La connaissance religieuse
est (...) condamnée à exprimer l'invisible par le visible,
l'éternel par ce qui est temporaire, les réalités
spirituelles par des images sensibles. Elle parlera nécessairement
et toujours en paraboles. La théorie de la connaissance religieuse
s'achève dans une théorie du symbole et du symbolisme.
L'idée du symbole
et l'idée du mystère restent corrélatives. Qui
dit symbole, dit tout ensemble occultation et révélation.
En devenant présente et même sensible, la vérité
vivante demeure encore voilée. La même image qui la révèle
au cur reste pour l'intelligence, une infranchissable barrière.
Le symbole est le seul
langage qui convienne à la religion. Nous avons besoin de connaître
ce que nous adorons, car on n'adore point ce dont on n'aurait aucune
perception; mais il n'est pas moins nécessaire que nous ne le
comprenions pas, car on n'adorerait pas davantage ce que l'on comprendrait
trop clairement, parce que comprendre, c'est dominer. Telle est la double
et contradictoire condition de la piété, à laquelle
précisément le symbole semble être fait pour répondre.
Ainsi, la piété n'a-t-elle jamais eu d'autre langage.
Auguste SABATIER,
Esquisse d'une philosophie de la religion, 1897.