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Numéro 214
Décembre 2007
( sommaire )

Agir

Noël est le moment qui suscite le plus d’émotion en prison, à la fois pour les prisonniers et pour ceux qui les visitent à cette occasion. Jeannie Persoz raconte l’expérience qui l’a conduite à devenir visiteuse de prison.

Noël en prison

Noël en prison : « Le 25 décembre, c’est le jour le pire en prison, surtout chez les femmes », m’a dit un surveillant. Un aumônier, lui, m’a dit : « Noël en prison, c’est très dur. Noël, c’est la fête de la famille. Les détenus sont loin de leurs proches, de leurs enfants. Pâques, c’est plus facile ; c’est le printemps, la renaissance, la conversion, l’espérance. »

Nous sommes quelques membres des paroisses réformées voisines de Fresnes à participer aux célébrations de Noël organisées par les aumôniers protestants, à la Maison d’Arrêt des Femmes (MAF) et à la Maison d’Arrêt des Hommes (MAH).

Nous sommes accompagnés par une chorale évangélique de Montreuil, qui chante des gospels et qui est très appréciée des détenus.

C’est une occasion pour nous de pénétrer dans la détention, de subir les contrôles, de franchir les grilles, d’entendre le cliquetis des clés, de voir les surveillants ouvrir les portes des cellules. Nous sommes convoqués plus d’une heure avant la célébration, tellement l’entrée d’une trentaine de personnes, en outre avec des instruments de musique, prend de temps !

30 à 40 détenues chez les femmes (elles sont 90 à la MAF), 80 à 100 détenus chez les hommes (ils sont 2 400 à la MAH), participent à ces célébrations.

Généralement ces détenus fréquentent les réunions organisées par les aumôniers. Ils ne sont pas tous des chrétiens pratiquants, mais la participation à ces réunions est une occasion de sortir de leurs cellules. De plus, l’incarcération engendre un besoin de retour sur soi, de réflexion, de partage de ses problèmes, ainsi que des aspirations spirituelles et/ou religieuses. Ils ont été prévenus de la date de la célébration, ont demandé à y assister pour ne pas manquer cette occasion de sortir et de vivre un moment de fête.

Les célébrations comportent des lectures, des chants de la chorale et de l’assemblée, des prières. De grands cubes circulent parmi les détenus, sur lesquels ils inscrivent leurs prières dans leurs langues (il y a 30 % d’étrangers à Fresnes). Celles-ci seront reprises dans nos paroisses le jour de Noël, portées par nos communautés, franchissant ainsi les murs de la prison et symbolisant la solidarité entre l’intérieur et l’extérieur.

Voici deux exemples des moments les plus forts : la récitation du Notre Père, successivement dans plusieurs langues ; un chant africain entonné par un aumônier d’origine africaine, occasion pour certains détenus de s’exprimer dans leur propre culture et de communier avec l’aumônier.

Des larmes viennent aux yeux, surtout chez les femmes, parfois aussi chez les hommes. Certains surveillants suivent le déroulement et semblent émus eux aussi.

Nous apportons aux détenus quelques menus cadeaux : un calendrier offert par l’Armée du Salut, très présente en prison, des friandises, une jacinthe. Chez les femmes, nous pouvons leur offrir des gâteaux faits maison : elles ne peuvent plus en déguster et apprécient particulièrement les gâteaux au chocolat ! Il y en a toujours trop, mais il est important d’en distribuer aux surveillantes et d’en garder pour les détenues qui n’ont pas pu venir.

Nous pouvons converser un peu avec les détenus, surtout avec les femmes, parce qu’elles sont moins nombreuses et que la surveillance est plus souple.

Quelques détenues nous ont demandé si nous reviendrions les voir, elles ont manifesté leur soif de rencontres, de visites, surtout les étrangères éloignées de leurs familles. Et c’est ainsi qu’à la suite des célébrations de Noël, je suis devenue visiteuse à Fresnes, il y a plus de cinq ans.

Je terminerai par ce témoignage de Christian Chesnot qui fut otage en Irak durant plus de quatre mois. Dans une récente émission de télévision du dimanche matin, il a expliqué que la prière, le dialogue avec Dieu, était un moyen pour le détenu de retrouver sa dignité.

« La prière a été notre étoile dans les ténèbres. Elle nous a sauvé la vie. » feuille

Jeannie Persoz

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