1. Les chrétiens turcs et lEurope
La Turquie très majoritairement musulmane sera-t-elle soluble
dans le « club chrétien » européen ? Oui,
répond, dans lhebdomadaire anglican Church Times, le
révérend Stephen Griffith, représentant de larchevêque
de Canterbury auprès dÉglises orthodoxes du Moyen-Orient.
Les chrétiens de Turquie, souvent malmenés dans lhistoire,
ont intérêt à ce que leur pays rejoigne lEurope.
A commencer par les Arméniens, que certains opposants à
lentrée de la Turquie dans lEurope tentent dutiliser,
en rappelant les massacres dont ils ont été les victimes
entre 1895 et 1915 et que les Turcs ont tendance à oublier
! Or, paradoxalement, les Arméniens sont actuellement le groupe
de chrétiens qui augmente le plus vite en Turquie, de nombreux
réfugiés quittant depuis une dizaine dannées
la République arménienne pour sy installer, même
illégalement ; alors que le départ des chrétiens
sest accéléré dans dautres régions,
prenant même lallure dune hémorragie depuis
vingt-cinq ans. Un exil dû au PKK qui a terrorisé le
sud-est du pays jusquau cessez-le-feu de 1999 et à lemprisonnement
du chef kurde. « Tout le monde savait que les meurtres de chrétiens
étaient le fait de Kurdes extrémistes mais la police
était à la fois incapable et peu désireuse denquêter
sur ces assassinats », écrit le révérend.
La population chrétienne a vécu dans le désespoir
ces années-là et dans la région, le nombre de
chrétiens est passé de 20 000 à 2000 ! Il aura
fallu la pression de lUnion européenne et le lobbying
des Églises pour que leur situation saméliore
et que lexode soit endigué. Certains émigrés
sont même revenus, des relations entre autorités religieuses
et civiles se sont nouées dans le sud-est turc. Les chrétiens
turcs, vivant en Turquie ou à létranger ne voient
que des implications positives à ce que leur pays adhère
à lEurope. En attendant les Turcs, chrétiens ou
non, sont toujours plus nombreux à visiter les monastères
et autres sites chrétiens anciens du sud-est turc.
2. Nos racines chrétiennes sont en Turquie
Mesrob II, patriarche de lÉglise apostolique arménienne
turque, fondée au IVe siècle et aujourdhui la
communauté chrétienne la plus importante en Turquie,
a appelé à soutenir ladhésion de la Turquie
à lUnion européenne. Mais dabord, demande
le patriarche, il faut poser comme lune des conditions préliminaires
lamélioration des droits concédés aux 100
000 chrétiens turcs alors que pressions et discriminations
pèsent toujours sur eux et leurs institutions. Ainsi, le patriarche
cuménique (primat orthodoxe) de Constantinople na
jamais pu obtenir lautorisation de rouvrir son séminaire
théologique fermé arbitrairement en 1971, ni de faire
les réparations indispensables à ses 72 églises
dIstanbul. Pour les Nouvelles cuméniques lévêque
catholique et vicaire apostolique pour lAnatolie rappelle que,
pendant des siècles, la Turquie fut le centre de la chrétienté
: « Nos racines chrétiennes sont en Turquie où
les apôtres Paul et Luc sont nés. Cest là
que le Nouveau Testament a été en grande partie élaboré,
là que se sont tenus sept des premiers conciles de lEglise
chrétienne, là qua pris forme le Credo. »
La Commission des évêques catholiques de la Communauté
européenne avait déjà en novembre 2004 exprimé
son appui à ladhésion de la Turquie en précisant
que « lon ne peut invoquer dobstacle de nature religieuse
au fait quun pays à majorité musulmane veuille
entrer dans lUnion », mais que la Turquie ne respecte
toujours pas les critères dadmission à lUnion,
dont les droits fondamentaux : égalité du statut des
femmes, liberté dexpression et dassociation, liberté
religieuse et statut juridique des minorités.
Lapartheid est « hérétique »
LAlliance réformée mondiale a posé à
lÉglise sud-africaine Nederduitse Hervormde Kerk comme
condition à sa réadmission, de reconnaître que
son soutien à lapartheid était « hérétique
». Cette Église « blanche » avait été
exclue en 1982, parce quelle soutenait théologiquement
le régime raciste sud-africain. La NHK devra convaincre les
Églises réformées, à commencer par celles
dAfrique du Sud, quelle rejette ce système «
pleinement et totalement » et reconnaître publiquement
que « lapartheid est un péché et que la
justification biblique et théologique utilisée pour
le soutenir est hérétique ». La NHK doit aussi
entreprendre un processus de réconciliation dans le pays. En
2007, rendez-vous lui est donné pour constater son évolution
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