Le monde baigne dans le Rien qui
est lOuvert,
le Tout Autre, lumière, bercement, veille.
Le monde perdure, précaire et insignifiant, par une grâce
incompréhensible comme si une promesse, venue dailleurs,
conduisait son histoire. Sa beauté lui vient de sa vanité
offerte pour rien au Rien.
Lhomme est soumis à une exigence de gratuité et
damour qui soppose à sa propension naturelle au profit
et à la sécurité.
La figure du Christ, telle que je laperçois dans la méditation
de la Croix, mobsède et symbolise pour moi cette Exigence.
Jaime le Christ dune manière personnelle et passionnelle.
Le Christ incarne et manifeste le destin du peuple juif qui a vécu
lexigence du nomadisme et du tragique jusquà son
écartèlement.
Le Christ annonce que tout homme est gracié bien quinjustifiable
: tous les hommes ont la même valeur parce quaucune échelle
de valeurs ne pourrait les différencier. Tout homme, de la même
manière, est chaque jour sauvé de la mort (baptême)
et tributaire dune vie qui lui est offerte (eucharistie).
Je suis appelé à renoncer à toute force, à
tout souci de moi et à toute confiance en moi-même pour
vivre le consentement au hasard et à linsignifiance, lattention
aux hommes, la contemplation de la Croix et de la bienveillance divine.
par Alain
Houziaux, Paraboles au quotidien (Cerf)