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Numéro 192 - octobre 2005
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Pourquoi tous ces interdits, qui pourraient être considérés aujourd’hui comme ayant peu de rapport avec les nécessités de la religion ? Enfin nous avons l’explication, liée au monde de l’ancien Israël. À chacun de voir ce qu’il en fait.

Les interdits sexuels dans le Lévitique

Le Pentateuque est, pour le monde hébraïque, le texte identitaire par excellence. Tradition des origines et Loi y sont énoncées en s’ouvrant vers le futur qu’est la Promesse faite à Abraham d’avoir une descendance et une terre. C’est Dieu qui préside au destin du peuple en lui donnant la Loi mais aussi la liberté. La Loi est toujours transcendante, identitaire, vitale. Elle parle pour le peuple, qui l’accepte et s’y reconnaît. La Loi fixe le cadre à l’intérieur duquel peut s’exprimer le « vivre ensemble » et le projet d’avenir du peuple.

La distance qui nous sépare des Lois de l’Antiquité fait que nous sommes surpris par certains textes que nous avons du mal à comprendre. En particulier les lois du Lévitique (Lv 18 et 19) ou les malédictions de Dt 27 relatives à la sexualité. Là sont posés des interdits dont la sanction est la mort. Si nous comprenons encore aujourd’hui certains interdits comme la zoophilie, d’autres nous semblent discutables comme ceux relatifs à l’homosexualité. Dans tous les cas, la sanction nous est insupportable... Alors pourquoi ces interdits ? Quelle est leur valeur pour nous aujourd’hui ?

Retour sur la loi : L’identité et la vie.

La Thora dans son ensemble insiste sur la vie. L’importance des interdits relatifs au sang, qui signifie la vie, le montre bien. Dans un autre registre, la protection des plus faibles : veuves, émigrés par exemple, montre le même souci. Protégeant la vie, la Loi va dénoncer ce qui empêche la vie. Ici les interdits sexuels vont être soigneusement définis, puis dénoncés et enfin sanctionnés. Lv 18,20 et Dt 27 sont des textes très sévères vis-à-vis de toute déviance. La précarité de la vie dans l’antiquité peut justifier une telle rigueur. Ne sont donc acceptés que les relations entre mariés. La loi du lévirat fait exception qui prévoit que l’épouse d’un homme décédé devient l’épouse du frère du défunt.

La loi est aussi porteuse d’identité. À coté des interdits du sang, les interdits concernant l’impureté sont aussi très nombreux. Les Hébreux aiment la netteté, ce qui est clair, identifiable. L’Écriture nomme, sépare, identifie. Gn 1 et 2 sont là pour nous le rappeler, ainsi que tous les noms des hommes de la Bible. L’identité même d’Israël s’inscrit dans cette manière de voir. Les règles de vie régissant la sexualité sont donc très strictes.

La Promesse.

La Promesse renforce la Loi et en fait partie car elle en accentue l’aspect identitaire. Les enfants d’Abraham forment le peuple que Dieu s’est choisi, et ce peuple aura une terre : Le pays de Canaan. La promesse est fondamentale pour comprendre les interdits sexuels de l’Ancienne Alliance, car ceux-ci permettent de réaliser la conclusion de l’Alliance voulue par Dieu. De ce fait, tout doit être mis en œuvre pour que se réalise cette promesse ; on doit donc être sûr de son ascendance pour se savoir appartenant au peuple élu. On doit être tout aussi sûr de sa descendance pour que celle-ci soit un jour héritière de la terre. Outre l’éthique qu’implique l’appartenance au peuple de Dieu, on comprend l’importance que revêtent les interdits sexuels.

Toute l’énergie sexuelle doit être mise au service de la descendance légitime. Ici deux types d’interdits. Tout d’abord les interdits qui empêchent de mettre en péril la descendance : Ce sont toutes les relations sexuelles hors mariage comme l’adultère, le viol, la prostitution. Ensuite les interdits qui visent à empêcher le détournement de l’énergie sexuelle en dehors de la relation homme-femme. Nous retrouvons là l’onanisme (Gn 38), l’homosexualité masculine ou féminine, la zoophilie. Tous ces interdits posent comme sanction la mort pour la bonne raison qu’ils veulent éviter de mettre en péril la transmission de la promesse et par là l’identité d’Israël.

La Nouvelle Alliance marque une rupture. Pour Jésus, l’essentiel n’est pas l’appartenance à la descendance biologique d’Abraham. L’essentiel, la promesse du Royaume, est lié à la Grâce. Cette rupture nous permet une nouvelle approche. Si, pour certains, les interdits du Lévitique doivent encore être pertinents, pour d’autres, ils sont vus comme étant obsolètes, reflet d’une théologie dépassée. Nous ouvrons là un autre débat... feuille

Vincens Hubac

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