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Numéro 173 - janvier 2004
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De la vérité historique... L'exemple d'Henri IV

Le baptême d’Henri de Navarre a fait partie de ces erreurs : né le 13 décembre 1553, et non le 14 comme on l’a dit, l’enfant est baptisé en janvier 1554, et non en mars, autre erreur.

450 ans plus tard quelle importance attacher à une différence de jour ou de mois ? Celle de toute histoire familiale à respecter, et celle de l’exigence scientifique de l’Histoire, pour une date de naissance ou de bataille.

Après le baptême, combien d’autres légendes et erreurs fleuriront autour d’Henri de Navarre, enfant vif et intelligent, puis autour d’Henri IV responsable de ses choix, resté fidèle à une rigueur toute huguenote, jusqu’à sa dernière abjuration de 1593.

« Dernière », car que d’encre mêlée de fiel pour les uns, de moqueries pour les autres, a coulé autour des abjurations d’Henri, sans jamais aller jusqu’au bout des textes ou sans reprendre la chronologie de ces abjurations : 1560, 1562, 1563, 1572, 1576, 1593.

Six changements de religion – Pourquoi ? Jeanne d’Albret, convertie à la Réforme à Noël 1560, élève Henri, né « catholique » dans la nouvelle religion, face à son époux Antoine de Bourbon qui, hésitant, finira par choisir, avec le parti des Valois, le catholicisme. En effet en 1562 il enlève Henri pour le confier à la cour où désormais l’enfant assistera à la messe, contraint et forcé.

 

<i>Honor&eacute; Daumier : &quot;Une                 s&eacute;ance de l'Union &eacute;lectorale&quot;</i>

Honoré Daumier : "Une séance de l'Union électorale"

À la mort d’Antoine de Bourbon, en 1563, Jeanne d’Albret n’a de cesse de retrouver Henri qu’elle ramène en Béarn, et qu’elle éduque à nouveau dans la Réforme. Ce nouvel épisode huguenot, vécu pleinement et de toute bonne volonté par Henri, se poursuit jusqu’en 1572 : les « noces vermeilles », le 18 août, du prince de Navarre avec sa cousine Marguerite de Valois catholique, n’entament pas la position réformée du prince ; noces que Jeanne d’Albret a dû accepter, mais qu’elle ne verra pas, morte en juin 1572, de maladie et non d’empoisonnement, comme on s’est plu à le dire. Une semaine plus tard, le 25 août, au massacre de la Saint-Barthélemy, Henri de Navarre est épargné, davantage grâce à son rang à la cour, que grâce à son abjuration comme on l’a colporté. Mais s’il a été prudent de revenir, apparemment, au catholicisme, Henri n’en est pas moins prisonnier de la cour, et le reste jusqu’en 1576. Cette date importante voit la cinquième abjuration du nouveau roi de Navarre : cette même année, sans doute avec des complicités de Ligueurs, Henri s’échappe et chevauche vers le sud, s’arrête à Niort, et là revient à la Réforme, publiquement et officiellement, seul responsable de ce choix dont il dira « la religion se plante au cœur des hommes par la force de la doctrine et de la persuasion, et se confirme par l’exemple de vie et non par le glaive ».

Cet « exemple de vie » est dès lors la conduite d’Henri devenu roi de France en 1589, roi huguenot que le XVIe siècle ne peut concevoir.

Henri IV est trop fin politique pour ne pas compren-dre que la paix civile de son royaume, avec la fin des guerres de religion, lui coûtera cher : le prix d’une ultime abjuration ; celle de 1593 qui fait de lui le roi « très-chrétien ». Cependant, le roi catholique par politique ne cachera ni ne balaiera jamais, par son « exemple de vie », l’éducation de sa mère, dans son métier de roi, comme en famille. L’Édit de Nantes d’avril 1598 (dont on cherche en vain le jour car seul le mois était noté et non le jour), pour avoir été attaqué n’en a pas moins apporté la paix après quarante ans de guerres civiles ; Édit inspiré par les idées contenues dans le volume « Discours politiques et militaires » d’un autre grand huguenot, mort au combat en 1591 et ami d’Henri IV, François de la Noue.

Derrière la vérité du fait historique, l’adhésion d’Henri IV au catholicisme en 1593, rien ne peut interdire l’hypothèse fondée sur des faits et des actes que le roi est resté un homme de la Réforme cédant à la politique du XVIe siècle pour que cessent de s’entretuer ses sujets. Tous chrétiens. feuille

par Nicole Vray

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