En tant que fils de
pasteur, je trouve normal que les animaux accèdent aux lieux
religieux. Un jour, jai prêché dans un temple protestant.
Il sagissait à la fois dun sermon et dune conférence
sur le thème « nature et liberté ». A la fin
du culte, nous avons dit une prière dintercession destinée
à différentes personnes. Jai prié pour les
animaux en ajoutant cette phrase : « Pour mes frères les
animaux victimes trop souvent de la stupidité et de la cruauté
des hommes. » Alors je me suis aperçu que dans lassistance,
il y avait un gros chien blanc et je me suis adressé à
lui directement. Il faudrait ouvrir les lieux de culte aux animaux et
penser à eux dans nos prières. Ils font partie de notre
vie. Ils sont nos frères, non pas inférieurs, je naime
pas ce mot, mais différents. Les cruautés qui leur sont
infligées à laube du XXIe siècle relèvent
encore dun instinct préhistorique, que le vieux fond de
barbarie continue à véhiculer dans son sang.
Théodore Monod
dans Le chercheur dabsolu (Gallimard).