La « carte blanche » dÉdith
Lounès («
Peut-on rendre le culte attractif ? », Évangile et
liberté n° 185, janvier 2005) a suscité des
réactions. En voici trois :
Jai énormément
apprécié le billet dhumeur (rubrique « carte
blanche ») de Madame Édith Lounès au sujet des
cultes à rendre plus vivants. Je pense en effet vraiment que
le rituel, les couleurs et les gestes peuvent exprimer des choses
pour lesquelles les mots sont totalement inopérants. Elle a
raison aussi quand elle dit que souvent les pasteurs prêchent
sur certains problèmes de façon, hélas, «
politiquement correcte ».
Frédéric Fournier, Arles
Je voudrais exprimer mon plus
vif désaccord avec les opinions dÉ. Lounès
sur le culte réformé. En effet je suis allé chez
les catholiques romains autant que chez les évangéliques
et je nai pas trouvé « leur » louange plus
« attractive » que la « nôtre ».[
]
Il y a beaucoup de grandeur dans la célébration traditionnelle
du culte réformé, un recueillement et un dialogue avec
Dieu qui me sont irremplaçables. Et les chants ! Cest
comme ça mais le « bricolage » de trop de cultes
« contemporanéisés » me laisse sur ma faim,
me plonge dans une sorte de déréliction.
Il y aurait beaucoup à expliquer sur lutilité
pour les pasteur(e)s de revêtir la robe pastorale. Mon culte,
ce nest pas une réunion du Rotary Club local. Serais-je
un « traditionaliste » ? Je ne le crois pas. Fidèle,
par contre, oui.
Merci
Christian Lecomte, Montpellier
Peut-on rendre le culte attractif
? Poser ainsi la question, cest prendre les choses à
lenvers. Le culte rassemble les fidèles autour le la
Parole afin que la présence de Dieu sy fasse sentir dans
le cur de chacun. Il est une occasion régulièrement
offerte de rencontre avec Dieu. Jésus nous la promis
: « Là ou deux ou trois sont réunis en mon nom,
je suis au milieu deux. » La question se trouve dès
lors déplacée : « Allons-nous au culte avec le
désir de rencontrer Dieu ? » Pour que la rencontre ait
lieu, il faut ce désir. Je ne dis pas que la qualité
de la liturgie ou de la prédication na pas dimportance.
Mais je sais que même si elle nest pas exceptionnelle,
il arrive quune parole, une phrase, un silence et là,
je renvoie au bel article de Bernard Félix dans le même
numéro me touche au point sensible, me « parle
», et je sais bien que ce nest pas le fruit dune
recette de rhétorique ou danti-rhétorique, mais
bien luvre de Dieu. Tout ne dépend pas de nous.
La grâce, cest aussi au culte
Le culte parle, cest vrai, il parle même beaucoup. La
parole humaine y prend le relais de la Parole de Dieu. Elle a ses
faiblesses, elle repose sur des compétences variables, mais
elle a aussi cette force de sappuyer sur lautre Parole
: pour la lire, pour la commenter, pour la proclamer, pour la paraphraser,
pour la prier
Il vaudrait la peine de réfléchir
sur les fonctions linguistiques de la parole dans le culte, elles
sont extrêmement variées. Faut-il du silence ? Bien sûr,
car le silence est lui-même une parole, il laisse résonner
la Parole dans lintériorité. Et il y en a dans
nos cultes, il y en a toujours eu. Faut-il des gestes, des «
signes » (en dehors des sacrements) ? En vérité,
la liberté est grande (Dieu merci !) et il arrive quon
invente en telle ou telle occasion des gestes vrais, qui sont comme
un autre langage. Mais il faut quils répondent à
une nécessité interne, quils ne soient pas introduits
précisément pour rendre le culte attractif. Quant à
la musique, langage si important dans nos cultes, je préfère
ne pas laborder dans ces quelques lignes
Ne soyons donc pas complexés ! Je puis témoigner que
dans ma paroisse arrivent chaque année un certain nombre de
personnes, étrangères au protestantisme et même
parfois au christianisme, qui nous disent : « Cest exactement
ce que je cherchais. Je le cherchais depuis longtemps et sans savoir
où le trouver. Surtout ne changez pas ! » Oui, la Parole
passe. Il faut juste quelle napparaisse pas comme réservée
à un club, quil y ait dans nos cultes cest-à-dire
aussi avant et après un peu de chaleur humaine et damour
fraternel. Car si nous navons pas lamour, ce nest
pas la peine daller au culte ni même de faire un culte.
Sylvie Franchet dEspèrey,
Paris, ERF Paris-Batignolles