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Courrier des Lecteurs
Dans le N°214
Dieu nous parle aussi dans lart
Jai beaucoup apprécié
cet éditorial du numéro dOctobre 2007. Il opère
une mise en cause roborative des éléments de notre foi.
Et cela est certes précieux, et une partie de moi, la partie
rationaliste, ne peut quapprouver.
Et cependant je ressens quil y a aussi autre chose parmi les
éléments fondateurs de la foi. Dieu nest pas seulement
une formule mathématique (mais il lest aussi). Dieu est
aussi cette entité insaisissable et quon peut approcher
par dautres moyens que la raison : par notre sensibilité,
quéveillent les symboles traditionnels. Ainsi je ne crois
certes pas à la relation de la naissance de Jésus. Mais
une part de moi y tient beaucoup. Le symbole est fort et il sest
enrichi de tout le poids de notre culture au fil des siècles.
Les peintres, les musiciens lont compris, en dehors de la raison
raisonnante, et leur message est fort.
Lart a investi le message et la chargé dun
poids précieux. Un rabotage de la tradition, certes, mais...
avec prudence. Nest ce point Calvin qui disait : « Dieu
ne se laisse pas enclore » ?
Jean-Robert Charles, Les Agettes (Suisse)
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« On » a trouvé ma liturgie trop libérale
Prédicateur laïc (durant
40 ans), comme Ivan Mikolasek, jai prêché jusquà
30 fois par an.
Pour la liturgie je partais de 2 constatations : 1- Javais
devant moi une grande majorité de parents et de grands parents
qui déployaient des trésors de patience et damour
pour leurs enfants et petits-enfants, et aussi pour dautres
; 2- Ils me disaient que cétait là leur «
religion ».
Le thème essentiel de ma liturgie était donc un grand
merci à Dieu pour tout ce que la foi en Lui nous a permis de
faire et aussi de subir. Ensuite, il est vrai que parfois nous navons
pas assez fait appel à notre foi. Nous devions donc aussi prier
Dieu pour que durant la semaine qui allait venir Il nous donne encore
plus de foi pour faire ce que nous aurons à faire, pour subir
ce que nous aurons à subir et aussi pour penser plus souvent
à Lui. Car cest notre foi qui est notre plus grande force
et notre rempart dans ce monde.
Par malheur un certain pasteur a assisté à un de mes
cultes. Depuis, certaines paroisses nont plus fait appel à
moi, et « on » avait fait une mise en garde auprès
du responsable régional des prédicateurs laïcs.
Pourtant dans mes prédications jai toujours fait attention
de ne choquer personne par des positions trop « libérales
».
En ce qui concerne la liturgie jai conscience dun certain
« bricolage » et je pense, comme Ivan Mikolasek, que ce
nest pas à nous mais à notre Église, réformée
et toujours à réformer, de lactualiser sans cesse.
Robert Meyer, Fabrègues
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Dépoussièrer nos cantiques ?
Voici encore une réaction à larticle de Christine
Durand-Leis (E &
L n° 212, octobre 2007).
Un grand merci à Christine
Durand-Leis pour son stimulant article intitulé Dépoussiérer
nos cantiques ?
Élevé dans la religion catholique, je suis venu au
protestantisme sur le tard. Ce qui na jamais cessé de
me déconcerter au culte, ce sont les chants. Mélodies
insuffisamment entraînantes, paroles qui justement ne me parlent
guère. Exception faite de 8 cantiques de R. Fau et de 10 de
Debaisieux.
Jusquici je me suis dit que cétait un peu normal,
je nai pas été bercé par ces chants dans
mon enfance. Mais quand je lis ce lumineux article, je me sens moins
seul.
Sil marrive de rechigner parfois à aller au temple,
cest justement à cause des chants, jamais à cause
de la prédication.
Donc, un grand merci !
Jean Beauté, Bouchemaine
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Et Christine Durand-Leis propose une conclusion (provisoire)
à ce débat.
Les réactions à «
Dépoussiérer nos cantiques » (n°
212) me permettent de rajeunir Louange et Prière, indûment
déclaré centenaire (1939). Et surtout délargir
un débat enrichi à point nommé par des articles
du numéro de novembre : A.
Gounelle sur la messe en latin, J.-M.
Kohler et F. Keller sur la liturgie des cultes réformés.
Les cantiques peuvent et doivent faire lobjet dune réflexion
particulière que jai tenté desquisser. Ne
serait-ce que parce quils sont le seul moment où lassemblée
prend la parole
Réflexion au niveau musical : pas nécessairement
pour « faire moderne
avec guitare, sous prétexte
dattirer les jeunes ». Ce nest pas dabord
une question de génération, mais de faire communauté
parce que tous chantent et comprennent. Et certaines mélodies
récentes écrites par les musiciens professionnels, sans
remettre en question leur qualité, sont difficilement accessibles
à tout un chacun.
Or, les articles cités du numéro de novembre ainsi
que les courriers reçus pointent plutôt le contenu, des
« paroles qui ne me parlent guère ». Cest
un double défi vers lintérieur et vers lextérieur.
La messe en latin renvoie non seulement à lcuménisme
mais aussi à lexpression en langue familière,
pilier de la Réforme. La question « pour lintérieur
» est la suivante : certes nous (mais quel « nous »
?) sommes historiquement, culturellement, sentimentalement attachés
aux chants traditionnels, à ces psaumes, rappel dun temps
où « brailleur de psaumes » était synonyme
de protestant. De là à souhaiter que le Psautier français,
même avec paroles rafraîchies, soit « le recueil
commun à toutes les paroisses réformées »
Il y a risque que ce « nous » ne puisse entendre venir
de lextérieur que ces mêmes psaumes, pour être
chantés par de nouveaux fidèles, « ne parleraient
quaprès une exégèse un peu sourcilleuse
». Pour les cantiques, comme pour la liturgie, savons-nous encore
parler une langue simple qui ne soit pas du « latin réformé
» ? La Semper reformanda souvent hardie et novatrice dans sa
théologie fondamentale ne se fabrique-t-elle pas une «
tradition » faute de se pencher sur la liturgie et les chants
déglise ? Des personnes en recherche se tournent souvent
vers le protestantisme à cause de son caractère un peu
« iconoclaste » : ne seront-elles pas déçues
davoir à chanter « Que ta main me dispense joie
ou douleur ? » (Prends ma main dans la tienne) ? Si lon
peut écrire dans les livres que Dieu nest pas lenvoyeur
du Mal, ne peut-on pas le mettre aussi sur des notes de musique ?
Christine Durand-Leis, Paris
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