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Numéro 193 - novembre 2005
( sommaire )

Billet

Graines de culture

2007, c’est déjà demain. En tout cas, les candidats à la candidature pour la présidentielle le pensent. Chacun y va de sa petite phrase, de son programme, essaye de jouer collectif tout en se situant « au dessus de la mêlée ». À vrai dire, j’aime bien ces périodes car elles ont le mérite d’être autre chose qu’une star-academy de la politique. Ce qui est en jeu dans cette course à l’échalote présidentielle, c’est le destin d’un pays. C’est cela la gloire de la politique : arriver à penser l’avenir de toute la société au travers de ces histoires singulières.

« Collectif » et « personnel ». Ces deux mots sont les pôles d’une dialectique éternelle que l’on retrouve jusque dans nos Églises. Un paroissien me disait : « Je ne crois pas à l’homme providentiel. Quand un seul parle, ce n’est plus l’Église de Jésus-Christ. » Inutile de dire que ce paroissien était pétri de culture protestante. Face à cela, les JMJ nous ont montré une starisation du pape. Ces deux positions extrêmes peuvent être renvoyées dos-à-dos, car elles ont en commun une profonde vacuité. Dans les deux cas, le contenu importe peu. Dans le premier modèle, qu’importe le sens de la parole ; ce qui compte c’est qu’elle soit énoncée collégialement. Dans le second, qu’importe le sens de la parole, du moment que c’est le pape qui l’énonce. Cette opposition se retrouve dans le débat politique… L’avantage des extrêmes c’est qu’ils nous servent de repoussoir pour éviter les pièges. Entre une certaine démagogie protestante et une certaine papolâtrie catholique (ou plutôt médiatique…), un chemin doit être cherché.

Et si nous prenions le problème à l’envers : qu’importe la forme de la parole (collective ou personnelle), c’est le contenu qui importe. Je ne crois pas que Jésus réunissait un synode à chaque fois qu’il voulait prendre la parole. Je ne crois pas non plus que l’on puisse se prendre pour le Christ. Que dire aussi de Paul, de Pierre, d’Étienne ou des autres premiers chrétiens ? La pluralité des paroles individuelles est inscrite au cœur même de notre texte fondateur. Quant aux Réformateurs, ils ont d’abord développé des thèses très personnelles avant qu’elles ne soient reprises par ceux qui allaient devenir les protestants. Peut-être alors nous faut-il, dans tous les domaines de l’existence, être plus attentifs au fond qu’à la forme.

J’attends du débat politique comme du débat théologique qu’ils nourrissent notre intellect pour nous faire grandir. C’est le sens du mot « culture » : nous faire grandir comme l’on fait grandir une plante en la cultivant. Cessons d’être des graines, apprenons à pousser… feuille

Jean-Marie de Bourqueney

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