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Dans le N° 185

Au-delà du théisme...
Le cahier « Croire en Dieu, mais quel Dieu ? » de J.S. Spong, dans le N°182, a suscité un abondant courrier. En voici trois extraits.

Je viens de lire dans Évangile et Liberté du mois d'octobre le dossier de Mr Shelby Spong qui m'a beaucoup impressionné par sa profondeur. Cette manière de concevoir un Dieu non théiste convient à mon esprit un peu panthéiste (ou panenthéiste...).

Mais je m'avise que cette conception a toujours existé. Ainsi je relève dans les textes des sarcophages égyptiens, sous le Moyen Empire, ceci:

«Je suis la conscience de Chou, le Dieu qui est venu à l'existence de lui-même.
Je suis devenu le corps du Dieu qui est venu à l'existence de lui-même.
Je suis devenu le corps du Dieu à la forme mystérieuse.
C'est moi qui ai fait briller le ciel après les ténèbres,
L'étendue du ciel est à mon pas,
je suis la Conscience qu'Atoum Ré a créée,
je suis destiné à cette place d'éternité. »

Voilà, me semble-t-il une affirmation qui prend un tour cosmique d'une grandeur indéniable. C'est vraiment une tentative d'intégrer le défunt au cycle de l'univers, garante d'éternité. L'âme du défunt justifiée, c'est-à-dire l'âme qui a été reconnue juste, est admise à vivre dans la sphère de l'esprit pur où elle se confond avec la divinité, tout en conservant sa personnalité propre.

L'âme ne connaîtra la vie éternelle que lorsqu'elle se sera délivrée de la matière, ce qu'elle ne pourra obtenir que par la pratique du bien au cours de sa vie terrestre. Admise à l'éternité, l'âme est intégrée à la divinité.

Elle se confond dès lors avec Atoum, le principe premier, le principe, l'esprit de l'univers. Tous les grands dieux de la cosmogonie (Ré, Horus, Isis...) sont ainsi rassemblés dans un même syncrétisme représentant l'absolu dans lequel l'âme vient se fondre. La multiplicité des dieux n'est que l'expression des qualités multiples de l'être primordial.

Voici quelques éléments de la conception spiritualiste des anciens égyptiens, il y a quatre mille ans. Non point la croyance en une divinité anthropomorphique dont nous som-mes, à travers la Bible, plus ou moins les héritiers, mais une foi en l'Esprit qui anime tout.

Jean-Robert Charles, Les Agettes, Suisse

J'ai trouvé remarquable le « cahier » intérieur au N°182 « Croire en Dieu, mais quel Dieu ? » de John Shelby Spong.

Ma « formation de base » en théologie systématique depuis plus de 60 ans était barthienne. Ma vie et mes réflexions, et mes lectures (y compris bibliques...) m'ont conduit à une pensée bien proche de ce qui est écrit là.

Jean-Louis Richard, Mens

Permettez-moi de faire quelques remarques au sujet du texte de J. Shelby Spong (N°182, octobre). Il repose, me semble-t-il, sur une ontologie première et immanente, qui conduit:

  1. À une dissolution de Dieu dans le monde, où il n'apparaît plus que comme « un champ de forces impersonnel » (Levinas) et anonyme.
  2. La perception de Dieu comme processus d'une force se développant au cœur de la réalité du monde ne risque-t-elle pas de mener à une dérive vitaliste?
  3. Cette notion ontologique de Dieu donne la primauté à la persévérance dans l'être qui anime tout existant, mais c'est prendre l'effort de la nature pour persévérer dans l'être comme le signe de la divinité de l'être. Ce qui ne laisse plus place à l'éthique puisque le vivant est appelé, avant tout autre considération, à réaliser pleinement son être.
  4. Je ne vois pas la relation établie par Spong entre sa conception et une intériorisation de Dieu. Dire que « découvrir Dieu c'est entrer en contact avec le Centre Infini de toute chose et grandir dans ce que je suis des-tiné à être » me paraît plutôt confirmer les points let 3 développés ci-dessus.

Tout concept de Dieu est une construction humaine limitée, dit Spong. Bien sûr. Mais sa théorie n'est-elle pas elle-même l'expression d'un concept ? C'est pourquoi je ne suis adepte ni du Dieu de Spong, ni d'un Dieu « théiste ». Ma foi ne se nourrit pas de concepts mais des textes bibliques, lus sans référence aux dogmes, sans littéralisme, en cherchant, dans un travail constant de réinterprétation, à en recevoir un sens pour ma vie, au sein d'une société dont la culture n'est plus celle des siècles où ces textes ont été écrits.

Christiane Curtil, Paris

Jésus-Christ,
seigneur ou serviteur?

Une fois de plus, on découvre dans nos documents officiels (par exemple le dossier préparatoire aux synodes régionaux 2004) la formule convenue « Jésus-Christ est le Seigneur ». Et bien non et non ! Le Christ est le concept d'un personnage fictif, élaboré en synthétisant divers modèles tirés abusivement de l'Ancien Testament, un moule dans lequel on a fait entrer encore plus abusivement jésus après sa mort et qui pour moi aujourd'hui ne veut plus rien dire, sinon la dénaturation de jésus et de son message. Quant à seigneur, c'est un terme abominable dont on a affublé jésus (à mes yeux, c'est pire que la couronne d'épines et le manteau de pourpre), terme utilisé, d'après Bloch, pour succéder à dominus « devenu d'un emploi restreint », seigneur « désignant les grands personnages féodaux, puis des personnages de haut rang, et d'autre part, Dieu ». Quelle pitié d'avoir réussi à transformer notre serviteur en seigneur! Non et non. Plus cela va, plus j'aime l'Évangile de Jésus et je suis attaché à jésus lui-même, et plus ceux qui l'on dénaturé m'horrifient. Si pour être admis à la cène ou faire quoi que ce soit dans notre Église (comme on l'appelle) il faut souscrire à cette formule, pour ma part, je dis non et pose la question de savoir si j'ai encore ma place à la cène et dans l'Église réformée de France. Frères dits responsables, c'est bien le mot qui correspond à votre charge (peu enviable) répondez-moi. Et trouvez de meilleures formulations (au moins en option). Merci!

Roger Parmentier.

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