Lexpression est absurde et dangereuse si on linterprète
de manière littérale.
Il faudrait sacrifier la raison la plus élémentaire
sur lautel dun prétendu miracle ou mystère,
pour penser que Jésus puisse être le rejeton de Dieu, son
descendant biologique, le porteur de ses gènes !
Une telle affirmation est dangereuse car elle induit implicitement
la suprématie du christianisme sur les autres religions : à
la différence de celles-ci, le christianisme serait lui, à
travers son Jésus, le résultat dune filiation directe
et objective avec Dieu.
Comme souvent en théologie, il convient de passer
dune compréhension littérale de certaines affirmations
à une interprétation métaphorique.
Dire de Jésus quil est fils de Dieu souligne
déjà la force et lintensité de la relation
qui les lient, comme son caractère pérenne.
Comme un fils sera toujours fils de son père, rien
ne pourra briser la relation entre Jésus et Dieu.
Identifier Jésus comme fils de Dieu, soutient aussi
que lidentité de Jésus est déterminée
et structurée par sa relation à Dieu. Celle-ci nest
pas secondaire ou occasionnelle, elle est réellement constitutive
de sa personne.
Dire de Jésus quil est fils de Dieu, cest
aussi voir en Jésus lhéritier, le porte-mémoire,
dans lhistoire humaine, de la présence agissante et créatrice
de Dieu.
Jésus comme fils de Dieu est alors un chemin vers
celui-ci, en tant quil nous porte au-delà de nous-mêmes,
nous permet de traverser les apparences pour nous savoir liés
à cette réalité plus ultime et essentielle que
nous nommons Dieu.
Enfin, voir en Jésus un fils de Dieu, cest
souvrir à la possibilité de croire en Dieu comme
un père, une source de vie, un soutien, un guide ; un père
pour lequel nous sommes tous frères et surs.
Raphaël
Picon