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Numéro 202
Octobre 2006
( sommaire )

éditorial

Le pape voulait montrer qu’ « agir de manière déraisonnable est contraire à la nature de Dieu», comme l’est notamment l’usage de la violence pour diffuser la foi.

Oui, le Pape a raison ! La foi est un acte de liberté que nul ne peut contraindre. C’est par la foi que nous nous affirmons comme des être libres, celle-ci étant toujours une foi malgré tout, en dépit des absences de preuves la rendant obligée. Pour convaincre, point besoin d’armes ni de menaces.

En matière d’usage de violence pour la bonne cause, le christianisme est loin d’être en reste… Les huguenots français en savent quelque chose. Pourquoi Benoît XVI s’est-il référé aux propos d’un Empereur byzantin du xive siècle, sinon pour perpétuer une image négative et blessante de l’Islam ?

On peut se demander si la violence verbale dont fait preuve le Pape ne vient pas contredire ses appels aux relations désarmées. C’est oublier que Benoît XVI est toujours Ratzinger, un théologien savant, fin connaisseur des sujets doctrinaux de l’Eglise catholique romaine et grand pourfendeur de son ennemi de toujours : le pluralisme (les Lumières et le protestantisme libéral ne sortent d’ailleurs pas non plus indemnes de ses récents propos). Pour Benoît XVI, trop apprécier et encourager ce pluralisme expliquerait l’affaiblissement de la foi chrétienne et la place laissée à l’Islam qui, lui, ose condamner et dénoncer.

On pourra regretter la facile instrumentalisation par certains musulmans de ce qui tendrait à montrer la méchanceté de « l’Occident » envers l’Islam. Certains vont même se réjouir qu’un Pape dise ce que peut-être beaucoup pensent tout bas : l’Islam a ses lumières, son usage éclairé de la raison critique, mais où brillent-elles aujourd’hui sur la scène du monde ?

De tous côtés, la polémique laisse un goût amer. La réflexion du Pape est juste, mais elle vaut pour tout le monde. C’est bien le religieux lui-même qui doit être continuellement régulé, mis en critique, repensé, pour éviter qu’il sombre dans le dogmatisme et l’intransigeance. La leçon est juste, mais la référence au vieil empereur est de trop et lui fait rater ce qui aurait été sa plus belle cible : la religion dans sa folle prétention à régenter le monde entier. feuille

Raphaël Picon

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