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articles du N° 172 - Octobre 2001

( sommaire )

Éditorial

Merci et bon vent...

En 16 ans de rédaction, nous avons proposé 4.500 pages à lire et à méditer et 3.500 images. Peut-être avez-vous gardé, cher ami lecteur, quelques souvenirs...

Nous remercions ceux qui nous ont aidés. Nous avons accepté la responsabilité d'« Évangile et Liberté » en 1988 alors que le mensuel avait 3 mois de retard et des déficits d'abonnements depuis plusieurs années. A une période de « sécularisation » (certains disent « déchristianisation » ou « barbarisation ») de l'Occident et de perte de vitesse de la presse protestante (certaines publications sont tombées en panne sèche), l'organe du Christianisme Libéral en France n'a cessé d'augmenter (modestement mais régulièrement) le nombre des abonnés. Nous le devons à la fidélité de nos amis. Et certainement au fait que le contenu et la présentation du journal correspondaient à l'attente de beaucoup de lecteurs auxquels nous nous adressions.

Nous devons beaucoup à nos devanciers qui ont marqué le journal et à qui nous rendons hommage : les pasteurs A-N. Bertrand et Louis Dumas, Georges Marchal et Paul Richardot, Jean-Marc Charensol. Dans leur époque, ils ont fait un travail remarquable. Nous vivons de leur dévouement et de leur efficacité. Avec ce numéro, nous entrons personnellement à notre tour parmi ceux qui ont été « des chemins qu'on emprunte et qu'on oublie ».

Nous avons beaucoup reçu au cours de ces années d'échanges, de la part des amis qui nous ont manifesté de tant de façons leur amitié et leur soutien.

Aprés notre démission, c'est sur demande de nos successeurs que nous terminons tous les numéros de l'année 2003.

A l'heure où souvent le libéralisme théologique est chahuté, dilué, réduit à des consensus, défiguré par les snobismes du temps, nous espérons que certains accepteront de braver les impopularités pour affirmer les valeurs de la liberté (sociale, politique, théologique et ecclésiastique). C'est la raison d'être de notre journal et de notre mouvement de foi.

Bon vent à la nouvelle équipe et à la nef sur les eaux...

Solange et Christian Mazel

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Noël à tous ceux qui ont souffert

Je dédie ce poème à ceux qui ont souffert

A tous ceux qui sont nés sans qu'on les ait voulus

à tous ceux qui ont grandi dans un foyer éteint

à tous ceux qui ont frappé des portes verrouillées

à tous ceux qui s'embarquent sans regard d'ami

à tous ceux qui ont ramé des naufrages ans fin

à tous ceux qui ont semé sans espoir de moisson

à tous ceux qui ont aimé sans entendre un écho

à tous ceux qui ont porté le poids d'un lourd secret

à tous ceux qui se sont tus au mépris des souffrances

à tous ceux qui ont par manque de paroles souffert

à tous ceux qui sans paroles ont su donner leur vie

à tous ceux qui ont vécu sans laisser une trace

à tous ceux qui sont morts, sans se savoir aimés

à tous ceux-là et bien d'autres je dis : « Salut ! »

Henri Lindegaard, 1996

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Noël et la recherche de Dieu

Je t'ai cherché à tâtons, Seigneur, la nuit est si épaisse !

J'ai erré de colline en vallon,

de morte saison en morte saison,

dans l'espoir fou d'un face à face avec toi

J'ai crié, prié, compté sur toi

plus que les gardes n'attendent l'aurore

mais tu étais au ciel... et je restais seul-e

Je t'ai cherché à tâtons, Seigneur, la nuit est si épaisse !

J'ai cru parfois, en un instant de grâce,

voir ton visage resplendir sur un paysage,

sur quelques personnes assemblées en ton nom,

sur un visage humain soudain transfiguré...

Mais avant même que mon coeur n'ait tressailli de joie,

Tu avais passé, tu étais au ciel... et je restais seul-e

Mais cette nuit, seigneur, je ne cherche plus :

Penché-e sur le visage de ton Enfant,

J'ai su que tu me cherchais depuis longtemps

Je t 'ai vu face à face,

En quête ardente de mon visage d'enfant,

Mon visage perdu dans la nuit...

Que ton Esprit, Seigneur,

fasse de nous des anges de compassion,

des messagers de bienveillance

pour ceux et celles qui souffrent autour de nous !

Que ton Esprit, en nous, intercède sans relâche

Pour les peuples, les familles, les personnes

que nous te nommons maintenant,

dans un silence, qui appelle pardon et bénédiction...

Lytta Basset

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Dieu s'est approché

Dieu ne cesse de s'approcher, de se faire proche, de se faire notre prochain.

C'est ce moment d'approche de Dieu que Jésus incarne...

Aimer, c'est répondre à cette approche de Dieu pour « faire de même » à l'égard d'autrui.

Eric Fuchs, Ethique protestante

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Noël marche et distances

Marie et Joseph sont en marche depuis la Galilée. Les bergers, les rois mages et l'étoile marchent aussi. La foi est avancée avec ses risques. Elle cherche en avançant devant et s'engage dans une aventure. Dans l'histoire des hommes, qu'est devenu Jésus ? Qu'est devenu Jésus pour nous aujourd'hui ? Pour toi, lecteur ? Notre publication (hebdomadaire durant des décennies et mensuelles aujourd'hui) évolue. Ses équipes responsables se succèdent.

Barna de Siena au XIIe siècle (mort en 1351) à Gimignano (près de Sienne en Toscane) imagine les bergers respectueux à distance de l'événement. Dans l'obscurité, ils contemplent de loin.

La venue de Jésus parmi les hommes demeure un mystère. Les récits des évangiles de Matthieu et Luc essayent de répondre à la naturelle demande de savoir et de comprendre. La peinture traduit naïvement l'ineffable et l'inconcevable.

Noël nous ramène toujours aux images qu'aiment les enfants et à l'accueil des cadeaux que les petits reçoivent avec la simplicité que célèbre Jésus.

Comme les enfants et comme les deux bergers, nous savons que nous avons à apprendre et à nous émerveiller des visites insolites de Dieu dans la nuit et des lieux inattendus.

Célébrons Noël avec discrétion et à distance.

Une marche et une distance.

Christian Mazel

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Noël et les interventions de Dieu

Traces

J'ai fait un rêve, la nuit de Noël.

Je cheminais sur la plage, côte à côte avec le Seigneur.

Nos pas se dessinaient sur le sable,

laissant une double empreinte

la mienne et celle du Seigneur.

L'idée me vint - c'était en songe -

Que chacun de nos pas représentait un jour de ma vie.

Je me suis arrêté pour regarder en arrière.

J'ai vu toutes ces traces qui se perdaient au loin.

Mais je remarquai qu'en certains endroits

au lieu de deux empreintes,

il n'y en avait plus qu'une.

J'ai revu le film de ma vie.

O surprise !

Les lieux à l'empreinte unique

Correspondaient aux jours les plus sombres de mon existence.

Jours d'angoisse ou de mauvais vouloir ;

jours d'égoïsme ou de mauvaise humeur ;

jours d'épreuve et de doute

jours intenables...

jours où moi aussi, j'avais été intenable.

Alors, me tournant vers le Seigneur,

j'osai lui faire des reproches :

- Tu nous as pourtant promis d'être avec nous tous les jours

Pourquoi n'as-tu pas tenu ta promesse ?

Pourquoi m'avoir laissé seul

aux pires moments de ma vie ?

Aux jours où j'avais le plus besoin de ta présence ?

Mais le seigneur m'a répondu :

- Mon ami, les jours où tu ne vois

qu'une trace de pas sur le sable,

sont les jours où je t'ai porté.

Adémar de Barros, poète brésilien

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Noël de la Bonne Mère

Je te salue, Marie, comme femme, comme mère, non comme une déesse. En étudiant ce dossier j'ai dû constater combien de ricanements et de considérations scabreuses on a introduits dans le procès qui a été fait à propos de la conception de ton fils Jésus. Des apocryphes au rationaliste Paulus (19e siècle), en passant par la chronique samaritaine ou les racontars d'origine Alexandrine, que n'a-t-on pas dit sur ton compte ! Inventions pesantes, lourdes de sous entendus, inspirées par la malveillance et l'intention de blesser... mais aussi rançon du bénéfice apologétique que la foi chrétienne tirait de la légende de la conception virginale. Et toutes les majorations surajoutées aux récits évangéliques ainsi que les dogmes romains n'ont fait qu'empirer. Je te salue, mère de Jésus, tu nous as donné ce qu'il y a de meilleur en toi, même au-delà de tes espérances. A l'écoute de certaines paroles que ton fils a prononcées et qui ont dû te faire mal : « Qui est ma mère ? Qui sont mes frères ? » il me vient à l'esprit une phrase prononcée par une provençale, une de celles qui regardaient de temps en temps « la Bonne Mère » dominant la rade phocéenne. Elle ne disait pas : « la Vierge », mais « la Bonne Mère ». Comme si c'était pour elle tellement plus important. Cette maman m'a confié un jour ce mot merveilleux que je te dédicace pour finir en pensant à toi et à ton fils : « Souffrir pour ses enfants, ce n'est rien, c'est normal. Mais c'est quand on souffre par ses enfants qu'on sait ce que c'est d'être mère ».

Emile Mihière

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Noël entre le boeuf et l'âne

Prière des ânes

Donne-nous, Seigneur, de garder les pieds sur terre...

et les oreilles dressées vers le ciel pour ne rien perdre de ta Parole.

Donne-nous, Seigneur, un dos courageux...

pour supporter les hommes les plus insupportables.

Donne-nous, Seigneur, d'avancer tout droit,

en méprisant les caresses flatteuses, autant que les coups de bâton.

Donne-nous, Seigneur, d'être sourd aux injures et à l'ingratitude...

c'est la seule surdité que nous ambitionnons.

Ne nous donne pas d'éviter toutes les sottises,

car un âne fera toujours des âneries.

Donne-nous simplement, Seigneur,

de ne jamais désespérer

de ta miséricorde si gratuite

pour ces ânes si disgracieux que nous sommes...

de ce que disent les pauvres humains qui n'ont rien compris.

ni aux ânes

ni à toi qui as fui en Egypte avec un de nos frères,

qui as fait ton entrée prophétique à Jérusalem

sur le dos d'un des nôtres.

Amen.

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Noël dans la pensée libérale

L'empereur la Vierge et l'étoile

Les récits de Noël, tels que nous les lisons en Matthieu et Luc, appartiennent à la fois à l'histoire, à l'histoire la plus réaliste, et à la poésie, à la poésie la plus profonde. Faute d'en bien saisir le double caractère, le lecteur non averti risque de n y voir qu'une pieuse légende. Il s'en réjouira, s'il est un adversaire du christianisme. Il s'en attristera, s'il veut malgré tout garder sa foi.

Toutefois, s'il accepte de voir les choses d'un peu plus haut, il ne donnera ni dans un rationalisme sec, ni dans un sentimentalisme vague. Il comprendra que le merveilleux, le miracle, sont l'expression symbolique et imagée de vérités profondes, difficilement convertibles en concepts et que seuls le symbole et la poésie peuvent suggérer. C'est bien là que la distinction entre la lettre et l'esprit s'impose.

Noël ? ...

Parmi tant d'événements insidieux ou imprévus, les fêtes traditionnelles de l'Eglise apparaissent comme des haltes promises et certaines. Il n'est que d'attendre pour les revoir... C'est quelque chose, c'est même beaucoup que d'être assuré de certains retours. Guidé par un clairvoyant instinct, le christianisme a pris ses précautions contre les chrétiens. Il a confié ses anniversaires essentiels aux grandes cadences sidérales qui, elles, sont toujours fidèles au rendez-vous. Les hommes risqueraient d'oublier, ou d'éparpiller leur ferveur. Les « astres », eux, n'oublient pas. C'est peut-être pour cela que d'anciennes cosmogonies en faisaient la demeure des anges. Jésus a détrôné Mithra au solstice d'hiver, le 25 décembre. De cette substitution, l'ancienne Eglise n'éprouva aucune gêne. Elle ne voulut pas laisser le soleil aux païens, et elle célébra la naissance de Jésus le jour même de la fête du Sol invictus, du soleil invaincu.

Quant à la lettre même des récits, n'appelons pas légende, au sens péjoratif du mot, l'enluminure dont l'adoration a orné le premier âge du Maître. Il n'y a pas légende là où il y a amour. N'allez pas reprocher au marteau du forgeron de faire des étincelles, c'est-à-dire des étoiles. Elles sont le cortège du travail et comme la féerie de l'effort. Les étoiles, les anges, les voix, la Vierge de Noël sont la transfiguration éblouissante et tendre d'un événement à la fois simple et immense. Cet événement a provoqué de la beauté, de la joie, de l'espérance. Ce ne sont point là vertus sèches et compassées. Elles sont cette sainte et pure folie qui met en marche les étoiles et qui fait chanter les voix dans le ciel. Saint Luc, le plus complet sur ce point, était médecin, mais il était aussi peintre. Il a enluminé le texte, il a peint avec des mots. Il a bien fait. On dit que les corolles sont inutiles, c'est vrai : seul le pistil et les étamines sont les agents de la prestigieuse alchimie florale. Mais les corolles en sont la poétique enveloppe et leur utilité, pour être d'un autre ordre, n'en est pas moins réelle.

Ce qui fait la valeur et la grandeur durables des récits de Noël, récits que nos enfants redisent et rediront autour de l'arbre, ce n'est pas leur accord plus ou moins réel avec les données de la cosmologie, de la biologie ou de l'histoire naturelle, mais bien le souffle religieux qui les traverse.

Laissons les anges chanter dans le ciel l'hymne aux « hommes de bonne volonté » sans leur refuser, au nom de la météorologie, le mode d'existence qui est le leur : celui de l'Esprit.

Georges Marchal (1905-1982)

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Noël et théologie

Fils de l'homme, Fils de Dieu

1) On nous dit que Jésus est « Fils » de Dieu, et que Joseph fut son père adoptif. Pourquoi pas l'inverse, ce qu'on appelle l'adoptianisme ? Je ne vois pas pourquoi cette modalité fut écartée à Nicée et je n'ai pas trouvé d'arguments convaincants pour le réfuter. D'ailleurs aussi bien au Psaume 2.7 que dans Mt 3.17 ou Lc 4.22, il s'agit d'une adoption proclamée à moment donné. Xavier Léon-Dufour, dans son « Dictionnaire du Nouveau Testament », nous dit que « I'expression Fils de Dieu était une appellation commune en Orient pour désigner l'adoption d'un homme par son Dieu ».

2) Dans les langues sémitiques, il n'y a pas de majuscules. Qu'on les ai introduites en grec, c'est une interprétation qu'ignore la langue originelle (mais inversement, s'en tenir en grec à une minuscule serait une interprétation particulière, car on n'y dispose pas de la polysémie initiale). Bien mieux, dans les langues sémitiques, le même mot (talya) peut signifier aussi bien fils que serviteur. De même en grec pais. Dès lors dire que Jésus fut « fils de Dieu » dans un sens exceptionnel, et même « engendré », est une interprétation qui n'est pas dans le texte.

Lui et nous

On a parfois proposé de remplacer une incarnation descendante par une divinisation ascendante. On rejoindrait ainsi l'adoptianisme. Jésus ne serait pas, dès sa naissance, fils de Dieu, mais reconnu comme tel à son baptême : « Celui-ci est mon fils bien-aimé, qui a toute ma faveur » (Mt 3. 17).

Je reconnais à Jésus sa qualité de fils de Dieu, à condition qu'elle ait été, non pas innée, mais acquise. C'est ainsi qu'il peut être exemplaire. Cela soulève certes d'innombrables remises en question comme la préexistence du Verbe et toute la structure de la Trinité. Mais de toute façon, dans le prologue de Jean, nous sommes tous invités à devenir « enfants de Dieu », ou fils adoptifs. Nous sommes tous appelés à devenir, si nous le voulons bien et si nous nous y prêtons, fils de Dieu et, à des degrés divers, à incarner Dieu ou le représenter dans ce monde. Et ailleurs il est dit : « Heureux les artisans de paix, ils seront appelés fils de Dieu » (Mt 5.7).

Jésus, véritablement homme a pleinement vécu cette vocation et nous reconnaissons en lui, en plénitude, un fils de Dieu, le premier né d'une multitude de frères (Rm 8.29), image du Dieu invisible. C'est pourquoi on pourrait dès lors, sans monopole ni exclusive, quoique à des degrés divers, lui en associer d'autres. Dans « Etre chrétien » (1974, traduit en 1978), Hans Kung propose que l'on retienne de toute façon que Jésus est pour nous capital, déterminant, normatif : il ne dit pas qu'il faille qu'il soit exclusif

Unicité et pluralité

L'histoire qu'on nous a enseignée est généralement celle des chefs, des rois, des empereurs, des généraux. Nous héritons d'un concept monarchique. On a proposé le chef unique et tout-puissant à un peuple enfant, dépendant et incapable, impuissant et irresponsable. L'homme moyen serait un spectateur qui subit les effets de la faute d'Adam et bénéficie du salut opéré par Jésus: l'homme est objet d'histoire et pas sujet. Dieu ferait tout. Pour limiter les dégâts, nous pouvons seulement prier et supplier.

Je récuse le fixisme et le maximalisme sous-jacents, surtout dans la plupart des formules dogmatiques fixées une fois pour toutes et une conception figée de la nature des choses: la nature humaine serait bloquée avec le péché originel, Jésus serait Dieu dès le sein de sa mère.

Je conteste le système linéaire et unidimensionnel. J'estime qu'il faut lui préférer des systèmes en réseau, comme fonctionne du reste notre cerveau. Nous sommes tous responsables de « l'Histoire, chacun à notre mesure. Analogiquement Marcel Légaut a souvent souligné le rôle non négligeable des apôtres auprès de Jésus, malgré leurs limites.»

Paul Abela
« Je crois mais parfois autrement » Ed. L'Harmattan

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Noël 1305, Montaillou

Tout à l'heure, on se pressera tous à la messe de Noël de Pèire Clergue, dans l'église Sainte-Marie des Carnesses toute brillante de chandelles. Mais pour l'heure, en grand secret, dans la maison du tisserand En Mauri, c'est le bon homme Félip d'Alairac qui prêche sur la Nativité. La porte est bien close, la lourde barre tirée. Les deux cadets, Bernart et Raimond, s'y sont adossés pour répondre à tout importun qui la heurterait. Quelques voisins sûrs ont été mis dans la confidence, se sont joints discrètement à la famille Mauri: ainsi Raimond Belot, ou Guilhem Maurs, le beau-père de Guithem, ou encore la vieille Guillelme Benet qui se suspend au bras d'Azalaïs. Du foyer monte une vague lueur. Tous et toutes ont salué le bon homme et lui ont demandé sa bénédiction ; les hommes l'ont embrassé trois fois, les femmes se sont inclinées sans le toucher. Maintenant, la petite assemblée retient son souffle. Certains sont assis sur des bancs, les autres se pressent dans la pénombre. Au premier rang des fidèles, Guillelme, demeurée debout, s'appuie contre le mur doublé de planches. Contre elle est blotti Joan, le regard vague.

Le prédicateur s'est assis sur la table. Près de lui s'est installé Pèire Mauri, qui tient en main le livre.

Le bon homme Félip d'Alairac prêche pour la fête d'aujourd'hui, la Nativité du Seigneur. Jour de joie ! s'exclame-t-il. L'enfant qui est apparu en ce monde est le fils de Dieu, et il est venu pour le salut des hommes.

- Bien sûr, ce n'était pas un enfant de chair ; précise le jeune religieux avec un sourire doux - où scintille un instant une petite flamme moqueuse. Vous n'imaginez pas que le fils de Dieu aurait pu s'abaisser à prendre corps dans le corps d'une femme de chair. Les corps de boue, les corps périssables, comme tout ce qui est visible et corruptible, comme la souffrance et la mort, sont du diable et de ce monde. Dieu n'a rien à lui dans ce qui est voué à la mort. Le Fils de Dieu est venu en apparence, il s'est adombré dans la Vierge Marie, il a caché sa lumière divine sous un manteau d'ombre. Du reste, on peut bien penser que Notre Dame elle aussi était un ange du ciel, ainsi que Saint Jean l'évangéliste : tous deux ont été envoyés par le Père céleste pour assister Notre Seigneur en sa mission terrestre. Apparu sous apparence d'enfant auprès de la Vierge Marie, le Christ a vécu parmi les hommes sous apparence d'homme. Ce n'est qu'en apparence qu'il a été cruxifié et qu'il est mort. Il est Dieu et Dieu ne peut pas mourir. Lorsque Notre Seigneur est apparu en ce monde sous l'apparence d'un enfant, déjà et depuis toujours, il participait de l'éternité de Dieu. Son apparente résurrection, après l'illusion de sa mort, n'a été autre chose qu'enfin la révélation, aux yeux de ses apôtres, de sa véritable nature divine.

- Mais pourquoi est-il venu, alors, si ce n'est pas pour mourir pour nos péchés ? demande gauchement Guilhem Maurs, en se levant de son banc.

Contre la hanche de Guillelme, Jòan baille de toute ses forces. Guillelme, confuse, le secoue en silence. A leur pies, roulé en boule dans un peu de paille, le petit Arnaud suce consciencieusement ses doigts, l'un après l'autre.

- Il est venu pour sauver nos âmes ! proclame Félip d'un ton solennel. Frères, soeurs, vous devez savoir que nous tous, créatures humaines, appartenons au monde visible et corruptible par nos corps de boue, qui ont été façonnés par diable en terre d'oubli. Mais nos âmes sont toutes filles de Dieu. Dérobées par la tromperie du malin, elles ont été enfermées par lui dans ces tuniques de peau, ces prisons charnelles, où elles dorment dans l'oubli de leur patrie céleste.

Il se tourne vers Pèire Mauri, lui prend des mains le livre des saintes Ecritures, qu'il feuillette rapidement. Pèire approche doucement le calelh et Félip se met à lire :

- Voyez ce qui est écrit dans le livre des Psaumes : « Au bord des fleuves de Babylone, nous étions assis et nous pleurions, nous souvenant de Sion... Chantez, dirent nos ravisseurs, nos geôliers, chantez le cantique de Sion. Comment chanterions-nous le cantique du Seigneur, sur une terre étrangère ? Si je t'oublie, « Jérusalem, que ma droite se dessèche... »

Félip ferme le livre, prend une longue inspiration, et enchaîne du ton chantant d'un prédicateur en chaire :

- Hélas, le malin nous a insufflé l'oubli. Ce monde est pour nous une terre étrangère, une terre d'oubli. Comme le dit aussi saint Jean dans son évangile, le royaume de Dieu n'est pas de ce monde. Ainsi, réjouissons nous: il est venu, de la part du Père céleste, I'enfant divin qui nous a rendu la mémoire et enseigné le Salut. Il est venu, Notre Seigneur, pour nous montrer, avec son Ecriture sainte, comment nous reviendrions tous au Royaume du Père. Il est venu par la bouche du saint Esprit, celui qui nous a montré la voie du salut. Et par son évangile, il nous a enseigné que si nous avons été exilée du paradis par l'orgueil, la tromperie et les mensonges du diable, nous reviendrions tous à la Jérusalem céleste par l'humilité, la vérité et la foi... Vous reconnaissez la voie de justice et de vérité des apôtres et des bons chrétiens.

- Ce jour est jour de joie, conclut le jeune prédicateur après un court silence. Frères et soeurs, bons croyants de l'Eglise du Christ, sachez que nous sommes le petit troupeau des brebis que le bon berger est venu sauver. Pensez que si le Prince de ce monde déchaîne contre nous les loups de ce monde, il ne pourra empêcher que Notre Seigneur nous tire, I'un après l'autre, hors de ce monde, vers le Royaume du Père céleste, comme il l'annonce dans son Évangile. C'est le souvenir de sa venue au monde que nous célébrons aujourd'hui... Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté. Le royaume de Dieu est paix et notre volonté à tous est bonne, par la grâce du Christ.

Guillelme sourit. Elle songe que tout à l'heure Pèire Clergue expédiera sa messe, en regrettant les bras parfumés de la dame Béatris. Prêchera-t-il ? Que pourra-t-il trouver à dire qui donne plus de joie que la parole du bon homme Félip ? Mais l'assemblée ne peut sans risque se prolonger davantage. Déjà, le baiser de paix s'échange entre les assistants ; de la porte, la barre a été tirée ; Guilhem Maurs et Raimond Belot sortent ensemble dans la ncige, portant chacun un pichet du vin de Raimond Mauri. Noël ! Noël ! lancent-ils gaiement pour le reste du village. Azalais, qui a reçu la paix de Guillelme Benet, se penche sur le visage de sa fille, I'embrasse trois fois, joue droite, joue gauche, en plein sur la bouche. Guillelme sent le frémissement de sa mère. Ce soir nous fêterons Noël. La venue de l'enfant divin, I'avènement de l'espérance. Et cet ange de Dieu, la bonne dame, la Vierge qui bénit les bergers et les ouailles, la dame du pays de neige...

Anne Brenon
Spécialiste des cathares

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Noël dans le Coran

Jésus conçu par le souffle de l'Esprit divin

Marie conserva sa virginité !

Nous soufflâmes en elle de notre « Esprit »!

et nous fîmes d'elle et de son fils

un « signe » pour l'univers !

2I/9I

Marie, fille de Imrane

conserva sa virginité !

Nous soufflâmes en lui (Jésus)

de notre « Esprit »

Elle crut aux paroles de son Seigneur

et ses livres

et elle fut du nombre des fidèles !

66/I2

Pour Dieu, il en est de Jésus comme d'Adam

que Dieu créa de poussière puis il lui dit

« Sois » et il fut !

3/59

La naissance de Jésus Christ

Marie devint enceinte

et elle se retira dans un lieu éloigné !

Les douleurs de l'enfantement

la surprirent près du tronc d'un palmier !

Oh ! s'écria-t-elle, si j'avais pu mourir avant cela et être complètement oubliée !

Celui qui était à ses pieds lui cria :

Ne t'afflige pas !

Ton Seigneur a mis un ruisseau à tes pieds !

Secoue vers toi le tronc du palmier !

Des dattes mûres et fraîches tomberont sur toi !

Mange, bois et console-toi !

Et si tu vois quelqu'un dis :

J'ai fait au Miséricordieux le voeu de jeûner

et je ne parlerai aujourd'hui à personne !

Elle alla auprès de sa famille portant l'enfant !

O Marie, lui dirent-ils

Tu as fait une chose monstrueuses !

O soeur d'Aaron !

Ton père n'était pas un homme indigne

et ta mère n'était pas une prostituée !

Elle fit un signe vers l'enfant !

Comment, dirent-ils parlerions-nous à un enfant à l'âge du berceau ?

Alors Jésus dit :

Je suis le Serviteur de Dieu !

Il m'a donné le Livre

et il a fait de moi un « prophètes » !

Il m'a rendu « béni » où que je sois !

Il m'a recommandé la prière et la pureté

tant que je resterai vivant

ainsi que la bonté envers ma mère !

Il n'a pas fait de moi un arrogant misérable !

La paix est sur moi

le jour où je suis né

le jour où je mourrai

et le jour où je serai ressuscité vivant !

I9/22-33

Traduction Georges Tartar (1915-2003)

 

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Une pensée libre

Dans nos derniers numéros nous avons publié une enquête sur « Penser librement ». Nous avons donné la contribution des pasteurs Florence Taubmann et Florence Couprie (n° 169), Jean-Paul Sauzède, les pasteurs Vincent Schmid et Jean-François Breyne (n° 170). Voici une nouvelle participation à cette recherche.

Une pensée libre. C'est le rêve, depuis toujours, des philosophes et des théologiens. Une pensée doit naître de la liberté. Une pensée captive n'est pas une pensée.

Je peux, bien entendu, penser (ceci ou cela) par devoir. Mais devoir-penser n'est pas pensé. De même, je peux croire par usure, sous la contrainte ou sous le poids des habitudes. Mais devoir-croire n'est pas croire. En tout cas, cela n'a rien à voir avec la foi. Si je crois par renoncement, je ne crois en réalité à rien.

Comme la foi, la pensée est d'abord question. Elle questionne tout ce que nous pensons et croyons, par habitude ou lassitude. Elle est une incessante interpellation.

Pourtant, tout n'est pas simple. Je ne suis pas un esprit, détaché de l'histoire. Je vis dans l'espace et le temps. Mon existence est façonnée par de multiples déterminismes. Bien plus, je suis un corps, même si ce corps pour une raison qui m'échappe, dispose étonnamment de la faculté de penser. Quoi qu'il en soit, je ne peux prétendre être libre. Penser, pour moi, c'est déjà disposer des catégories culturelles que me propose mon époque. Ma pensée n'est jamais infinie.

Située dans l'espace et le temps, ma situation est étrange. D'une part, une pensée doit être libre ou ce n'est pas une pensée. D'autre part, et dans un même temps, ma pensée ne peut pas être libre. Bien sûr, je pourrais renoncer, faire miens les présupposés de mon époque, de ma culture, de ma religion. Je deviendrais un « bon croyant ». Tout serait simple. Je ne serais alors, en aucun cas, à la hauteur de ma vocation d'homme.

Je peux aussi vouloir la liberté. Ma pensée n'est pas libre. Elle sera toujours à libérer. À moi de découvrir ses liens. À moi de les réduire. La liberté prend forme sous deux aspects: elle réside dans une dynamique de libération (« Sortez de Babylone ! »); elle se réalise dans l'ouverture d'un horizon (c'est ce qu'on appelle la promesse).

Pour résumer, une pensée libre est sans doute impossible. Trop de contingences, à commencer par celle de la langue, nous la rendent hors d'atteinte. Mais cette liberté est nécessaire. Il nous faut la vouloir.

Existe-t-il une méthode ou un remède ? Peut-être pas. Mais des exemples nous sont offerts ou proposés. Le Maître de l'Évangile n'a jamais dit : « je pense que ». Pourtant, sa pensée était libre. Qu'acceptait-il, des formes culturelles de son temps ? Un langage, des métaphores, une manière de s'exprimer. Que pensait il au juste ? Il est bien difficile de le dire. Ses paroles sont toujours liées à des situations, des rencontres, des personnes...

Son exemple est peut-être le bon. Une pensée libre, c'est peut-être la pensée de celui qui ne dit pas « je pense que » ou « je crois que ». Une pensée libre, c'est une pensée qui, toujours, se méfie d'elle-même. Une pensée libre, ce pourrait être une pensée qui cherche la vérité dans l'être, par-delà les formes qui changent.

Pour nous, est-ce possible ? Peut-être pas. Mais il faut vouloir l'impossible. Si l'on craint le découragement, on peut s'en souvenir: I'espérance s'arrache toujours sur un fond de désespérance ; la liberté s'acquiert toujours sur un fond de captivité. Ce que l'on n'atteind pas, on peut toujours s'en approcher, se mettre en route pour mieux le découvrir. C'est là notre vocation d'homme. Le sens de notre marche est celui d'un appel, celui d'une promesse. Il faut vouloir la marche. Il faut vouloir la liberté.

Pierre Yves Ruff

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La retraite exister autrement

Vous connaissez sans doute dans votre entourage de ces amis retraités, installés dans le Midi, ou sur la côte bretonne, pour passer leur retraite. Ils confondent retraite et vacances, vie quotidienne et temps d'exception. Ils ne mesurent pas toujours la rupture que représente la retraite, le déménagement, le changement de vie vécu dans la permanence du quotidien. Six mois, parfois deux ans plus tard, ils déménagent à nouveau, pour retrouver paroisse d'origine, amis et parents quittés peu de temps avant. Ils ont répondu au changement, de vie et de sens, par le déménagement.

René la connaissait cette histoire. Au bureau, un de ses amis lui avait dit : « attention, la retraite ça se prépare, ne crois pas que ce soit facile ». Il n'avait rien entendu. Dans ces cas-là, on croit toujours savoir mieux faire que les autres ! Pour lui, il s'agissait d'abord d'arrêter de travailler. Mettre fin aux déplacements réguliers, au stress, et pouvoir profiter de la maison qu'il venait de se construire au soleil.

Le temps arrive. Plus tôt que prévu: retraite anticipée. Arrêt total de son agitation professionnelle du jour au lendemain. René vit une première période euphorique. Puis, dans les mois qui suivent, il n'a goût à rien, se sent dépressif, ne sait plus qui il est et à quoi sert sa vie. Il a des troubles du sommeil et de la sexualité. Il voudrait profiter de sa vie nouvelle, mais il en a perdu le désir.

La retraite devient pour René une crise existentielle. Il aurait pu trouver le moyen de répondre au changement et pallier à son activité habituelle en multipliant les voyages ou en s'engageant dans des associations. IL a choisi de prendre le temps et de considérer cette étape de vie comme une chance.

A presque 60 ans, il revisite des questionnements anciens qu'il n'avait jamais résolus lors de conflits avec ses parents et plus tard lors d'une crise conjugale importante. La vie à l'époque avait repris le dessus, permettant de ranger dans les placards de la mémoire des blessures et des questionnement restés en suspens. Il mesure aujourd'hui combien pour lui ce temps de retraite commence par un temps de traversée de désert et de dépouillement pour accepter de vivre autrement. Lorsque je le rencontre, il me redit « c'est dur de lâcher, d'exister autrement, et même simplement de ne plus avoir à porter sa cravate pour sortir ! ». Il s'insurge sur la place stupide et démesurée qu'il avait accordé à son travail. Il devient avide de liberté. Il confirme qu'être jeune ou vieillir c'est d'abord un état d'esprit et qu'il vaut mieux comme le disait Françoise Dolto, rajouter de la vie aux années plutôt que des années à la vie et encore : qu'il vaut mieux mourir vivant, que vivre mort !

Jean Paul Sauzède

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Vous avez dit : « agnostique croyant » ?

Aujourd'hui, certains chrétiens qui vivent les valeurs évangéliques se déclarent : « agnostiques croyants ». Le terme semble déplaire, voire inquiéter bon nombre d'autres chrétiens qui, tout de suite, ont un sentiment de rejet et disent de façon doctrinale : « Alors, c'est que vous n'avez pas ou plus la foi, vous n'êtes pas chrétien »

L'agnosticisme (du grec « a » privatif et « gnosis » connaissance) est une conception philosophique selon laquelle ce qui dépasse l'expérience ne peut être connu avec certitude par la raison ; il est donc impossible d'affirmer aussi bien l'existence qu'inexistence de Dieu. Si Dieu existe, ce qui n'est pas possible de savoir, il est inaccessible et on ne saurait se prononcer sur sa nature.

Il me semble que rien n'empêche l'homme qui ne sait pas exactement, de croire. L'homme « in fine » est toujours seul face à lui-même. Connaissons-nous si exactement notre conjoint, nos enfants, nos amis ? Pourtant, cela ne nous empêche pas de croire en eux et de leur donner notre confiance. Et, pour vivre cette confiance avec eux, nous respectons des valeurs, nous faisons des choix parfois difficiles qui nous permettent de créer l'art du bien vivre ensemble

Ne pas savoir mais croire est-ce plus mal ou moins fort que de croire parce que je sais ? (Qui sait ?) Au contraire, je pense que la position de l'agnostique croyant qui croit sans certitude est une position de gratuité de la foi (« Heureux ceux qui croient sans m'avoir vu » Jn. 20,29) Je pense aussi que cette position est plus crédible pour une rencontre et un dialogue avec les non-croyants.

En tant que libres-penseurs chrétiens nous découvrons des textes qui nous montrent l'évolution d'une image de Dieu, évolution parallèle à l'évolution culturelle de l'humanité. Donc, je crois que nous ne pouvons pas cerner Dieu, ni l'enfermer dans un livre sacré où tout a été dit à la dernière page, mais bien que Dieu continuera a être découvert à travers les expériences de sagesse de l'homme

Relus dans cette perspective, les textes bibliques nous font évoluer de la foi de notre enfance, à une foi d'adulte, qui doit choisir et agir. Ces textes nous invitent à continuer la création de Dieu à son image.

Pour cela toute une série de héros bibliques vont nous dire quelque chose des qualités de Dieu, un Dieu de la Vie (Abraham), un Dieu qui se met du côté des plus faibles (Moïse), un Dieu qui ose faire confiance à des criminels (Moïse, David), un Dieu de justice (Amos)... tout le premier Testament nous montre l'évolution de la croyance aux dieux de la nature des premiers hommes au Dieu Tout-Autre des contemporains de Jésus. Cette croyance ira de pair avec l'élaboration de certaines règles de vie, dont plusieurs nous paraissent aujourd'hui horribles voire ridicules (lapidation, impureté, racisme...)

Dans le second Testament, Jésus qui est pétri de sa culture, va néanmoins prendre ses distances avec le Temple, avec la Tradition, avec la Loi (Sabbat, femme adultère, lépreux, Romains...) afin de mieux nous révéler un Dieu d'amour et de miséricorde. A travers le récit des Évangiles, il nous faut aussi décoder les textes pour trouver la Bonne nouvelle de Dieu annoncée par Jésus.

Car à quoi cela sert-il à l'homme que Jésus ait marché sur l'eau, alors qu'aucun homme ne pourra jamais le faire et d'ailleurs, à quoi cela lui serait-il utile ?

Pris fondamentalement, cela peut montrer sa puissance, mais est-ce une Bonne nouvelle pour l'homme ? Cela ne change rien à sa vie, si ce n'est de croire en la magie, mais aujourd'hui les « David Copperfield » peuvent faire encore mieux !

Par contre, savoir que passant de la rive de ma naissance à celle de ma mort, alors que je pourrais me noyer dans la solitude, le chômage, la maladie, la drogue, les conflits je peux appeler avec confiance et tendre mes mains vers un secours et qu'à mon tour, je peux répondre et agripper les mains de celui qui se noie, ça c'est une Bonne nouvelle qui m'invite sur les chemins du Royaume de Dieu ici-bas et maintenant à la suite de Jésus.

A quoi cela nous sert-il que Jésus ait multiplié des pains, alors qu'il y a la famine qui tue tous les jours. Mais découvrir dans le texte que si chacun partage ce qu'il a, il y aura assez pour tous et même des restes. Ça, c'est une Bonne nouvelle qui m'invite à changer ma vie pour que puisse régner le Royaume de Dieu ici et maintenant.

Rechercher le sens symbolique des textes, c'est vrai, cela dérange beaucoup de monde. Il est plus facile de croire en un magicien qui fait à notre place (enfance de la foi) qu'en quelqu'un qui nous met devant nos responsabilités de justice, d'amour, de paix (adulte dans la foi) pour que l'homme vive debout dans le Royaume de Dieu ici et maintenant. N'oublions pas que dans de nombreux récits de miracles, Jésus s'adresse à l'homme pour le responsabiliser : « donnez-leur vous mêmes à manger » ; Mc 9,13, « Prenez courage, n'ayez pas peur » Mc 6,50 ; « Enlevez la pierre » Jn 11,39 ; « déliez-le » Jn 11,44 ; « Appelez-le » Mc 10,48...

Cette façon de voir Dieu n'est pas toujours très confortable, c'est difficile, car cela nous demande un effort de conversion, une renaissance, une résurrection de « nos morts ».

Ch. v. d. Meersschaut
LPC

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Choix de livres

ELOGE DU DOUTE CHEZ SEBASTIEN CASTELLION - Vincent Schmid - Editions Centre Protestant d'Etudes de Genève

Le pasteur de la cathédrale de Genève analyse la différence de concepts entre Calvin et Castellion concernant la possibilité par l'homme de comprendre, de décider et d'agir : « incapable par nous-même d'aucun bien » ou « nous sommes enclins à faire le bien » ? Les caractéristiques de Castellion :

(1) il se sépare de Calvin par des divergences théologiques (Cantique des cantiques chant profane de l'amour, descente aux Enfers pour « la fermeture des portes »).

(2) Il est scandalisé par des violences religieuses (supplice de Michel Servet, guerres de religion en France).

(3) Il est un des inventeurs de la critique biblique. Proche d'Erasme et du « libre-arbitre », Castellion estime que 1'homme peut et doit douter. Le doute est l'antidote des fanatismes religieux et du littéralisme biblique. Le doute est l'allié de la foi (cf. Proverbes « La raison est comme un discours éternel de Dieu, de beaucoup plus ancien et plus sûr que les Ecritures et les cérémonies ». Il fut le précurseur de Spinoza et surtout de Descartes.

Christian Mazel

LA REPUBLIQUE ET L'ISLAM (entre crainte et aveuglement) - Jeanne-Hélène Kaltenbach et Michèle Tribalat, Editions Gallimard - 338 pages - 14 x 20,5 - 26,5 e.

L'apport de l'immigration représente aujourd'hui un cinquième de la population française. Concernant l'islam, ce livre donne un point de vue qui est actuellement occulté par les medias, colloques,conférences et décisions administratives. L'islam est l'objet d'une indulgence systématique parce que présenté comme « victime » dans notre société. L'islam n'est pas seulement une religion, mais une conception de la société où (religion et vie sociale sont inséparables) difficilement compatible avec la laïcité telle que la France la vit depuis les lois de 1905.

Un glissement est organisé vers une interprétation de la laïcité qui la détruit: exagération du nombre des pratiquants musulmans, exaltation des droits des « différences communautaires », subventions importantes pour la construction de mosquées, mise en question des pratiques de l'école laïque. Par dérobades politiques successives, nous sommes passés de « l'assimilation » des immigrés (en 2 ou 3 générations) à « l'intégration » de communautés avec leurs règles propres (droit familial, coutumes religieuses, calendriers et horaires, interdits alimentaires, cimetières... etc.).

La question du « voile à l'école » et dans la vie professionnelle, et la question de l'acquisition de la nationalité française sont replacées dans l'enjeu de société qu'elles représentent.

Le livre foisonne d'informations peu connues et de réflexions sur les conséquences des décisions. Ces questions sont complexes. Aussi est-il bon et même indispensable de s'informer sur des points de vue variés pour êtres attentifs aux divers aspects des situations et se faire une opinion informée et éclairée. Les 2 auteurs sont membres du Haut conseil à l'Intégration. Chacune a écrit et publié plusieurs livres sur ces questions qu'elles connaissent bien.

Christian Mazel

DICTIONNAIRE DE LA BIBLE DANS LA LITTERATURE FRANCAISE - Claudia Jullien, Editions Vuibert . 496 pages - 15,5 x 23 - 45 e.

La Bible apparait à beaucoup comme un texte lointain, difficile ou singulier. Cependant notre littérature est imprégnée d' images et de thèmes bibliques qui hantent l'imaginaire occidental. Les écrivains de toutes les époques n'ont cessé de les réécrire et de les interprêter dans tous les genres littéraires. Mots , figures,thèmes et symboles témoignent de cette extraordinaire fécondité. Avec plus de 200 entrées bibliques et littéraires, plus de100 auteurs et plus de 450 textes cités, ce Dictionnaire permet au lecteur de repérer et de comprendre ce qui dans un texte « profane » relève de l'utilisation (fidèle ou non) d'éléments bibliques.

Christian Mazel

NAISSANCES DIVINES (Ré, Zeus, Krishna, Bouddha, Romulus et Remus, Moise, Jésus, Mahomet, Tane Soleil et lune) - N. Nabel, E. Grandjean, G.de Montmollin, Editions Labor et Fides Très beau livre d'art avec 70 illustrations en couleur, 128 pages 23x29, 29 e.

Avec une grande richesse d'illustrations pour chaque « divinité », un texte classique relate la naissance accompagné d'une introduction au texte et une présentation de la religion. Dans chaque partie aussi un historien de l'art explique l'?uvre. Il est intéressant de voir comment les religions présentent la naissance du personnage à l'origine ou les figures emblématiques.

Christian Mazel

ETRANGER DE L'INTERIEUR (La vie d'un Arabe israélien, palestinien, (chrétien) - Riah Abu el-Assal, - Editions Labor et Fides 302 pages - 13,5 x 21 20 e.

L'évêque anglican de Jérusalem et du Proche-orient (intronisé à Londres en 1998) est né à Nazareth dans une famille chrétienne. Il a été prêtre à Nazareth pendant 32 ans. Dans ce livre à la lecture facile, il raconte son enfance en Palestine sous mandat britannique (il est né en 1937). Après les années d'exil à Beyrouth au Liban, il rentre dans sa maison située dans le nouvel Etat d'Israël. Il raconte sa vocation et sa formation de prêtre en Inde, puis son insertion dans les problèmes de chrétien et de palestinien en territoire israélien. Durant ses 60 dernières années, il vit les évènements politiques, sociaux et religieux avec intensité et la volonté de participer dans la mesure du possible (intervention franco-anglaise, guerre des 6 jours, Intifada). Pacifiste, il explique ses incessantes initiatives et actions de responsable.

« La sulha joue un rôle important dans la société arabe, construite autour des notions d'honneur et de honte. Lorsque quelqu'un a été offensé, il ne cherche pas tant à punir la personne qui lui a fait du tort, qu'à rétablir son honneur. Perdre son honneur, c'est perdre sa dignité et son rang au sein de la société ».

Christian Mazel

LE CHRIST A LA CROISÉE DES RELIGIONS - Raphaël Picon

Dans son jugement envers les autres religions, le christianisme se partagent entre deux positions. La première affirme l'exclusivité de Jésus-Christ. Dieu se révèle et nous sauve seulement par lui ou en lui. Ailleurs que dans l'Évangile, on ne trouve que des erreurs, des mensonges, ou, dans le meilleur des cas une aspiration à la vérité, voire un pressentiment de ce qu'elle est, mais pas plus. On affirme donc la spécificité du Christ, son caractère unique. Par contre, on se ferme aux autres religions que l'on juge soit nuisibles soit dénuées d'intérêt. On tombe, alors, dans l'arrogance de ceux qui se disent seuls détenteurs de la vérité.

Une deuxième position estime, au contraire, que Dieu se manifeste de multiples manières, et qu'il est à l'oeuvre sinon dans toutes, du moins dans la plupart des religions et spiritualités de l'humanité. On a donc une grande ouverture aux autres, mais, en contrepartie, on abandonne une affirmation fondamentale de l'Évangile : celle que Jésus est le fils unique de Dieu. Il devient un prophète parmi et à côté d'autres, et non plus la révélation suprême et décisive de Dieu. On est, alors, menacé par un relativisme qui mine toute conviction et dissout la spécificité du message évangélique...

Peut-on échapper à cette alternative et trouver une voie qui donne toute sa place au Christ sans pour cela rejeter ou dévaloriser les autres religions ? Raphaël Picon, professeur à la faculté de théologie protestante de Paris et futur rédacteur en chef d'« Évangile et Liberté » nous invite à réfléchir à ce problème à partir d'une présentation et d'une analyse de l'oeuvre du principal théologien du courant du Process, John Cobb. A plusieurs reprises, nous avons parlé de ce courant de la théologie américaine, très proche par de nombreux aspects du protestantisme libéral.

L'ouvrage de R. Picon, « Le Christ à la croisée des religions » est issu d'une thèse de doctorat ; il en a la rigueur et la science. Il ne s'adresse cependant pas aux seuls spécialistes. Dans un petit livre antérieur, R. Picon a souligné que nous sommes tous théologiens, et ce livre tente de mettre à la portée de tous une réflexion théologique de haut niveau. S'il exige du lecteur un effort, il reste parfaitement clair et lisible.

Le pluralisme (par quoi il faut entendre l'affirmation qu'il y a plusieurs révélations divines, ou que la révélation divine revêt des formes diverses) ébranle-t-il vraiment le témoignage que le Nouveau Testament rend à Jésus le Christ ? Ne faut-il pas considérer au contraire que les compréhensions du Christ que proposent le Nouveau Testament et la pensée chrétienne fondent le pluralisme, que le Christ est une « instance pluraliste » ? En effet, le Christ parce qu'il désigne l'acte de Dieu qui, sans cesse, introduit et opère une transformation créatrice (il fait « toutes choses nouvelles »), ne nous fige pas dans une identité ou une essence chrétienne qui serait définie une fois pour toutes et immuable. Il nous ouvre à 1'autre, au différent et nous met en route. On dépasse l'alternative entre l'arrogance et le relativisme si on pense Dieu plus en termes de mouvement que de substance, et le Christ plus en terme d'événement que de natures.

Le dialogue entre religions enferme dans des impasses quand chaque religion se pense comme un grand immeuble achevé qu'il faudrait harmoniser avec des édifices de style totalement hétérogène : on n'y arrivera jamais. Par contre, ce dialogue est fécond et fructueux quand on voit dans les religions des voies sur lesquelles on avance. La vérité ne se trouve pas dans tel ou tel endroit. Elle consiste à cheminer d'un lieu à un autre. Elle est, écrit Cobb, « toujours ce qui sera connu et non ce qui est déjà saisi ». La rencontre avec l'autre, l'écoute de l'autre nous modifie (ce qui ne veut pas dire qu'elles nous rendent semblables à lui), et le Christ agit ou se manifeste dans ce processus de transformation. Il suscite une espérance active, nous fait entrer dans un dynamisme. Des positions statiques le trahissent et stérilisent la foi, même quand on se réclame de lui.

Ce bref aperçu ne donne qu'une idée incomplète de l'apport de ce livre original et bien documenté. A partir d'un des problèmes majeurs qui se pose aujourd'hui à nous, c'est une nouvelle manière de comprendre et de vivre la foi évangélique qui nous est proposée.

André Gounelle

« AUTRES TEMPS »

La revue « Autres temps » a décidé de « s'effacer ». Continuatrice de la célèbre « Revue du Christianisme social » (6000 abonnés avec Elie Gounelle), elle a assuré avec grande compétence depuis 1984 les recherches pour la mise en oeuvre de l'Evangile de Jésus dans la société. Elle a proposé d'excellentes études sur des thèmes sociaux: par exemple la dernière livraison est une très importante collection d'articles consacrés au philosophe chrétien social Paul Ricoeur. « Notre protestantisme, et le corps pastoral lui même et de moins en moins le vecteur d'intelligence courageuse qu'il a été » (O.A.). Nous regrettons la disparition de cette Revue, et espérons une « nouvelle possibilité de recommencer ».

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Le monde des religions

Bidonvilles tragédie annoncée

Si rien de concret n'est fait au cours des 30 prochaines années, la population dans les bidonvilles doublera sur la planète pour atteindre quelque deux milliards d'humains, prévient l'ONU dans un rapport. La situation actuelle est déjà catastrophique : Des « kampungs » d'Indonésie aux « townships » d'Afrique du Sud ou aux « favelas » du Brésil, un tiers des habitants des villes s'entasse déjà dans des cités insalubres privées de constructions en dur, d'électricité, d'eau ou de services d'hygiène. « Une bombe à retardement sociale », estime Naison Mutizwa-Mangiza, expert du programme « habitat » des Nations Unies, auteur du rapport. Le document rappelle en outre la tendance irréversible à l'exode rural. L'Asie abrite la majorité des habitants de bidonvilles de la planète (550 millions, soit 60 %), 1'Afrique en dénombre 187 millions (20 %) et 1'Amérique latine 128 millions (14 %). Les pays développés eux-mêmes comptent environ 54 millions de personnes habitant dans des bidonvilles.

BIP

FRANCE : Le Musée Jean Frédéric Oberlin

Le musée de Waldersbach, situé dans un village de montagne de la vallée de la Bruche, a fait peau neuve et a été agrandi : il prend place dorénavant sur 1500 m2 dans quatre bâtiments de style rural judicieusement reliés par de discrètes connexions de verres.

Jean-Frédénc Oberlin (1740-1823), pasteur au siècle des Lumières fut aussi un pédagogue de renom, un botaniste et un agronome hors pair. Il est connu dans le monde entier pour avoir crée les premières écoles maternelles en développant une pédagogie fondée sur l'observation, la manipulation et le jeu.

Waldersbach - 67130 Schirmeck (Alsace)

l0h-12h, 14h 18h sauf mardi 14h-18h - Sam et Dim

Visites guidées, ateliers, malles pédagogiques .

ITALIE : Les Hôpitaux vaudois

Lors du dernier synode annuel des Eglises vaudoises à Torre Pellice (septembre 2003), une décision très douloureuse a été prise. Devant les déficits considérables et en aggravation ces dernières années, la « Table » (organe directeur élu) a proposé le transfert à l'Etat, des 3 hôpitaux dont elle avait la charge depuis leur création il y a 2 siècles : Torre Pellice, Pomaretto et Turin. C'est à contrecoeur que cette longue tradition de « diaconie » avec ses 500 personnes en charge a du être interrompue. La « Casa materna », importante Maison d'enfants à Portici (banlieue de Naples) fonctionnant depuis un siècle et faisant partie des Eglises méthodistes a été frappée d'une grave crise. La direction familiale des Santi a été brusquement écartée, il y a quelques années. La « Casa materna » a fermé'ses portes. D'autres hôpitaux vaudois sont en passe de fermeture en Italie.

C.M.

L'ESTONIE ET LE PATRIARCHE ALEXIS

L'Estonie compte l,4 millions d'habitants et rejoindra l'Union européenne en 2004. Depuis son accession à 1'indépendance en 1991, après la chute du régime soviétique, elle a eu des diffèrents avec la Russie. En 1996 la plupart des orthodoxes estoniens ont décidé de se placer sous la juridiction du Patriarcat oecuménique de Constantinople (en Turquie). Mais la majorité des russes orthodoxes (soit un tiers de la population estonienne) sont restés fidèles au patriarcat de Moscou. Le patriarche orthodoxe russe de Moscou a effectué une visite officielle de 5 jours en Estonie. Il est né et élevé en Estonie et a été pendant presque 30 ans l'évêque de Talinn, la capitale de cet Etat balte. Le 25 septembre. Alexis II a célébré un service pour ses parents. Durant une dlzaine d'années, il n'avait pas pu venir en Estonie. En avril 2002 les autorités estoniennes ont reconnu l'Église orthodoxe d'Estonie rattachée au patriarcat de Moscou soit 100 000 membres. Le patriarche Alexis II s'est dit satisfait de cette visite et le président de la Commission des relations extérieures de l'Estonie a remarqué qu'« un grand pas vers la normalisation des relations entre Russie et Estonie avait été fait ». Mais la grande majorité des orthodoxes gardent leur fidélité au patriarche Bartholomé de Constantinople.

RENCONTRE DU PAPE ET DE L'ARCHEVEQUE DE CANTORBERY

Rowan Willams, primat de la Communion anglicane (75 millions de membres dans le monde), a rendu visite au Pape à Rome du 2 au 4 octobre. C'était sa première visite depuis son intronisation en février 2003. Son prédécesseur (George Carey) s'était rendu 6 fois à Rome. La rencontre a été cordiale, mais les « nouvelles difficultés » ont été évoquées par le pape : l'ordination de l'évêque homosexuel de New Hampshire (USA).De son côté, l'archevêque Williams a parlé de la papauté et de « l'éventuel partage d'une primauté d'amour et de service ». Les relations entre les 2 Eglises n'ont pas retrouvé depuis longtemps les approches de réunification des « Conversations de Malines » qui avaient failli aboutir avec le Cardinal Mercier (1921-1925).

INDE - Humiliation des Dalits

L'Inde compte 200 millions de Dalits. Les Dalits (le mot signifie « foulé aux pieds ») étaient connus autrefois comme « intouchables » et sont souvent forcés par les castes supérieures d'accomplir, pour survivre, des tâches dégradantes (ramassage des ordures) malgré l'interdiction officielle de la discrimination exercée par les castes. « il y a un monde entre l'égalité garantie par la Constitution indienne et les atrocités que les dalits doivent subir » ( Y. Moses, Conseil national des Eglises de l'Inde).Une femme qui a refusé les avances d'un homme d'une caste supérieure, a été contrainte de boire l'eau mêlée d'excréments. Les Eglises Luthériennes ont protesté.

France - Succès de l'enseignement privé

L'enseignement privé a connu, lors de cette rentrée scolaire, un boum sans précédent, bénéficiant de l'insécurité dans les établissements scolaires publics et des mouvements de grèves. 20 % des élèves se retrouvent ainsi dans le privé, 30 % à Lille et 40 % en Loire-Atlantique. L'enseignement catholique représente 95 %du privé. Le premier lycée musulman de France s'est ouvert à Lille, suscitant de nombreuses réactions, pour ne pas dire des craintes. Les écoles juives ont également connu une augmentation de 3,5 % de leurs effectifs, regroupant quelque 30 000 élèves.

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Coin de l'humour

Au Centre social de « La Clairière » (centre multiethnique) dans le quartier des Halles à Paris, au Club d'enfants, on raconte la Bible. Les enfants répondent volontiers aux questions des monitrices et moniteurs. Lors de l'époque du Noël dans le récit évangélique l'ange s'adresse à Marie (Luc 1) et la rassure après son annonce d'une naissance « Ne crains pas ». La monitrice demande au groupe :

- De quoi pensez-vous que Marie pouvait avoir peur ?

Un garçon de 8 ans répond :

- D'avoir une fille.

Réponses d'élèves de l'Ecole biblique. Après le récit du Bon Samaritain le moniteur demande :

- Qui s'est donné le plus de peine pour le blessé ?

- L'âne.

Après la parabole du Fils prodigue avec le repas pour fêter son retour, et du fils aîné meurtri de jalousie.

- Qui a été mécontent du retour du fils prodigue ?

- Le veau

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