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Numéro 199 - Mai 2006
( sommaire )

Vivre

Pas l’temps

C’est un paradoxe maintenant connu : gagner du temps, ne nous donne pas plus de disponibilité. Il semble que plus on en dispose, et moins on en a. La poste (quand elle fonctionne) distribue le courrier plus rapidement, les communications orales et écrites s’intensifient, les trains, les voitures accélèrent et nous font gagner du temps, que nous occupons aussitôt à autre chose !

Le luxe, c’est de perdre du temps, de s’autoriser à ne rien faire. « L’important c’est de buller », me disait récemment une amie. Juste jouir du temps qui passe, être là à sentir, rêver, contempler. Pour ceux qui sont pris par l’urgence du temps à gagner, ne rien faire devient presque une ascèse, comme manger plus de légumes, monter à pied les escaliers du métro, ou apprendre à respirer profondément. Une discipline en quelque sorte : celle de ne rien faire. Et comme dirait Raymond Devos : « Faut l’faire ! ». Loin du temps qui passe comme un ennui à subir, où s’égrainent péniblement les minutes du vide, de l’absence ou du rien, je croise, et j’en suis, une foule d’hommes et de femmes, jeunes et moins jeunes qui se forcent au rien. Ils appellent ça « lâcher-prise », « vide intérieur », « disponibilité à l’imprévu ». Une véritable aventure spirituelle. Dommage ! Même le culte ne nous laisse pas de répit dans sa succession souvent trop pressée de chants, de lectures et de prières. Quelle place au silence, à la méditation silencieuse ou musicale ? « Comment, auraient clamé nos parents, tu ne vas pas rester là à ne rien faire ! », « La vie est trop courte pour être gâchée » ou « trop précieuse comme don de dieu pour être inutilisée dans une vacuité malsaine ».

Je milite pour un éloge de la vacuité, pour la promotion d’une mystique protestante, pour une théologie de la contemplation, ou la pratique de la chaise longue sous son pommier. Chacun saura trouver la forme qui lui est la plus ajustée. Juste pour sentir, contempler et rendre grâce pour le temps précieux qui passe, offert, pour rien. Pour toi, pour moi. feuille

Jean-Paul Sauzède

(écrit dans le TGV, je n’avais plus le temps !)

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