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Numéro 218
Avril 2008
( sommaire )

Agir

« Jeunes de banlieue » : des mots souvent synonymes de peur, de violence… Le travail de prévention est indispensable, non seulement pour aider des jeunes en souffrance, mais aussi pour toucher du doigt la richesse de graines de vie insoupçonnées.

Jeunes de banlieue

Le Foyer protestant d’Aubervilliers a créé en 1978 « À Travers La Ville » (ALV), un club de prévention avec maintenant 18 éducateurs de rue, qui, en cinq équipes, interviennent à Aubervilliers et à Pantin.

« Libre adhésion » et rencontre

Peinture murale et tags sur un mur de la banlieue parisienne. © Jean-Louis Bouzou - Fotolia.com

Peinture murale et tags sur un mur de la banlieue parisienne. © Jean-Louis Bouzou - Fotolia.com

Cette liberté du jeune est fondamentale pour que toute rencontre avec les éducateurs puisse tisser du lien. Il faut de la patience pour créer la confiance, repérer les difficultés, écouter toutes leurs demandes : échec scolaire, problèmes familiaux, conduites à risque ; pour les plus grands, emploi, logement, papiers… Ce sont les éducateurs qui se déplacent vers les cités, les rues, le bas des immeubles  ; faire ce chemin, c’est important comme de faire aussi un chemin d’adaptation : dans les années 1970, ALV accompagnait des 17-25 ans. Maintenant, cela commence à 8 ans. La moitié des jeunes suivis ont entre 10 et 16 ans. Ils sont quasiment tous issus des catégories les plus démunies : ce sont des familles où il y a 30 à 40 % de chômage. Les logements sont trop petits, souvent insalubres, les enfants préfèrent aller dehors où il y a de la place… On entend trop dire que les parents sont démissionnaires. Avant de les juger, il faut d’abord les aider eux aussi à se reconstruire, par exemple en les impliquant pour recréer des solidarités dans les quartiers, car, le plus souvent, le lien social est effiloché, les associations essoufflées, tenues à bout de bras par quelques bénévoles…

Transversalité

La diversité des lieux d’action laisse transparaître les nombreuses fragilités de ces jeunes : infirmière scolaire, assistante sociale, principal de collège, mais aussi juge des enfants, quand il y a eu « quelques bêtises ». Pour les plus petits, les parents sont les premiers partenaires. Le lien avec le milieu scolaire est essentiel, ne serait-ce que pour rencontrer les filles qui sont très peu présentes dans l’espace public. Elles ne représentent que le quart des jeunes rencontrés par ALV, ce qui ne veut pas dire qu’elles n’aient pas de problèmes. Mais elles restent à la maison, où il est difficile de les rencontrer ; plus grandes, elles vont ailleurs, à Paris, où elles ne sont pas surveillées par le frère, le cousin… Les éducateurs peuvent entrer en contact au collège par des ateliers d’écriture, de cinéma. Ils organisent des sorties : cinéma, piscine, sports, Louvre, week-ends et séjours pendant les petites vacances. Mais ces outils ne sont pas là que pour distraire. Les objectifs ne doivent pas être perdus de vue : faire un travail local dans la durée, mais aussi en profondeur, et cela sur un quartier donné, autour d’une même équipe de deux ou trois éducateurs, équipe qui doit rester stable au moins pendant deux ans. Avec les associations de quartier, de parents d’élèves, culturelles, sportives, la mission locale, il faut fabriquer du vivre ensemble, organiser des événements, des fêtes où les gens peuvent se connaître, se parler… Mais surtout, il faut que le jeune reste l’axe de toute action.

« Au plus près de son rêve… »

L’esprit d’ALV met le jeune au centre. Faire avec lui et non pas pour lui. Être à côté sans servir de tuteur. Il y a bien sûr des échecs, le lien n’a pas pris : c’est pour les éducateurs une source de questionnement, d’un intense travail d’équipe pour revenir sur chaque cas et s’évaluer. Rester humble est la grande leçon. Parce que chaque jeune a en lui une vraie envie ; il faut le conduire au plus près de son rêve. Si on ne pensait pas à cette graine de vie, à quoi bon ? Il faut aller chercher la pépite avec les yeux et les oreilles, confie le directeur d’ALV.

Créée par une communauté protestante, cette association est non confessionnelle. Si le message chrétien « travaille » avec ces jeunes, c’est en silence. Simplement parce qu’il y a 30 ans, une bonne nouvelle libre et gratuite a cru en eux sans autre contrepartie que de les aider à attraper leur rêve. feuille

Christine Durand-Leis

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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