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Numéro 185 - Janvier 2005
( sommaire )

Débattre

Les Églises « confessantes » se réunissent autour d’une même confession de foi. C’est leur problème. Les Églises « multitudinistes », comme l’Église réformée, admettent en leur sein une multitude de croyants, exprimant leur foi de manière très diverse. Alors il faudrait nous laisser tranquilles avec ces confessions de foi d’un autre âge et qui correspondent de moins en moins à ce que nous pouvons croire.

Les confessions de foi s’opposent à la liberté du chrétien

Après la mort de Jésus, son enseignement de sagesse eut quelques difficultés à pénétrer dans le monde hellénisé. Et se sont plutôt développées des expressions de foi qui voulaient préciser l’essentiel de ce qu’il fallait croire : Jésus est mort et ressuscité pour notre salut. Quant à son enseignement, il était passé au second plan. Au fur et à mesure que le temps passait, ces formules se rallongeaient, pour mieux préciser la vraie foi. Mais se développait aussi l’idée que Jésus serait Dieu lui-même. Elle prit une telle ampleur qu’Arius finit par réagir, en professant que le Fils était une créature du Père et qu’il fut donc un temps où il n’existait pas. Son excommunication en 321 ne calma pas les esprits car beaucoup d’évêques le soutenaient. Aussi l’empereur Constantin finit par convoquer un concile à Nicée (325) et imposer le fameux Symbole, en déclarant que tous les évêques qui ne signeraient pas seraient destitués. Ils signèrent, résignés, mais une fois rentrés chez eux ils restaient ariens. Les conciles succédèrent aux conciles sans apaiser les différents qui se traduisaient par anathèmes et destitutions.

Un peu plus tard, Nestorius, évêque de Constan-ti-nople déclara que Jésus avait reçu la divinité « progressivement » et donc ne l’avait pas à la naissance. Il ajoutait que la créature ne pouvait pas engendrer le Créateur et que donc Marie ne pouvait pas être mère de Dieu. Cette évidence n’empêcha pas Nestorius -d’être condamné au concile de Chalcédoine (451) dont le texte final réaffirmait les deux natures du Christ, humaine et divine, « sans confusion, sans mutation, sans division, sans séparation ». Allez comprendre ! Comme nous sommes loin du message d’amour du Christ, lequel n’a jamais parlé de toutes ces subtilités.

Parallèlement à ces définitions issues du monde grec, se développait un autre Credo, dit Symbole des Apôtres, qui fut adopté par l’Église romaine vers le dixième siècle. Il est moins métaphysique, mais ne parle toujours pas de l’amour du prochain. Une confession de foi qui oublie de parler de l’amour passe à côté de l’essentiel. On a l’impression, à lire ces Symboles, que Jésus n’a rien fait que naître, mourir et ressusciter ; et qu’il n’a rien dit et rien entrepris d’autre.

Les Réformateurs ne rediscutèrent pas trop ces textes, trop occupés à se battre sur d’autres fronts. Mais l’Église Réformée de France, lors de sa fondation en 1938, ne voulut pas se lier à ces déclarations trop anciennes et trop éloignées du fondement évangélique. Dans sa déclaration de foi, elle affirme seulement que la foi chrétienne se perpétue à travers ses expressions successives, dont le Symbole des Apôtres et autres Symboles Œcuméniques et Confessions de foi protestantes. Ceci est bien exact. La foi chrétienne, dont les Réformés ont hérité, est passée par ces Symboles. Mais elle n’est pas exprimée aujourd’hui par eux. Les libéraux ne sont évidemment pas pour rien dans cette heureuse formulation.

Il en résulte que, aujourd’hui, lorsque celui qui préside le culte lit l’un de ces Symboles, nous pouvons les entendre comme des expressions qui ont permis à la foi chrétienne de se perpétuer. Mais il ne faudrait pas les dire tous ensemble à haute voix, parce qu’un trop grand nombre n’y croit plus. Qui peut croire aujour-d’hui à la résurrection de la chair ? Qui peut certifier que Jésus reviendra du ciel pour juger les vivants et les morts ? Pourquoi se forcer à proclamer ce qui n’a plus de sens pour nous ?

Heureusement nous disposons aujourd’hui d’une quantité de confessions de foi plus modernes qui évitent ces formules désuètes. Mais, dans une assemblée cultuelle, il n’y a pas deux personnes qui « confesseraient » leur foi de la même manière, et aucun texte ne peut représenter la foi de l’ensemble de l’assemblée à qui d’ailleurs on n’a pas demandé son avis. C’est pourquoi les confessions de foi ne peuvent être que celles de leur auteur, qu’il est intéressant d’écouter comme témoignage. Il faut laisser chacun exprimer sa foi comme il l’entend et ne pas lui dicter ce qu’il doit croire. feuille

Henri Persoz

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