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Numéro 185 - Janvier 2005
( sommaire )

Billet

 

Laisse ta kalachnikov au vestiaire… et va apprendre à lire !

Le témoignage bouleversant d’une jeune fille engagée comme enfant-soldat a été présenté récemment à la télévision. Je remonte vingt-cinq ans en arrière. Me voici à N’Djamena, au Tchad, en pleine guerre civile. Un garçon d’une douzaine d’années pointe sa kalachnikov sur mon abdomen : « Patron, donne moi 100 F » (CFA). En monnaie actuelle, il me réclame un peu moins de 50 centimes alors qu’il tient dans les mains une arme qui vaut 500 euros. Le fusil automatique est chargé ; le cran de sûreté n’est pas mis ; je pense à ma femme et à mes trois enfants et j’obtempère tout de suite. Vous reconnaîtrez que, si ma tête est loin de valoir autant que celle de Ben Laden, elle peut tout de même être estimée à un peu plus de 50 centimes ! Je demande : « Que vas-tu faire avec cet argent ? » « M’acheter de la galla ». Il s’agit de la bière locale, fabriquée par la seule usine qui fonctionne encore, sous la protection de tous les belligérants, pour une fois d’accord !

La presse ne parlera jamais suffisamment du drame soulevé périodiquement par l’enrôlement d’enfants-soldats un peu partout dans le monde. Si mon histoire se termine bien, combien de femmes et d’enfants ont été massacrés sur le sol africain ou ailleurs à cause d’individus sans aveu qui n’hésitent pas à employer des garçons ou des filles à un âge où ils ne peuvent pas être considérés comme responsables de leurs actes. Les romains, qui avaient pourtant la main lourde avec leur paix armée, n’hésitaient pas à proclamer « Maxima debetur puero reverentia », le plus grand respect est dû à l’enfant.

Les témoignages abondent. Comment oublier les scènes d’horreur où des enfants ont joué à la fois le rôle de victimes et de bourreaux ? Comment peut-on retrouver un équilibre après avoir vécu au milieu des massacres ethniques, dans un monde où la vie humaine n’a aucune valeur ? Le droit d’ingérence ne devient-il pas un devoir ? N’est-il pas nécessaire que les instances internationales interviennent par tous les moyens légitimes, y compris l’usage de la force au service du droit ?

La maîtrise de la violence dépend de chacun de nous. La violence prend sa source dans la vie quotidienne. Elle commence à la table de famille, au lit conjugal, à l’école. Des éclats de voix, on passe à des gestes trop vifs. Contrôler nos pulsions, mesurer nos propos dans la famille, au travail, dans la cité, dans les paroisses et les synodes, n’est-ce pas un début pour désarmer les conflits ? La morale laïque, qui est souvent un simple démarquage de l’éthique chrétienne, nous enseigne à respecter la dignité humaine et nous invite à manifester notre solidarité non seulement avec les nôtres, ce qui n’est pas toujours le plus facile, mais aussi, autant qu’il est possible, avec toutes les personnes que nous rencontrons sur notre route. feuille

Philippe Vassaux

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