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Numéro 212
Octobre 2007
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Valdo Bertalot, 53 ans, est secrétaire général de la Société Biblique Italienne. Membre de l’Église vaudoise, il est titulaire d’un doctorat en théologie. Olivier Guivarch l’a interrogé à Rome en janvier dernier.

L’Église vaudoise aujourd’hui :
le protestantisme italien

Olivier Guivarch : Quel est le nom exact de l’Église vaudoise en Italie ?

Valdo BertalotValdo Bertalot : Notre Église s’appelle l’Église évangélique vaudoise. Mais depuis les années 1970, on peut aussi dire l’Union des Églises évangéliques vaudoises et méthodistes. Elle fait partie de la Fédération des Églises Évangéliques en Italie née dans les années 1960, qui regroupe les Vaudois, les Baptistes, les Luthériens, l’Armée du Salut, les Méthodistes et quelques Églises pentecôtistes ; nous appartenons bien sûr à l’Alliance Réformée Mondiale.

O. G. : Comment s’est passée cette union institutionnelle entre Vaudois et Méthodistes ?

V. B. : Très naturellement car il s’agissait de deux Églises historiques. Les Vaudois ont reconnu le prédicateur local de type méthodiste dans la tradition de Wesley, les méthodistes ont accepté le synode national composé à part égale de « laïcs » et de pasteurs. Le synode élit la « Table vaudoise », composée de sept membres, dont quatre pasteurs, qui ont habituellement un mandat de sept ans. Son président, élu chaque année, est appelé « modérateur ». Mais il faut savoir qu’on parle d’une petite Église de 45 000 membres environ !

O. G. : Où vivent-ils ? Dans le Piémont uniquement, comme le veut l’image d’Épinal ?

V. B. : Un tiers vit en effet dans les vallées vaudoises au nord de l’Italie, où s’étaient établies des communautés de disciples de Pierre Valdo dès le XIIe siècle. Un autre tiers provient du reste de l’Italie avec de grandes communautés particulièrement dans les villes (Rome, Turin, Milan, Venise, Florence, Naples et Palerme). Le dernier tiers, soit quand même 15 000 personnes, est installé en Amérique du sud, principalement en Argentine et en Uruguay.

O. G. : Vu de l’étranger, on a du mal à imaginer l’existence d’une Église protestante institutionnelle dans un pays qui abrite le Vatican...

V. B. : Nous tenons certes une position minoritaire et la répression a été farouche dans le passé ; les Vaudois en tirent dans une certaine mesure une mémoire bien vivante. L’État italien n’est pas aussi laïc qu’en France, les Églises protestantes préfèreraient justement une laïcité à la française. Tout de suite après 1945, une forme de répression policière a encore partiellement subsisté dans le Sud du pays. Des procès et les décisions de la cour constitutionnelle ont heureusement sauvegardé la liberté religieuse. Pour autant, je pense qu’aujourd’hui la diversité religieuse existe ; il y a moins de préjugés et plus de tolérance. L’Église catholique elle-même se trouve face à des défis et des critiques.

O. G. : En parlant de préjugés, comment les Vaudois sont-ils perçus en Italie ?

V. B. : L’Italien moyen évoquerait l’austérité, l’attachement à la République et à la démocratie car les Vaudois ont soutenu l’unité italienne, le risorgimento. Au niveau médiatique, il n’y a pas de personnalités vaudoises marquantes, à part Giorgio Spini, le père de l’historiographie italienne, décédé cette année. Il était reconnu et très respecté. Il n’a d’ailleurs pas hésité à défendre les Assemblées de Dieu quand elles étaient en difficulté avec l’État.

O. G. : Quels sont les autres protestants ?

V. B. : Si l’on additionne l’ensemble des communautés, on peut compter un demi-million de protestants italiens. Au-delà des Églises déjà mentionnées, les missions venues d’Amérique du nord et du sud sont très actives, constituant des communautés charismatiques très prosélytes, auxquelles il faut ajouter les Églises établies, comme les Adventistes et les Assemblées de Frères par exemple. L’Église vaudoise est la seule à pouvoir se prétendre « indigène » !

Le phénomène le plus important depuis trente ans, c’est l’immigration. L’Italie qui était une terre d’émigration est devenue attractive. Presque un autre demi-million des protestants italiens sont des migrants d’origine africaine en grande majorité, et cette sociologie a un impact dans la vie cultuelle et dans la réflexion théologique. Des difficultés peuvent apparaître mais j’y vois une richesse pour les débats.

O. G. : Quelles difficultés ?

V. B. : Des différences théologiques et éthiques séparent les Églises. L’interprétation du texte biblique, l’organisation de la communauté, les questions de société et notamment celles liées à la morale, aux rapports entre les hommes et les femmes. Je pense à l’euthanasie, à l’homosexualité.

O. G. : Quelle est la spécificité des Vaudois au sein de cette diversité ?

V. B. : Je ne peux parler que pour moi. Je suis attaché à la liberté dans la responsabilité en tant que croyant. Mon idée d’Église est celle d’une Église libre dans un État libre, fidèle à l’Évangile, attentive aux problèmes politiques, économiques et sociaux, défendant une éthique ouverte et respectueuse de l’individu, développant une activité diaconale.

O. G. : Vous êtes responsable de la Société Biblique Italienne (SBI) ; c’est l’occasion de dire quelques mots sur cette institution plus que centenaire.

V. B. : La SBI est indépendante des Églises sur le plan juridique et n’est pas officiellement liée au culte protestant. Elle est encore, pour l’aspect commercial de la distribution, techniquement liée à la Société Biblique britannique mais avec sa propre autonomie nationale. Historiquement, la Société Biblique britannique transmettait la responsabilité de la Société Biblique locale à une personne qui faisait partie d’une Église ou à un groupe d’Églises protestantes organisées, dès que la liberté religieuse le permettait. Jusqu’à aujourd’hui le secrétaire général de la SBI a été choisi au sein de l’Église vaudoise.

O. G. : Quelles sont les activités de la SBI ?

V. B. : Comme la SBF en France ! Nous traduisons, imprimons et distribuons le texte biblique. C’est une activité commerciale. Nous adaptons le texte au public visé : les aveugles, les personnes âgées, les personnes maîtrisant mal la langue italienne, etc. Le langage doit être toujours compréhensible, pour que chacun puisse lire la Bible. feuille

par Valdo Bertalot,
Propos recueillis par Olivier Guivarch

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