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Numéro 177 - mai 2004
( sommaire )

Billet

Refondations !

L’histoire nous donne des leçons. L’histoire de la religion égyptienne par exemple. De quoi est-elle morte ? Sans doute d’avoir trop accumulé de concepts et de personnages. A chaque nouvelle question un nouveau dieu ou un nouveau lieu… A force d’accumulation, on ne comprend bientôt plus rien. Beaucoup plus tard, la science aristotélicienne a suivi le même chemin, la même impasse, en ajoutant une nouvelle « petite loi » pour répondre à chaque nouvelle « petite question ». Il aura fallu des Giordano Bruno, Copernic et Newton pour refonder la science à partir d’une nouvelle logique, d’un nouveau système. Quelles leçons tirons-nous de l’histoire ? Visiblement aucune.

Prenons un exemple : l’Eglise Réformée de France réfléchit actuellement sur le ministère pastoral. Notre journal s’en est fait l’écho. Que constate-t-on dans ces débats ? Une série d’accumulations issues de l’histoire. Au XVI° siècle, le pasteur était un théologien-prédicateur ; au XVII° siècle, on attend de lui une exemplarité de vie (c’est le siècle des puritanismes) ; au XVIII° siècle, il devient un leader quasi-prophétique ; au XIX° siècle, le grand siècle bourgeois, le pasteur devient un aumônier-chapelain dont le rôle principal est la visite ; au XX° siècle, il doit s’engager socialement et être de surcroît un spécialiste de l’animation. En cette aube de XXI° siècle, on attend simplement du pasteur qu’il soit théologien, prédicateur, exemplaire, prophète, visiteur, animateur, gestionnaire, voire plombier, informaticien, journaliste, bricoleur et psychologue. C’est tout ! Etonnez-vous après qu’il soit fatigué ou « en crise »… A moins que le pasteur idéal soit quelqu’un qui soit « moyen » partout. Motivant, non ?

Face à cette réalité, il existe deux solutions, toutes deux radicales. La première consiste à affirmer, comme les réformateurs, la prédominance de la théologie sur tout le reste. Il faudrait alors approfondir la question des ministères des laïcs, afin de satisfaire les autres attentes. La seconde solution consiste à considérer que les pasteurs doivent répondre à toutes ces demandes. Ils ne sont pas surhumains. Cassons plutôt le modèle pastoral classique « un pasteur – une paroisse » et constituons des « équipes pastorales » où l’on n’attend pas tout de chacun. Agissons sur la diversité des qualités, et des défauts… Cela ferait évoluer l’ensemble de l’Eglise dans une attitude moins « club » et plus « témoignante ».

Dans les deux cas, il s’agit de refondation ou de « réforme permanente » comme Calvin nous invitait à le faire. Cela ne se fera pas sans douleur, mais avons-nous le choix ? Alors, impasse historique ou refondation dynamique ? feuille

Jean Marie de Bourqueney

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