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Numéro 182 - Octobre 2004
( sommaire )

Regarder, Écouter, Lire

Livre : Une source d’informations en théologie pratique : les Cahiers de l’IRP

La théologie pratique est la branche de la théologie qui s’intéresse en priorité à ce qui se passe concrètement dans les Églises et parmi les chrétiens : problèmes d’organisation, de liturgie, de prédication, de cure d’âme, d’enseignement religieux, de relation avec les arts et les diverses formes de culture contemporaine, etc.

Longtemps, la théologie pratique fut un peu le parent pauvre de la théologie. Mais ces vingt ou vingt-cinq dernières années, les représentants de cette branche de la théologie ont fait de gros efforts pour renouveler leur réflexion et la mettre à la portée des principaux intéressés. C’est ainsi qu’a été fondée, en 1991, une Société internationale de théologie pratique (d’expression française), et que les publications se sont multipliées, sous forme de livres ou d’articles de revues.

L’une de ces dernières est précisément spécialisée en théologie pratique : les Cahiers de l’IRP. Il s’agit de petits cahiers, édités à raison de trois numéros par an, par l’Institut romand de pastorale actuellement domicilié à la Faculté de théologie de l’Université de Lausanne.

De format A5, réalisés à moindres frais, ces Cahiers de l’IRP existent depuis mai 1989 et en sont à leur 49e livraison. Leur contenu, très varié d’une livraison à l’autre, est en général de nature à intéresser un lectorat bien plus large que celui des seuls spécialistes. Les conseillers presbytéraux et autres personnes intéressées par la vie concrète de nos Églises peuvent y trouver largement de quoi satisfaire leur curiosité ou leur besoin d’informations. Les auteurs des articles sont presque toujours protestants, rattachés à l’une ou l’autre des Facultés de théologie de France, de Belgique ou de Suisse romande. Mais la voix du terrain s’y fait aussi entendre, par des contributions de pasteurs ou de laïcs à l’œuvre dans tel ou tel secteur d’activité.

L’abonnement annuel pour trois numéros est de 9,00 Euros. Adresse : Institut romand de pastorale, BFSH 2, CH-1015 Lausanne. Commande en ligne : www.unil.ch/irp. feuille

Bernard Reymond

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Livre : Histoire de Jésus ? Nécessité et limites d’une enquête, livre d'Étienne Nodet

Étienne Nodet est dominicain et polytechnicien, et l’un des chercheurs les plus en vue à l’École Biblique de Jérusalem. Mais son attachement à l’Église s’efface très rapidement devant les résultats de ses recherches, et c’est avec une grande liberté intellectuelle qu’il nous livre là un regard extraordinairement neuf sur le Christ, en réexaminant ce que l’on sait de lui dans les Évangiles par rapport aux découvertes les plus récentes concernant le judaïsme du premier siècle.

C’est ainsi qu’il nous fait apparaître des enjeux que l’on ignorait dans la prédication du Christ et dans certains de ses gestes. Dire que Jésus était juif n’est pas nouveau, mais on découvre aujourd’hui que le judaïsme du temps de Jésus ne se limite pas au Talmud et au Midrash, mais était une véritable nébuleuse avec des espérances, des combats, des options très variés. C’est à partir de cela qu’Etienne Nodet relit l’Évangile en nous donnant des clés de lecture inédites. Si l’on regarde la Cène, par exemple, non plus à partir du repas pascal, mais à partir d’un rite essénien où ce genre de repas annonçait l’entrée dans l’eschatologie, alors beaucoup de choses s’éclairent...

Voilà un livre certes de niveau plutôt universitaire et difficile, mais d’une lecture très stimulante et recelant ici ou là de vrais trésors.feuille

Louis Pernot

Étienne Nodet : Histoire de Jésus ? Nécessité et limites d’une enquête. Cerf, 2003, 244 p., 19 €.

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Livre : Le pasteur Samuel Vincent à l’aurore de la modernité. 1787-1857

Au début du dix-neuvième siècle, le pasteur Samuel VINCENT a eu le souci du renouveau spirituel, théologique et intellectuel d’un protestantisme français sorti très affaibli d’un siècle de clandestinité. Il traduit des ouvrages de l’anglais et de l’allemand, publie une revue de théologie, présente le protestantisme au grand public, répond aux attaques de Lammenais. Ce précurseur du libéralisme veut penser la foi dans le cadre de la modernité naissante. On vient de publier les actes d’un colloque qui lui a été consacré à Nîmes en 2003. On y trouve le meilleur comme le pire : d’excellentes communications situent bien l’œuvre de Vincent et ouvrent des perspectives nouvelles ; d’autres superficielles, parfois mal informées, sont de bien mauvaise qualité. On regrette qu’on n’ait pas fait un tri pour la publication et que l’impression, artisanale, soit médiocre (présentation peu soignée, nombreuses coquilles). C’est dommage. Il n’en demeure pas moins que s’il faut l’utiliser avec discernement, il y a beaucoup à glaner dans ce volume. Signalons, entre autres et comme particulièrement bienvenus, les textes de nos collaborateurs André Gounelle et Bernard Reymond.feuille

Laurent Gagnebin

Collectif, Le pasteur Samuel Vincent à l’aurore de la modernité, 1787-1857, Société d’Histoire du Protestantisme de Nîmes et du Gard, 3 rue Claude Brousson, 30000 Nîmes, 359 pages, ISBN 2.950 8651

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Cinéma : "Amen" Les wagons de la honte de Costa-Gavras

On a beaucoup reproché au réalisateur Costa-Gavras d’avoir un peu trop insisté tout au long de son film Amen sur le même train de marchandises traversant la campagne. Mais c’est ne pas remarquer que ces plans répétitifs ne sont qu’apparemment identiques. Un peu plus d’attention montre que certains trains traversent l’écran de droite à gauche et d’autres de gauche à droite, que d’aucuns passent toutes portes ouvertes et vides et d’autres entièrement fermées. Cette image insistante est en fait la colonne vertébrale du film, son leitmotiv métaphorique : le charroi quotidien de centaines et de milliers de juifs vers les fours crématoires.

Ce qu’a voulu de toute évidence l‘auteur, c’est impressionner notre regard en faisant défiler à toute vitesse ces wagons prétendument « à bestiaux » dans l‘espace paisible de nos insouciances. Il a voulu inscrire dans le temps et la durée la persistance de ce mouvement incessant et de ce bruit obsédant. Cette obsession de l’image et du son est sa manière à lui de dire à chacun : souviens-toi !

Hélas, comme nous l’avons appris depuis, trop de prudence et d’hypocrisie frapperont de cécité les populations et la majorité de leurs représentant spirituels.

Pourtant, deux individus, deux chrétiens vont se battre au nom de l’Évangile contre l’horreur.

Chacun apparaît dans cette fiction étonnamment conforme à sa tradition théologique :

Le protestant, qui de l’intérieur même du système – il est officier SS –, dénonce le crime à tous les niveaux par sa parole et tente de saboter la cadence de production du gaz mortel.

Le catholique, prêtre jésuite, proche du Vatican, ne trouve pas d’autre issue devant le silence de ses pairs que le Sacrifice de sa vie en se faisant embarquer, l’étoile jaune cousue sur sa soutane, dans un de ces trains maudits, que la caméra nous révèle tout à coup, grouillants de femmes, d’enfants et de vieillards.feuille

Jean Domon

Amen de Costa-Gavras

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Écouter : Pour un libéralisme musicologique...

Évangile et liberté vous parle souvent de libéralisme théologique. Les avancées que la théologie a pu connaître avec les libéraux et certains des travers qui en découlèrent se retrouvent dans le domaine musical.

Il y a maintenant une vingtaine d’années qu’un regain d’intérêt pour la musique baroque s’est fait jour. Les gens qui y participaient viennent d’horizons très différents, de Harnoncourt, violoncelliste éduqué dans la grande tradition viennoise à Herreweghe, psychiatre gantois qui lance en autodidacte le Collegium Vocale, choeur, amateur à l’origine, dont la qualité n’a plus à être vantée (CDHarmonia Mundi). Tous deux, avec G. Leonhardt, participent à une pierre miliaire dans ce travail, l’intégrale des Cantates de Bach (CD Teldec). Et voici qu’apparaît un travail d’« exégèse historico-critique » des traités anciens qui dormaient dans les bibliothèques.

Peu d’écrits cependant destinés à un public général si on fait exception des 2 volumes de Le Discours musical (1. Monteverdi, Bach, Mozart ; 2. Pour une nouvelle conception de la musique, tous 2 dispo. chez Gallimard). Curieusement une science aussi peu exacte génère rapidement des intégrismes de chapelles qui se couvrent mutuellement d’anathèmes, nouvelle dispute des Anciens et des Modernes, des baroqueux et des romantiques, on pourrait dire des orthodoxes et des libéraux…

Heureusement les choses semblent changer, les écrits de R.Taruskin (en anglais, Oxford University Press) et les récents enregistrements de Strauss dirigés par Harnoncourt à la tête de l’Orchestre Philharmonique de Vienne, tout récemment, Bruckner sous la baguette de Herreweghe ou encore Minkowski qui dirige Offenbach au Châtelet (Octobre 2004) en sont des signes encourageants…

À suivre… feuille

Louis Catala

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