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Numéro 176 - avril 2004
( sommaire )

Débattre

Quel Christ ?

Faut-il partir de l’évidence de nos acquis bibliques et théologiques, voire idéologiques ? Faut-il se lancer tout de suite dans la confession de ce Jésus-Christ, et dans l’implication de sa présence dans nos vies ? Ou ne faut-il pas préalablement nous questionner sur ce que nous croyons ou ne croyons pas, ou n’arrivons plus à croire, de ce Christ ? Entreprise ni seulement biblique ni seulement théologique pour recenser les manières de parler de Jésus-Christ, de comprendre ses titres, d’analyser sa mort et sa résurrection, de concevoir sa personne, son rôle, sa nature, son avenir… mais entreprise également spirituelle et psychologique pour faire état de tous les doutes, de toutes les questions, de toutes les incertitudes qui nous ont assaillis à travers nos études, lectures, prédications, conférences, discussions sur le Christ Jésus. Alors d’où partir pour parler du Christ ?

Pourquoi ne pas partir de nous-mêmes, sujets de la foi en lui et des questions sur lui ? Chacun de nous n’a-t-il pas une figure christique en lui-même, non dans un sens égoïste, mais dans le sens où, la foi se vivant dans l’histoire et dans le temps, cette figure chemine en nous pendant tout le cours de notre vie ; figure esquissée, dessinée, parfois abîmée, perdue, cachée, déconstruite, retrouvée… de la même façon que tout cela s’est aussi passé au niveau des communautés, des Églises, et du christianisme dans son ensemble. Alors nous pourrions retracer, de manière un peu schématique, un parcours marqué par des étapes.

La première serait par exemple celle de la première image qui s’est imprimée en nous. Jésus guérissant un lépreux, Christ d’un porche roman, homme recevant le baptême ou montant au ciel… parole et musique émouvante d’un cantique, quelle a été la scène primitive de notre foi ? La première rencontre sensible ? Quel a été ce Jésus-Christ qui, de manière consciente ou inconsciente, a eu autorité sur notre cœur d’enfant et nos premières « bonnes actions » ?

Mais, seconde étape, comment l’avons-nous mieux connu, quel a été le Christ de notre apprentissage : Jésus selon quatre évangiles, Jésus-Christ présenté par la grande entreprise dogmatique chrétienne ? Comment avons-nous reçu ou recevons-nous le Christ du christianisme, de l’orthodoxie chrétienne, dans ses variantes confessionnelles ? Accord ou désaccord, lui trouvons-nous aujourd’hui un intérêt intellectuel et spirituel au point de l’expliquer encore à nos enfants ? Opposons-nous ou harmonisons-nous ce Christ au Jésus des évangiles ?

Ceci nous conduit à une troisième étape : celle de la critique. Car un jour ou l’autre le Christ appris est mis en question, soumis au doute, à l’examen. Le simple travail de la raison, interrogeant la crédibilité des dogmes chrétiens, et même des récits évangéliques, ou encore tous les outils fournis par les sciences bibliques, les sciences humaines, ne font-ils qu’ébranler de vieilles croyances ou de vieux dogmes ? N’atteignent-ils pas le cœur même de notre foi en Jésus-Christ ? Sur quoi s’appuie la foi quand presque tout ce sur quoi elle s’appuyait traditionnellement est déconstruit ? La figure du Christ en nous n’est-elle pas comparable à un miroir brisé qui affole notre existence tout entière ?

Ces questions nous entraînent alors vers la quatrième étape, qui peut être pour certains celle de la reconstruction, pour d’autres celle de spéculations théologiques inédites, ou encore celle d’un renoncement théologique en faveur de la seule éthique humanitaire ou sociale. Pourtant une ultime question ne cesse de nous tarauder : est-ce Lui cet inconnu qui nous rejoint quand même au bout de ce chemin ? Plus inconnu que jamais peut-être, mais aussi plus intime que jamais : rabbi racontant des histoires et soignant nos plaies, aimant les pauvres mais aussi les riches, sage et juste comme un véritable craignant-Dieu, sûr d’un règne qui vient, frère tellement humain qu’il a traversé tous les siècles à nos côtés !

Alors dans notre vie ne prend-il pas, cet intime inconnu nommé messie, l’autorité de l’ami véritable devant Dieu ? Et n’a-t-on pas de ce fait l’envie de faire de nouvelles présentations, au cœur du monde dans lequel nous vivons en sa présence ? feuille

Florence Taubmann

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