Il y a bien longtemps,
une divinité interpellait les hommes : Écoute
je
suis
le « dieu un ».
Cétait une grande chose, il y avait un dieu
pour un peuple, un peuple unique pour un dieu unique. Ce fut un grand
progrès, une délivrance de la foule des dieux et des esprits
qui manipulaient les hommes qui eux, ne savaient à quel «
saint » se vouer. Ce fut aussi un grand progrès vers la
compréhension de lunicité de lhumanité
au travers et malgré la diversité des langues, des cultures,
des religions.
Le un est en effet la base du monde. Lenfant commence
à apprendre un, puis deux, puis trois
Ensuite, mais bien
plus tard apparaît le zéro, tant il est difficile de comprendre
ce quil signifie, dailleurs ladulte continuera longtemps
à sinterroger sur ce quest le zéro, le néant.
Bref, lun est finalement bien accepté et
même devint un objectif, un but à atteindre. On cherchera
donc à unifier la société, unifier la langue, unifier
la monnaie
que sais-je encore.
Cest alors que tout bascula. Il y eut une frénésie
de recherche dunité. Tout devait être unifié
sur la planète terre. Déjà un seul état
avait la puissance nécessaire pour penser pouvoir imposer sa
volonté partout. Déjà les échanges commerciaux
devaient se faire de la même manière partout. Déjà
on parlait dune banque mondiale, dun tribunal mondial.
Et pourtant les choses nétaient toujours
pas satisfaisantes et même souvent franchement insupportables.
Que se passait-il donc ?
Cétait assez simple en vérité,
mais ils nen avaient pas pris conscience. Ils avaient cru que
dans le « dieu un », dieu était un nom et un, un
adjectif. Ils avaient cru que cela voulait dire que Dieu était
unique, ils sétaient dailleurs battus pour imposer
aux autres leur « dieu unique ». En réalité
cétait exactement linverse, un était un nom
et dieu, un adjectif. Bref cest lun qui est dieu et donc
vouloir créer de lun, de lunique, est tout simplement
un blasphème. Cest vouloir créer du « dieu
» sur terre.
Seul donc le multiple est humain et porteur de vie, on
le voit bien a contrario, cest la mort qui est lunique partagé
par tous.
Jean-Claude
Deroche