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Numéro 197 - Mars 2006
( sommaire )

Croire

Ces lignes, écrites par Alberrt Schweitzer à celle qui deviendra sa femme (voir recension p. 14), sont rédigées sur le ton de la confidence, presque de la confession, par un homme de moins de 30 ans.

« Je crois parce que j’agis »

Dimanche après-midi, le 6.9.03, à ma table de Gunsbach

C’est étrange : je comprends mieux les paroles de Jésus depuis que j’entends ce grand rire qui devait les accompagner. Il y a quelque chose de ce rire dans Jenseits von Gut und Böse (Par-delà le bien et le mal de F. Nietzsche, N.D.L.R.), qui est le nouveau testament de la fierté de l’homme, cette fierté qu’on voulait étouffer. Il y avait quelque chose de l’esprit du Christ en Nietzsche. C’est un sacrilège de dire des choses pareilles ? Tant pis, c’est vrai quand même ; après tout, il n’y a que les blasphèmes qui soient vrais. Mais il lui manquait d’agir, c’est pour cela que sa « fierté » a tourné en cage comme un lion enfermé, alors qu’elle aurait dû sortir de son antre et abattre sa proie. Finalement, cette fierté se lacéra elle-même. Mais il était noble, cet homme : s’il avait vécu vingt siècles auparavant, il serait devenu un Saint Paul. (p. 86-87)

Albert Schweitzer âgé d’environ 30 ans. Photo DR

Albert Schweitzer âgé d’environ 30 ans. Photo DR

Vendredi, 25 septembre 1903, au Stift, 9h du soir

Que Dieu me guide et me bénisse ! Cela dit, je voudrais bien savoir ce qu’est ce Dieu que j’invoque. Existe-t-il ? Quel est cet esprit qui me force à marcher, moi qui ne suis pas un naïf, mais un être critique, moi qui ne suis pas un « humble », mais un « fier »… Que sais-je ? Marchons ! L’esprit qui me parle est une réalité, la seule réalité surnaturelle qui existe vraiment pour moi. Le reste n’est que symbole, dont le sens tient à un seul fait : je crois parce que j’agis. L’action est pour moi le fait primordial – et en agissant je veux être humble et fier à la fois, vrai comme l’acier tranchant. (p. 90-91)

Le 15 mars, la nuit, méditations en chemin de fer

L’athéisme ne serait-il pas, lui aussi, une religion ? La plus belle et la plus difficile, celle qui vient faire suite à la religion du Christ ? Au moment de mourir, n’a-t-il pas dit : « Mein Gott, mein Gott, warum hast Du mich verlassen ? » (« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Marc 15,34, N.D.L.R.) Il est donc mort en athée ? Qui a le courage de penser cette idée jusqu’au bout ? (p. 129)

Strasbourg, samedi soir, 26 février 1905 au Stift

Je veux me délivrer de cette vie bourgeoise qui pourrait tout tuer en moi. Je veux vivre, agir comme un disciple de Jésus. (p. 167)

Albert Schweitzer

 

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