interpréter suivant leur conscience individuelle les principes du Développement Durable.

Si néanmoins l’éthique d’entreprise, « art d’éclairer les comportements en s’appuyant sur un certain nombre de valeurs cooptées », se développe, c’est qu’elle permet

  • de prévenir des risques d’illégalité,
  • d’améliorer l’image de l’entreprise auprès de ses clients et de son personnel,
  • d’éclairer les membres de l’entreprise qui n’ont pas bénéficié d’éducation morale,
  • d’accroître l’efficacité, car « l’éthique permet la confiance, qui autorise de dire la vérité, condition du progrès » (O. Gélinier).

Les « chartes éthiques » contiennent : principes d’action, bonnes pratiques, engagements de l’entreprise. Elles sont de deux types : le type « anglo-saxon », (adopté par la SNCF), liste les obligations légales et professionnelles donnant lieu à contrôle de conformité et sanctions ; le type « européen », (adopté par EDF), considère au contraire que « l’éthique commence où s’arrête la loi qui impose ». La charte propose alors, sans les imposer, des valeurs et comportements recommandés pour progresser dans son métier et mieux vivre ensemble. S’y ajoutent des exemples de questionnement en conscience, sur des sujets comme la prévention de la corruption ou du harcèlement.

La cooptation de valeurs permet à des hommes d’appartenance philosophiques et religieuses différentes de mieux travailler ensemble, de parler de leurs raisons de vivre.

L’agence Wellcom a, en 2004, répertorié les 24 valeurs les plus revendiquées dans les publications d’entreprises françaises. Elles sont de quatre types : valeurs relationnelles (écoute, solidarité…), valeurs entrepreneuriales (initiative, responsabilité…), de conscience (intégrité, équité…), de compétence (qualité, rigueur…)

Ne figurent pas : l’humilité, le courage, ni même la reconnaissance, constamment réclamée par le personnel ! Du serment des rois à Reims : « je promets d’exercer la justice, la miséricorde, et de lutter contre le mal », ne subsiste que la justice.

C’est que notre époque se refuse à nommer le mal : comme le note Chantal Delsol, elle n’en est que plus sévère pour les coupables.

Elle voit aussi dans la justice une vengeance légale, ce qui exclut la miséricorde. Or, n’arrive-t-il pas que le par-don, don d’une nouvelle chance, régénère chez le coupable, et dans l’entreprise, confiance et espérance ?

Jésus Christ a admiré chez les « petits » – ceux qui font tourner nos entreprises – la miséricorde et sept autres « Béatitudes ». Si toutes trouvaient place dans l’éthique d’entreprise, ne rallieraient-elles pas les cœurs, et donc les énergies ? feuille

Jean-Paul Lannegrace

Note : Pour compléter l’article ci-dessus, on peut commander un Cahier de 20 pages : Repères, n° 13, Église Notre Dame de Pentecôte (01 47 75 83 25) intitulé « Éthique, déontologie d’entreprise et valeurs évangéliques ».

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