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Numéro 224
Décembre 2008
( sommaire )

Cahier : Le sport et le protestantisme,
par Yann Redalié

Le sport tient une place importante dans notre société. Par les journaux, les magazines, la télévision, nul ne peut échapper aux informations sportives. Jeux olympiques, Tour de France, Tournoi des 6 nations, Roland Garros, Route du Rhum, 24 h du Mans... sont suivis avec passion par certains tandis que d’autres, allergiques, protestent.

Pierre de Coubertin disait, il y a presque un siècle : « Le sport va chercher la peur pour la dominer, la fatigue pour en triompher, la difficulté pour la vaincre. »

Eugène Smith, Footballeurs américains, 1941. Photo D.R.

Eugène Smith, Footballeurs américains, 1941. Photo D.R.

Le sport a effectivement une face lumineuse : lorsqu’on admet qu’il n’est qu’un jeu, il peut éduquer à l’effort, entraîner à la maîtrise de soi, à la solidarité, au respect mutuel, à la joie partagée, à la découverte de ses limites. Il apprend à savoir perdre devant un adversaire meilleur, même si l’on a tout donné de soi pour gagner.

Mais le sport moderne a aussi une face sombre, qui fait la une des médias : c’est le dopage, la corruption, la violence, le racisme. Cette situation dramatique est certainement liée aux bénéfices que le sport génère de nos jours, à la fois pour les joueurs et pour certaines entreprises qui peuvent en profiter : la publicité use et abuse du sport et de ses idoles pour tenter de faire vendre des slips ou des yaourts. Le sport s’est professionnalisé à outrance : dominé par l’économie de marché, il exige des individus « rentables » et donc toujours plus performants. Un gigantesque business a saccagé toute la beauté du sport. Il reste cependant un espoir : la « crise » pourrait faire évoluer la société...

Les valeurs positives, éducatives du sport n’ont pas disparu partout, il reste le sport de tous les jours, le sport des petits clubs amateurs, celui des adolescents, les projets sportifs qui, dans certains quartiers difficiles, permettent l’apprentissage des règles sociales, de la vie commune, du respect, de la fraternité, de l’effort.

La plupart des sports peuvent être considérés comme des quasi-religions séculières, comme Tillich les définit dans Le christianisme et les religions. Ils ont leurs adeptes, leurs moments de culte, leurs fêtes rituelles et aussi leurs valeurs positives qui aident à vivre.

Le protestantisme a participé à l’apparition et au développement des sports modernes en mettant en avant le caractère éducatif du sport, mais aussi en insistant sur l’importance du développement de la personne humaine dans sa totalité : développement intellectuel, spirituel et physique.

Yann Redalié, Professeur de Nouveau testament à la Faculté de théologie vaudoise de Rome, décrit ici l’influence du protestantisme, et de ses valeurs, sur ce développement, en particulier au XIXe siècle, durant lequel certains sports, comme le basket-ball, ont même été inventés par des mouvements protestants.

Mais aujourd’hui on constate que le libéralisme économique donne le pouvoir aux entreprises et surtout au « marché », au détriment des individus. La recherche de bénéfices toujours plus élevés accroît les inégalités, et les protections sociales disparaissent. Alors non, le protestantisme libéral ne peut pas se retrouver dans ce libéralisme-là.

Le protestantisme libéral a des racines au XVIe siècle avec, par exemple, F. Socin, Zwingli et Sébastien Castellion. Ce dernier publie en 1555 une traduction de la Bible selon des principes alors révolutionnaires. Il reconnaît l’obscurité de certains passages, et il utilise le langage populaire. Il plaide pour une foi qui soit confiance en Dieu, et non adhésion à des doctrines. Il refuse d’opposer la raison et la foi. Après l’exécution de Michel Servet, il a cette phrase célèbre : « Tuer un homme, ce n’est pas défendre une doctrine, c’est tuer un homme. »

Le protestantisme libéral s’est développé au XVIIIe siècle et a pris de l’ampleur au début du XIXe avec l’allemand Frédéric Schleiermacher, que le pasteur Samuel Vincent a fait connaître en France, et qui a exercé une influence considérable sur le protestantisme européen, avec son souci de toujours conjuguer la religion et la culture. Le protestantisme libéral a contribué au XIXe siècle à l’essor d’une étude historique rigoureuse de la Bible, ainsi qu’à l’utilisation de la critique littéraire déjà en usage pour la littérature profane.

Au XXe siècle, le libéralisme a subi de profondes transformations sous l’influence de penseurs comme Albert Schweitzer, Rudolf Bultmann, Paul Tillich. Mais aussi avec l’introduction de la théologie du Process qu’André Gounelle a fait connaitre en France : Dieu est une force de nouveauté et de créativité qui transforme le monde (Le dynamisme créateur de Dieu, éd. van Dieren).

Aujourd’hui, certaines des idées du protestantisme libéral se sont si bien répandues qu’elles ne lui appartiennent plus et c’est tant mieux ; mais le courant libéral est dynamique et moderne, avec une histoire et un avenir. Signalons la remarquable présentation du libéralisme faite par A. Gounelle dans Penser la foi, éd. van Dieren.

Laurent Gagnebin, directeur de la rédaction d’Évangile et liberté, professeur honoraire à la Faculté libre de théologie protestante de Paris, auteur de nombreux ouvrages, présente ici quatre orientations fondamentales du protestantisme libéral. feuille

Marie-Noële et Jean-Luc Duchêne

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Volley

Le sport et le protestantisme,
par Yann Redalié

Le sport moderne naît dans l’Angleterre du xviiie siècle d’où il se diffusera en Europe et dans le monde. De nombreux facteurs contribuent à l’éclosion de ce phénomène. Selon certains interprètes, le développement de la société industrielle aurait transformé l’activité sportive à son image en reflétant, dans la volonté de se battre, dans les buts à atteindre, dans les records à dépasser, la parfaite image de son dynamisme.

Nous chercherons à discerner le rôle que la tradition protestante a pu jouer dans la naissance du sport moderne. Dans la mesure où on considère aussi celui-ci comme le produit d’une transformation à but pédagogique des jeux populaires traditionnels et des arts de combat aristocratiques, les mouvements, associations, écoles, collèges et universités de tradition protestante y ont souvent apporté une contribution déterminante. Dans cette transformation, tout se passe comme si les valeurs morales et éducatives étaient réinvesties directement dans l’activité sportive, celle-ci devenant porteuse de valeurs morales, éducatives, voire rédemptrices, bien au-delà de la simple métaphore... feuille

(l'article complet sera en ligne en mai 2009)

Yann Redalié

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