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Numéro 186 - Févier 2005
( sommaire )

Regarder, Écouter, Lire

Livre : Le christianisme, quel impact aujourd’hui ?

La collection « Questions de vie », dirigée par le pasteur Alain Houziaux, publie régulièrement de petits livres permettant de retrouver les débats entre les orateurs des conférences de l’Étoile. Ainsi Évangile et Liberté a reçu récemment Le christianisme, quel impact aujourd’hui ?

Sur ce thème, le cardinal Lustiger affirme qu’il existe une culture chrétienne universelle, née de la liberté donnée par l’Esprit à travers le baptême et appuyée sur la foi en l’incarnation du Fils de Dieu. Alain Duhamel retrace le rôle des religions dans l’histoire de l’Europe et au sein d’un état laïc. Pierre Joxe situe la problématique de leur expression aujourd’hui, y compris celle de l’islam. Olivier Abel se demande quel est l’apport de la religion face à la politique et à la culture : plainte tragique et morale ou promesse prophétique. Très dense et pouvant sembler un peu pessimiste, la contribution de Paul Ricœur retient particulièrement l’attention : l’auteur sent une tension exister entre la vocation des chrétiens qui tentent d’agir dans notre société non-chrétienne et celle de ceux qui s’isolent dans des communautés-refuges d’où ils apportent un témoignage prophétique. feuille

Bernard Félix

Le christianisme, quel impact aujourd’hui ? Ouvrage collectif sous la direction d’A. Houziaux avec O. Abel, A. Duhamel, P. Joxe, J.-M. Lustiger, P. Ricœur. Paris, L’Atelier , 2004, 119 p.

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Livre : Qumran : un roman sur les origines du christianisme

Lors des Journées libérales d’Agde 2004 consacrées aux origines du christianisme, quelqu’un a fait allusion au roman d’Eliette Abécassis intitulé tout simplement Qumran. C’est que ce livre, effectivement, est riche de toute une information fort bien fondée sur les problèmes que posent les origines du christianisme et sur les différentes hypothèses qui ont cours à cet égard. Certaines d’entre elles remettent d’ailleurs fondamentalement en question des croyances que l’on pouvait tenir pour acquises, par exemple sur l’originalité de Jésus. C’est à lire, ne serait-ce que pour s’en trouver agréablement informé.

Quand les textes de Qumran, dits aussi Manuscrits de la Mer Morte, ont été découverts, l’establishment chrétien s’est en général empressé d’affirmer qu’ils ne remettaient pas en cause ce que l’on savait de Jésus. D’autres, au contraire, se sont demandé si Jésus et ses disciples ne seraient pas issus de la communauté (on la qualifie volontiers de secte) des Esséniens qui vivaient justement sur le site aride de Qumran.

Eliette Abécassis a eu l’idée de faire de ces controverses la matière même de son roman, qui est presque un « polar ». Ary, son personnage central, est un jeune juif issu d’une yéshiva, l’une de ces écoles talmudiques particulièrement rigoristes et orthodoxes. Son père est un archéologue israélien, mais athée. Ensemble, ils se trouvent chargés de retrouver un rouleau de Qumran que des collaborateurs du Saint-Office pourraient voir dissimulé pour préserver la vérité catholique. Il y a des morts, de curieuses crucifixions, de nombreux rebondissements. On évolue dans le monde des archéologues, des congrès scientifiques, des chercheurs indépendants, et en même temps on ne cesse de rencontrer les milieux juifs les plus orthodoxes. Eliette Abécassis excelle à nous faire entrer dans les démarches de la mystique hassidique, avec ses danses confinant à l’extase. Et elle connaît l’art de tenir son lecteur en haleine, sauf dans les dernières pages où le récit tend à s’effilocher et se perdre dans des invraisemblances, à moins que l’invraisemblable ne soit ici une sorte de clin d’œil complice et narquois, une manière d’inciter son lecteur à garder ses distances envers tout ce monde d’hypothèses et de recherches. feuille

Bernard Reymond

Qumran. Paris, Le Livre de poche, 1998, 480 p.

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Livre : Une société en chantier

Ce livre de F. Vouga (professeur de Nouveau Testament à Montpellier puis en Allemagne) est une sorte de commentaire de l’épître aux Éphésiens de Paul, mais il n’est pas présenté de façon habituelle. Partant de l’idée souvent admise que cette épître n’est pas de Paul, mais a trouvé naissance dans une des premières communautés chrétiennes où Paul est passé, l’auteur met en scène une situation romancée, imaginant ceux qui seraient à l’origine de cette épître ; nous les suivons donc dans leur travail d’élaboration d’un texte théologique dans la lignée de l’enseignement qu’ils ont reçu de Paul.

Cette fiction a un avantage : elle permet d’abord de bien faire comprendre comment les choses ont pu se passer et comment des chrétiens fidèles à Paul ont pu, sans vouloir faire de « faux », élaborer un texte apocryphe. Ensuite, en imaginant le travail d’élaboration des auteurs de l’épître, nous découvrons ce qu’ils ont pu vouloir dire, la cohérence du texte, et les enjeux qu’ils ont pu vouloir exprimer.

Cela nous donne un livre facile et agréable à lire, qui comporte une apparente simplicité. Mais il ne faut pas s’arrêter à cela. C’est une véritable thèse, celle d’un des grands spécialistes du Nouveau Testament, sur la nature de cet écrit, sur sa fonction et sur son message, qui nous est donnée. feuille

Louis Pernot

François Vouga : Une société en chantier. Chrétiens au coeur de la mondialisation selon l’épître aux Éphésiens. Poliez-le-Gd, Éditions du Moulin, 2004, 90 p

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Cinéma : Religion d’amour

Une femme enceinte, en robe de mariée, qui attend un mari qui ne vient pas, seule devant une église déserte, dans un paysage désolé. Image contradictoire à tout point de vue.
Le mariage en blanc et à l’église relève du rite religieux. Le blanc de la robe symbolise la pureté de la jeune fille qui va se marier, symbole que l’évolution des mœurs dans nos sociétés a vidé de son contenu mais qui persiste envers et contre tout et en vient de ce fait à désigner autre chose, à savoir l’affirmation d’un changement de statut face à la société. Le besoin d’une telle affirmation doit être important : le prix d’une robe de mariée, qu’on ne porte en principe qu’une fois, nous permet d’en mesurer la force. Ici la mariée est enceinte ce qui souligne la contradiction.
Ensuite l’église. En principe elle est faite pour rassembler les fidèles. Vide, elle aussi perd sa raison d’être. Du rite proprement religieux ne reste plus rien, la religion est devenue une coquille vide pour désigner l’usage social. Mais même en tant que rite social, pour se marier il faut bien un mari. Ici, le père de l’enfant n’a pas tenu sa promesse, et le mariage n’a donc pas lieu.
Le paysage très pauvre, écrasé de soleil et de vent, souligne encore la désolation de la situation.
Mais loin de tout désespoir, Darlene réussit malgré tout à se bâtir une vie épanouie, à la force du poignet et avec celle de son cœur si plein d’amour, en se moquant des normes de la société, subverties par une énergie débordante. Acceptant le mariage avec un homme âgé, elle lui impose des amants successifs, installés sous le même toit avec les enfants qu’elle a avec eux. Des plans panoramiques des champs de canne à sucre où elle travaille dur avec d’autres tâcherons, des plans rapprochés des visages pleins de sueur et de poussière, ou encore des images intimistes à l’intérieur de la maisonnée, le film suit pas à pas la construction d’un univers où l’amour l’emporte, véritable religion de la vie. feuille

Waltraud Verlaguet

La vie peu ordinaire de Dona Linhares (EU, TU, ELES) de Andrucha Waddington, Brésil (2000), sorti en DVD multizone sept. 2001, v. f. en avr. 2003, distr en France par ID distribution, Paris, www.iddistribution.com.

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Disque : Les leçons de musique de J.-F. Zygel

La maison de disque Naïve a pris l’heureuse initiative d’éditer en DVD les « leçons de musique » dispensées par le pianiste-compositeur Jean-François Zygel.

En effet, depuis maintenant plus de sept ans, quelques chanceux pouvaient assister à ces cours ouverts à tous et se déroulant à la mairie du XXe arrondissement de Paris. Devant le succès de cette initiative, France Culture a accueilli ce concept sur son antenne. Mais aujour-d’hui, nous pouvons retrouver quelques-unes de ces leçons consacrées à Bartok, Chopin, Fauré ou Ravel.

Partant du constat que nombreux sont ceux que l’univers de la musique classique effraie en raison d’un manque de connaissances, J.-F. Zygel, jeune et brillant musicien s’inspirant des Young People’s Concerts de L. Bernstein, analyse sans aucune pédanterie et de façon vivante et didactique le langage de différents compositeurs.

Sa démarche trouve ainsi un équilibre entre le risque d’une trop grande technicité du propos et celui de la simplification facile. Excellent pianiste, il illustre son exposé d’exemples donnés seul au clavier, ou en compagnie d’autres instrumentistes, en fonction du répertoire abordé, permettant de ne pas perdre de vue que la musique demeure avant tout une source de plaisir pour l’auditeur comme pour l’interprète. En résumé, ces DVD intéresseront aussi bien le néophyte que l’amateur éclairé. feuille

Matthieu Baboulène-Fossey

La leçon de musique de J.-F. Zygel (Naïve) :
– Bartók (musique populaire et savante)
– Chopin (Chopin et la mélodie)
– Fauré (L’horizon chimérique)
– Ravel (Le jardin féerique) !

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