Certains de nos lecteurs
ont peut-être été surpris par labsence dÉvangile
et liberté dans le débat concernant la Constitution européenne.
Trois raisons expliquent ce silence.
Il nous a paru impossible, même à travers
deux expressions contrastées confiées à des experts
(lun pour le oui et lautre pour le non) déchapper
à la politisation du débat; ce dernier était en
effet symboliquement marqué par des chefs de parti. Le fait que
la discussion ait été généralement dominée
par des idéologies, des effets de manche et destrade, des
rhétoriques électorales, la parasitait forcément.
Le politique était là, nécessairement hélas,
subverti par la politique partisane.
Dautre part, nous pensons que limmense majorité
de nos abonnés ne le sont pas pour trouver traités de
tels sujets dans nos colonnes, sujets qui le sont largement ailleurs.
Nos préoccupations peuvent être éminemment actuelles
et concerner des questions de société, mais leur approche
est alors dordre religieux et spirituel, voire théologique.
Notre militance et nos engagements existent: ils sont en faveur dun
christianisme douverture.
Enfin, avions-nous quelque chose de spécifique
à faire entendre au sujet de la Constitution européenne?
Non. Autant il était légitime daborder le problème
de la laïcité (voir le numéro de mai) parce que les
protestants libéraux ont joué dans son histoire un rôle
original, autant cela nétait pas le cas en loccurrence.
Nous aurions peut-être pu dire au moins une chose: le dialogue,
dans un esprit dépourvu de sectarisme, suppose quon écoute
véritablement lautre et non pas quon linterrompe
sans cesse, comme la télévision nous en a donné
tant dexemples si peu
exemplaires.
Laurent
Gagnebin