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articles du N° 167 - Juin 2003

( sommaire )

Éditorial : Vers une nouvelle direction

Pour assurer l'avenir de notre publication, le professeur Laurent Gagnebin, en avril, a été élu prochain directeur et le professeur Raphaël Picon prochain rédacteur. C'est volontiers que je leur passe la main. Mais afin de se mettre au courant, ces deux personnalités m'ont demandé de continuer cette responsabilité encore plusieurs mois jusqu'à une date à fixer d'un commun accord.

Nous faisons confiance à ce “ tandem ”.

Dans ce cadre, désormais, le pasteur Pierre-Jean Ruff est invité à rédiger des numéros spéciaux.

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Nous n'avons pas l'intention de poursuivre longuement l'oeuvre heureuse et bénéfique qui nous a été confiée durant une quinzaine d'année. Pourquoi ? Les stressantes séances de nuit exigent une promptitude d'esprit propre aux jeunes. Personnellement la limitation de la liberté d'expression (interdiction de publication du courrier des lecteurs critiquant la ligne de rédaction d'un numéro), me parait sortir de l'esprit libéral et inacceptable. Enfin “ il y a un temps pour tout ” et pour tous. Il convient de laisser la place aux temps “ opportuns ”.

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Pour les travaux, labeurs, soucis, “ opiniatreté ” (selon le langage passé), notre récompense est l'amitié, les encouragements, les approbations de très nombreux lecteurs qui s'expriment par lettre, conversations, email, téléphone. Cette confiante marche ensemble pendant des années a dévoilé une communauté grandissante de foi, de sincérité, “ de compagnonnage de misère, de royauté et de résistance ” (Apo. 1/9). Malgrès les difficultés de la presse protestante de cette période, le nombre des abonnés n'a pas cessé d'augmenter.

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Dans les pages des prochains numéros nous vous accompagnerons, Dieu voulant, lecteurs et responsables. Vous pouvez compter sur notre loyauté vis-àvis de l'Évangile, notre ouverture aux critiques et notre dévouement à l'égard de chacun quel qu'il soit.

Des réflexions sur les années passées du journal paraitront ultérieurement.

Christian et Solange Mazel

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Textes divers

Viens !

Viens mon peuple,

l'Esprit t'a préparé l'Évangile.

Avec mon Esprit

pars enfanter l'autre face de la terre

de la terre et des vivants.

Viens !

A ceux qui travaillent

donne le juste salaire,

à ceux qui n'ont pas de travail

donne l'espoir et ton respect,

à ceux qui souffrent

donne ta compassion

à ceux qui pleurent

donne ton sourire

comme l'aube d'un nouveau jour !

A ceux qui attendent

dans le froid de la solitude

donne la chaleur de tes mains.

A ceux qui ont faim

donne ton pain.

A ceux qui n'ont rien

donne ton bien.

Aux infaillibles de la vérité

donne la souplesse du jugement.

A ceux du mépris,

à ceux de l'échec,

à ceux de la souillure,

à ceux du péché,

aux diminués du corps,

aux infirmes du coeur,

aux affaiblis de l'esprit

donne ton amour

comme une source coulant

dans le désert de leurs jours.

Viens mon peuple

baptisé dans l'unique Esprit !

Viens et donne !

Pour créer avec moi

la terre des vivants,

prends les dons

qui te viennent de mon Esprit,

et puis viens,

suis-moi dans le vent !

Charles Singer

Buisson ardent

Le buisson de la Pentecôte

L'arbre de feu aux milles langues

S'illuminait dans l'air cendré.

Et les humains au coeur souillé

Contemplaient de loin le prodige

Où leur honte se consummait

Tandis que la gloire du ciel

Embrasait de nouveau le monde.

Grand arbre porteur de message

Tu brillais au petit matin

Tels les feux d'un bateau de ligne

Sur le brouillard fin de la mer.

Et l'incendie perpétué

Auréolait chaque aube grise

Car l'arbre ne se consummait

Ni ne taisait ses flammes vives.

Pierre Etienne
“ Étrangers et voyageurs... ”

La Bible, un livre d'air

La Bible est un livre qui est fait de beaucoup de livres,

et dans chacun d'eux beaucoup de phrases,

et dans chacune de ces phrases beaucoup d'étoiles,

d'oliviers et de fontaines, de petits ânes et de figuiers,

de champs de blé et de poissons - et le vent, partout le vent,

le mauve du soir, le rose de la brise matinale,

le noir des grandes tempêtes.

La Bible est le seul livre d'air, un déluge d'encre et de vent.

Un livre insensé, égaré dans son sens,

aussi perdu dans ses pages que le vent sur les parkings

des supermarchés dans les cheveux des femmes,

dans les yeux des enfants.

Un livre impossible à tenir entre deux mains calmes

pour une lecture sage, lointaine : il s'envolerait aussitôt,

éparpillerait le sable de ses phrases entre les doigts.

On prend le vent entre ses doigts

et très vite on s'arrête comme au début d'un amour...

Christian Bobin
Le Très Bas,Gallimard, 1992

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I Pierre 2 /11, Voici le temps des vacances

Voici le temps des vacances, où beaucoup deviennent nomades, étrangers, voyageurs. C'est vrai que certains croient voyager et traînent avec eux tant de choses, objets, habitudes, ou passent tellement vite qu'ils sont sourds et aveugles à toute nouveauté qui pourrait les atteindre.

C'est vrai aussi que certains qui restent dans les rues vides des villes se mettent à voir, à entendre, à marcher.

C'est vrai encore que pour d'autres les vacances sont un arrêt dans leur vie agitée et nomade, où ils ne pensent qu'à chercher un trou et rester là ; mais peut-être que ceux-là voyagent plus et mieux que certains touristes pressés, parce que prendre le temps de regarder le ciel, les arbres, les fleurs, les autres, c'est déjà pour beaucoup un voyage loin de ce qui fait la matière même de leur vie quotidienne.

Notre vocation de chrétiens, c'est d'être nomade, de passage, inadaptés, instables, en voyage vers un autre pays, un autre royaume, plutôt de l'ordre du mystère et du rêve que d'une prospective réaliste, mais qui pourtant brûle déjà profondément dans l'espoir des hommes et les déstabilise. Et cette instabilité, il faut la vivre au jour le jour, dans nos rencontres, nos découvertes, et même nos habitudes. Même à deux ou trois ensemble pour longtemps, on n'a jamais fini de l'un vers l'autre - si on croit se connaître, on se tue - même au bout de dizaines d'années. Il faut s'avouer encore étranger l'un pour l'autre - si on est certain du contraire, c'est qu'on a écrasé l'autre, qu'on l'a enfermé, étiqueté, réduit, figé - même après des dizaines d'années, on peut marcher l'un vers l'autre, et aussi marcher ensemble vers ce monde qu 'on croit connaître, qu'on croit pouvoir juger mais qui est toujours à découvrir.

Être nomade, c'est aussi mettre sans cesse en mouvement toutes nos certitudes, marcher sans fin vers la vérité, ne jamais stabiliser notre foi.

La santé, la vie de la foi, c'est le doute.

Le doute, c'est une foi qui marche, qui se cherche et se retrouve sans cesse, qui meurt et se recrée sans fin aux blessures et aux cris du monde, et non une croyance repliée sur elle-même, sourde et aveugle aux questions incessantes qui la mettent en marche.

Nos Églises aussi ne doivent jamais craindre d'être instables, changeantes, incertaines, fragiles, c'est leur condition même.

Quand elles s'installent, elles sont dans une impasse. Quand elles s'accrochent à leur passé, elles reculent. Quand elles se mettent en cause, qu'elles se cognent, qu'elles se blessent aux signes de l'avenir, c'est que le vent de Dieu les pousse et alors elles ne savent plus où elles vont. Elles vivent dans une peur joyeuse qui les entraîne toujours plus loin.

Le temps des vacances nous rappelle notre vocation d'“ étrangers et voyageurs ”, pas de ces touristes qui passent à la surface des choses sans aucun risque d'être changés, pas non plus de ces évadés suicidaires qui se perdent, qui se fondent, qui s'oublient, mais de ces explorateurs de la foi qui ouvrent grands leurs yeux et leurs oreilles, qui se laissent heurter, bousculer par ce qu'ils voient et ce qu'ils entendent et qui cherchent sans cesse à y confronter ce qu'ils croient, à le redire, à le revivre, à le recréer sans fin, d'étape en étape, de découverte en découverte, à la poursuite de celui qui a dit : “ Je suis le chemin ”.

Jacques Juillard

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Sainte incrédulité

Personne n'est propriétaire

de l'Évangile.

Personne n'est le gardien

de l'Évangile.

C'est l'Évangile qui garde

les esprits

et les coeurs !

À l'égard de la foi, à l'égard des croyances, nos réactions sont très souvent paradoxales. D'un côté, croire revêt pour nous une grande valeur. L'incrédulité nous semble un manque. L'incroyant nous paraît rater une dimension fondamentale de l'existence. Mais d'un autre côté, la crédulité nous paraît synonyme de voie facile, voire de niaiserie. La crédulité n'a rien de préférable à l'incrédulité. Pour résoudre ce paradoxe, nous traçons volontiers une frontière entre la “ bonne ” foi et celles qui seraient mauvaises. Il s'agit alors du contenu de la croyance, et non plus de la démarche de foi.

Dans l'Évangile, l'aspect paradoxal du croire était déjà présent. Je pense ici au statut étonnant de l'incrédulité dans le texte de Marc.

Bien entendu, nous avons en mémoire la réprimande de Jésus à ses disciples, peu après la résurrection. Il leur reproche leur incrédulité. Il est mauvais de ne pas croire. Mais ce texte, nous le savons, a été ajouté tardivment. Nous sommes au temps de l'Église. L'incrédulité est alors une faute morale.

Il n'en est pas de même avant. Dans Marc VI/5, Jésus est soudain incapable d'accomplir un miracle. Cela semble une “ panne ” de son pouvoir. À ce moment, il s'étonne de l'incrédulité des foules. À cet étonnement n'est associée aucune réprobation. Tout se passe comme si la croyance était la règle, et l'incrédulité une exception.

Plus loin, nous trouvons l'épisode célèbre de la rencontre avec le père de l'enfant possédé. Là apparaît dans l'Évangile cette phrase inoubliable : “ Je crois ; viens au secours de mon incrédulité ” (IX, 24). Bien des indices permettent de dire qu'il s'agit de l'une des clefs de lecture de l'Évangile. Il apparaît vers le centre de l'Évangile, après la deuxième multiplication des pains, entre deux annonces par Jésus de sa mort et sa résurrection.

Quand l'homme vient touver Jésus, il ne semble pas convaincu d'obtenir un résultat : “ Si tu peux quelque chose... ”. La démarche est hypothétique. C'est l'état d'esprit de quelqu'un qui essaie un nouveau médicament, en supposant qu'à défaut de faire du bien, il ne peut guère faire du mal.

Jésus, dans sa réponse, semble accorder une immense valeur au croire. “ Tout est possible à celui qui croit ”. La réponse de l'homme est alors doublement paradoxale. Il devrait dire : “ Je doute ; viens au secours de ma foi ”. Il pourrait s'exprimer ainsi : “ Je crois, mais pas assez ; augmente en moi la foi ”. En réalité il affirme une foi sans faille ; “ Je crois ”. La certitude de cette conviction tranche de manière étonnante avec l'aspect hypothétique de sa démarche préalable. Le lecteur pourra supposer que l'homme, à la rencontre de Jésus, a vécu une illumination. Sa foi, timide jusque-là, est devenue certaine.

Mais cela ne suffira pas résoudre l'aspect énigmatique de la réponse. En effet, l'homme ajoute :

“ Viens au secours de mon incrédulité ”. Dans nos lectures habituelles, de manière très intuitive, nous comprenons cette formule comme équivalente à celle-ci : “ Viens au secours de ma foi ”. Le paradoxe est alors le suivant : dans cette phrase, le mot “ incrédulité ” serait un strict équivalent du terme “ foi ”. L'incrédulité et la foi seraient interchangeables. C'est ainsi que le récit établit un décalage, par lequel la réponse de l'homme demeure une question ouverte.

Cette question pourrait être posée ainsi. Et si l'homme qui doute avait besoin qu'on vienne au secours de sa foi, tandis que celui qui croit avait besoin qu'on vienne au secours de son doute ? Si la foi, dans l'optique du Jésus de Marc, était une rencontre indissociable entre l'acte de croire et la défiance à l'égard des croyances ?

Cette lecture peut nous sembler étonnamment moderne. Toutefois, dans le texte, quand l'homme dit : "“ je crois ”, il ne dit nullement en quoi il croit. Quant au secours qu'il demande à Jésus, il est bien sûr d'aider son fils, mais aussi l'incrédulité qu'il ressent.

Ensuite, Jésus va dire à ses disciples que le miracle eut lieu par la prière. Dans le récit, Marc ne dit pas que quelqu'un a prié. La prière dont on nous parle semble être simplement cette relation établie entre le père de l'enfant, partagé entre foi et doute, et Jésus de Nazareth. Souvenons-nous : lorsque Jésus n'arrivait pas à faire des miracles, ses interlocuteurs étaient seulement incrédules. Cette fois, il arrive à guérir.

Peut-être faut-il comprendre qu'une vraie relation avec la transcendance est toujours un mélange de foi et de doute. La foi sans le doute serait un fanatisme. Le doute sans la foi serait l'expression d'un refus.

Tout est possible à celui qui croit... pourvu qu'il sache aussi demeurer incrédule !

Pierre-Yves Ruff
Rédacteur en chef de Théolib - Paris

Théolib : revue trimestrielle du Libéralisme théologique.
P. Y. Ruff : appt 441 - 27, rue Thibouméry - 75015 Paris.
Tél. 01 56 56 86 41

Les dernières livraisons : (18) Libéralisme d'hier et Libéralisme d'auhourd'hui (19) Eloge du doute (Gagnebin - A. Gounelle) ; (20) Monothéisme ; (21) Sagesse et religion.

On peut demander un numéro pour information.

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Ali et la harpe d'argent

Dans l'Europe continentale les médias ont focalisé unitéralement pendant quelques jours l'émotion des gens sur les drames de la guerre en Irak. Les actualités ont changé leurs matraquages. Mais les situations sociales, familiales et personnelles demeurent. Comment ne pas évoquer les événements tragiques (dont on ne parle pas) des guerres éthniques sub-sahariennes et les dizaines de milliers de victimes et de morts. Les reporters montraient pourtant une fois des petites filles (5 ou 6 ans) auxquelles un bras ou les 2 bras avaient été coupés à la machette par des guerriers sanguinaires. Quel avenir pour elles dans leur société ? A travers cette image de Bagdad, nous voulons nous rappeler et revivre tous les malheurs des guerres actuelles.

Christian Mazel

Quel beau titre et qui fait déjà rêver... Cela pourrait être un conte, comme “ Jack et le haricot magique ”, ou un conte de Noël... ! Mais en réalité, pauvre réalité, c'est une triste histoire, qui nous provoque à réfléchir et à tenter de remettre sans cesse à l'heure les aiguilles de nos pendules, de nos “ valeurs ” et de notre foi. Cette histoire, quand vous lirez ces lignes, peut-être appartiendra-t'elle déjà au passé : tout va si vite... Mais aujourd'hui où j'écris, c'est un double drame, un double naufrage qui fait s'entrechoquer à nos yeux la Grande et la petite H(h)istoire.

La harpe, merveille d'ivoire et d'argent, s'offrait à la contemplation dans une vitrine du musée archéologique de Bagdad. Datée de 30 siècles, elle venait des fouilles d'Ur. Cela ne vous dit rien ? Mais si, la Genèse (11,31) “ Térah prit Abraham, son petit-fils Loth et sa belle-fille Saraï. ils sortirent ensemble d'Ur-des-Chaldéens pour se rendre au pays de Canaan ”. Cette harpe est en quelque sorte, liée au destin d'Abraham, dont il est écrit aussi (Gn 12,3) : “ Je ferai de toi une grande nation et je te bénirai. Deviens donc une source de bénédiction. Toutes les familles de la terre seront bénies en toi ”.

Mais loin de faire ruisseler la bénédiction, les nations filles d'Abraham se sont lancé des malédictions dans lesquelles a disparu, au titre des “ dommages collatéraux ”, ce trésor émouvant. Cette harpe avait sans doute accompagné de doux moments, festins joyeux, chants d'amour, comme David s'en servit pour soulager Saül : “ Lorsque l'esprit de Dieu était sur Saül, David prenait la harpe et en jouait ; Saül respirait alors plus à l'aise et se trouvait mieux ” (1 Sa. 16,23).

Cette information sur le triste sort de la harpe millénaire m'a frappée. Bien avant Indiana Jones, j'avais eu très tôt la passion de l'archéologie et, jeunette encore, je m'étais attaquée au grec, à l'égyptien, au sanskrit, pour marcher sur les traces de Champollion. Et, comme le bondissant héros des “ Aventuriers de l'Arche perdue ”, je me suis imaginée arrachant au passé de tels trésors...

Or, le même jour, il y avait pour moi - et pour beaucoup- une information, oh combien consternante, avec l'image du jeune Ali, gisant dans un hôpital du même Bagdad : au titre des mêmes “ dommages ” susnommés, il a perdu sous sa maison son père, sa mère enceinte de 5 mois, son frère, ses 5 soeurs, et... ses deux bras, sans compter les brûlures au 3e degré.

La harpe d'argent et l'enfant : deux gâchis immenses, mais à des échelles si différentes. L'une, objet unique, rare, précieux, inestimable. L'autre, un simple échantillon parmi des milliards d'autres échantillons de cette banale espèce humaine qui grouille à la surface du globe ; comme eux, promis à la mort et à l'oubli le plus opaque, sans musée, sans vitrine. A l'oubli ?? Voire !! Mais, si ma mémoire est bonne, ce n'est pas ce qu'ensigne Jésus, ce n'est pas ce que je crois du Dieu, du Père, qu'il nous révèle : “ Elle a du prix aux yeux de l'Eternel, la mort de ses fidèles ” (Ps. 116,15). “ Sois sans crainte (...) je t'ai appelé par ton nom, tu es à moi ” (Es. 43,1). “ Une femme oublie-t-elle son nourrisson ? (...). Quand elle t'oublierait, moi je ne t'oublierai pas : voici, je t'ai gravée sur mes mains ” (Es. 49,15-16).

Le Ressuscité n'écrit pas l'Histoire des antiquités, si belles et uniques soient-elles, dans leurs vitrines. “ Dieu n'est pas le Dieu des morts mais des vivants ” (Mt 22,32). C'est pourquoi il écrit l'Histoire avec des hommes, des femmes, des enfants qu'il entraîne à sa suite dans la Vie pour ce jour et demain. Ce sont d'eux, de nous, que doivent sortir les airs joyeux, l'écho des festins partagés, les chants d'amour, les musiques de consolation et de paix. Ali pourra-t-il encore chanter, et qui chantera à ce fils d'Abraham la joie, l'amour, la consolation et la paix ? De quel festin sera-t-il encore l'hôte, à la place d'honneur ? Car elle a du prix au yeux de Dieu, la petite musique, unique et rare, de l'enfant dont le nom est gravé au creux des mains du Père.

Je partage la tristesse nostalgique des “ Aventuriers de la Harpe perdue ”, mais je suis encore plus affligée, car, sur les rives des fleuves de Babylone, non seulement on pleure encore, et les harpes sont endeuillées et muettes, mais on écrase encore les enfants contre le roc (Ps. 137). Mais je veux, malgré tout, donner ma foi au Christ, au grand Aventurier des Hommes perdus, au Berger qui nous compte et nous recompte, et parce que le compte de la Grâce y est toujours, dit toujours au Père : “ Je n'ai perdu aucun de ceux que tu m'as donnés ” (Jn 18,9).

Christine Leis-Durand
Pasteur Aumônier en milieu hospitalier
Paris, avril 2003

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De la liberté

Tant que je suis dans un chemin que je décide, je risque d'être dans la répétition ou dans la réparation de ce que j'ai reçu dans mes modèles éducatifs. “ Je fais comme ” ou “ je fais contre... ”, mes parents, l'Église ou la société. Dès que j'entre dans un chemin qui m'est offert, j'entre dans la liberté.

La liberté, c'est de ne pas choisir, mais d'être choisi, et de s'abandonner. “ Je choisis" ”est une illusion de liberté, car je choisis toujours en fonction de comportement de réparation ou de répétition. Être libre n'est pas choisir. C'est de ne plus avoir à choisir. C'est accepter d'être choisi, appelé, promu, dans la jouissance de ce que je reçois.

La vie n'est pas ce que j'en fais, mais aussi ce que j'accepte qu'elle fasse de moi. Comment est ce que j'accepte de me laisser surprendre et guider ?

Ce qui m'étonne, c'est que souvent les personnes pressentent depuis longtemps où elles doivent aller, comme si elles étaient conduites vers ce choix mais sans avoir été en mesure encore de l'écouter.

Comme s'il fallait passer par un temps d'attente, mais aussi d'épreuves dans son couple ou dans sa vie professionnelle, pour enfin accéder à un choix plus juste c'est-à-dire plus conforme à un désir profond, à sa mission ou qui permette d'occuper sa vraie place.

Trouver ce chemin de liberté, c'est le moment où il y a adéquation entre ce qu'il y a de plus profond en moi et ce vers quoi je me sens appelé.

Cette expérience d'être trouvé, rencontré, n'a parfois lieu qu'une seule fois dans sa vie, dans des moments de crises et de choix existentiels profonds qui réorientent toute l'existence.

C'est une invitation à habiter le meilleur de soi même. C'est un moment qui nous autorise enfin à investir toutes nos capacités.

Cela nous fait vivre une sorte de retournement, où nos forces peuvent nous surprendre. Nous pouvons devenir ravi, transporté par nous-même, alors que jusque-là nous étions tirés, retenus par nos peurs. C'est une expérience spirituelle d'illumination et de conversion. C'est le moment où nous prenons conscience que nous sommes portés dans une identité au-delà de nous-mêmes.

C'est finalement très libérant de penser que nous ne sommes jamais, et à la fois toujours, à la hauteur de ce vers quoi nous pouvons êtres envoyés. Nous nous surprenons nous-mêmes.

Notre conviction ultime c'est que notre vie prend pleinement son sens lorsque nous nous dessaisissons de notre puissance. Lorsque nous acceptons d'être au service de l'autre et de Dieu. C'est en devenant petit que nous devenons grands, c'est-à-dire en entrant dans une mission offerte que je trouve du sens. Accepter sa mission, c'est en partie renoncer soi-même et laisser toute la place à ce vers quoi je me sens appelé.

C'est un retournement. C'est là que je peux m'ouvrir à la liberté.

Jean-Paul Sauzède

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La paix en questions

Pour avoir la paix...

Nous nous isolons dans notre petit monde à nous,

chacun séparé de l'autre par ses silences,

ses méfiances ses peurs peut-être.

Une communauté selon le coeur du Christ

c'est au contraire l'accueil,

l'écoute,

le risque de la rencontre,

la communion...

La Paix est un travail,

c'est une tâche.

Il faut faire la paix comme

on fait du blé.

Il faut du temps pour faire la paix

comme il faut des années pour faire une rose

et des siècles pour faire une vigne.

La paix n'existe pas à l'état sauvage :

il n'y a de paix qu'à visage humain.

François Arnold

La paix en questions

Dans la première moitié de cette année 2003, nombreuses ont été les manifestations ou les déclarations en faveur de la paix. Il est permis pourtant de se poser quelques questions quant au sens du mot “ paix ”, car il ne semble pas toujours recouvrir la même réalité.

Signification des manifestations

Remarquons tout d'abord que la paix ainsi réclamée est sélective. Voici quelques années, au temps de la guerre du Kosovo, les manifestations pour la paix étaient beaucoup moins nombreuses ; quand les bombes tombaient sur Belgrade, étaient-elles donc moins meurtrières que celles qui sont tombées sur Bagdad ? De même les protestations sont rares à propos de la Tchétchénie, où il y a plus de morts, de violations des droits de l'homme et de destructions que d'autres guerres, y compris en Irak.

Des jeunes ont participé aux défilés de ce printemps. On en a conclu qu'ils faisaient ainsi preuve de réflexion politique. Pourquoi pas ? Encore que... cette interprétation ne serait-elle pas trop optimiste ? Peut-on avancer une autre hypothèse ? Ce pacifisme-là lutte contre une situation de guerre dans un pays étranger, alors que la situation du nôtre n'est pas si paisible. Ces jeunes manifestent pour la paix ; mais vivent-ils eux-mêmes en paix ? Ce refus de la guerre en Irak n'exprimait-il pas un désir plus profond : celui de la paix en France ? On est d'ailleurs en droit de se poser la question pour d'autres pays que le nôtre : consciemment ou non, ces manifestations dans le monde n'étaient-elles pas dirigées contre les gouvernements ? C'était le cas aux États-Unis, mais aussi dans d'autres pays, y compris arabes.

Paix et société

Bon nombre de ces jeunes pacifistes vivent en fait dans des situations de violence. Ils connaissent et vivent une atmosphère d'agressivité permanente : bruits de toutes sortes, banalisation des discriminations racistes, y compris dans les lieux d'enseignement (avec, entre autres, une remontée de l'antisémitisme), affrontements de bandes, vandalisme (voire mise à sac de leurs équipements scolaires1). Et tout cela sur fond d'instabilité familiale. Sur fond de chômage aussi, avec économies parallèles, trafic de drogue et autres, le tout ne se limitant certes pas au “ problème des banlieues ” : le fait n'est pas circonscrit géographiquement.

Certains sociologues vont jusqu'à parler d'une “ société paranoïaque ”, avec généralisation de la méfiance réciproque, avec la projection sur l'autre de ses propres faiblesses et de ses peurs, et des réactions d'écorché vif. Dans le domaine civique, cela se traduit par le refus de gestes démographiques (refus de voter), ou bien par un vote pour les extrêmes, de gauche comme de droite. Cet appel incantatoire pour la paix n'est-il pas un exutoire ?

Paix et conflits

Dans la perspective de ces manifestations, la “ paix ” est définie négativement : comme la suppression ou l'absence de conflits. Passons sur cette manière de voir, qui rêve d'une vie sans conflits ; n'est-elle pas parallèle à la recherche de la “ sécurité ” et aux discours sécuritaires ? Serait-ce aussi le rêve d'une vie sans obligation de choix ni responsabilité ? Politiquement, ce n'est d'ailleurs pas si simple. Il y a des paix qui sont grosses de guerre. Les traités de Versailles et autres, qui ont été signés après une guerre qui devait être la “ der des der ”, celle de 1914-18, en est un bel exemple. De même que, a contrario, il y a des guerres qui sont libératrices, comme celle vécue en 1944-45.

Mais, surtout, une telle définition de la paix n'est que le triste héritage de la paix romaine.“ Pax romana ”, c'est une expression du philosophe Sénèque, né à Cordoue au début de notre ère ; elle décrit la domination d'un seul pays sur tous les autres, ce que nous critiquons aujourd'hui comme “ unilatéralisme ”. Il n'y a plus de guerre, puisque Rome règne sur l'Empire ! Le pouvoir des légions est censé supprimer les conflits2, et il suffit de crucifier les esclaves qui se rebellent.

La paix dans la Bible

Or, dans le langage biblique, la paix est différente de cette suppression des conflits, opérée par la force, et donc susceptible d'être déséquilibrée, si une force plus puissante agit dans le sens opposé. On critique volontiers l'atmosphère guerrière qui règne dans l'Ancien Testament, les nombreuses mentions des “ ennemis ”, de l'“ Éternel des Armées ”. On en oublierait que la paix biblique n'est pas une notion négative, mais dynamique, recherchant l'équilibre. Le mot hébreu “ schalom ”3 décrit en effet une situation vers laquelle on tend, état de complétude, d'accomplissement, d'achèvement (La même racine est employée pour l'achèvement du Temple par Salomon, I Rois 7,51) ; ce peut être aussi le rétablissement d'un état antérieur, y compris au point de vue santé.

Le Nouveau Testament ne s'appesantit pas sur une paix politique. En arrière-plan, Jésus décrit une situation où rôdent les guerres, signes avant-coureurs de la fin des temps (Marc 13, 5-8). L'Évangile tend vers une situation de paix nommée “ le royaume ”, accomplissement de la création et du salut. Il décrit, en attendant, une paix particulière, qui ne repose pas sur les données de ce monde, et que seul Jésus accorde aux siens (Jean 14,27).

Le mot “ paix ” est devenu dans notre culture un mot piégé4, parce absolutisé, et sans référence à d'autres valeurs ; d'autant que le laïcisme à la française, dans ce cas comme d'autres, n'apporte pas grande nourriture. Serait-ce une nouvelle idole, engendrée par l'angoisse et le manque d'espérance ?

Pierre Stabenbordt

1. Plutôt que le récent pillage du musée de Bagdad par des Irakiens, le parallèle ne serait-il pas l'action destructrice des Khmers Rouges, ou celle des gardes rouges chinois contre leur propre patrimoine ?

2. Dans les faits, la situation a été plus complexe, d'autant que l'Empire a rapidement dû se protéger derrière des murs !

3. En hébreu schalom est masculin, comme der Friede en allemand, en anglais peace est neutre, alors que le latin pax est féminin, comme la pace italien.

4. Il y en a bien d'autres, à commencer bien sûr par le mot “ amour ”, et celui de “ grâce ”, comme le faisait remarquer Laurent Gagnebin dans le numéro de mai.

Fiche la paix

Si quelqu'un exige qu'on lui fiche la paix

ce n'est pas nécessairement un homme de paix

La croix

Parmi les dommages

causés par la guerre

il y avait eu la chute de la grande croix

et la cassure des deux bras du Christ.

Un paroissien proposa au curé

de tenter la réparation.

Mais celui-ci répondit :

“ Je vous remercie sincèrement

mais je crois avoir une autre idée. ”

Et la croix - non réparée -

fut remise à sa place

avec une inscription interpellante...

“ Je n'ai plus d'autres mains que les tiennes ”

Et sans doute est-elle devenue

un signe plus parlant qu'avant sa chute...

La croix latine

La croix latine se présente comme le développement de la surface d'un cube. Or, selon Jérôme Carcopino, la pierre cubique était, dans l'Antiquité, l'accessoire indispensable des initiations (...). D'autre part, le cube est le symbole du Soleil dans le Pythagorisme (le chiffre 729, cube de 9, s'y rapportait).

Le Père Carballe (...) pense que la croix dérive de la stylisation de plus en plus shématique du corps humain. Il lui attribut toutefois un caractère religieux.

D'autres ont trouvé dans la croix la représentation graphique des organes féminins et masculins et, par suite, l'emblème la fécondation, puis de la vie (...)

René Guénon mentionne el arkân, ou croix du verbe, constituée par quatre équerres dont les sommets sont tournés vers le centre. Quatre voies partent donc du centre, ou y aboutissent, délimitant quatre régions de l'espace (Points cardinaux) autour de la région-centre arkan, ou force du monde. (...)

“ La croix, écrit Jung, a aussi la signification d'une borne entre le ciel et l'enfer, étant érigée au milieu du cosmos et s'étendent de tous côtés... ”

“ Idées pour tous ”

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Boudhisme et Christianisme : comparaison des démarches

Au point où nous en sommes, nous avons à nous demander si les différences entre les démarches des deux religions sont si profondes. Ces différences ne résideraient-elles pas plutôt dans les mots employés pour les décrire ?

Dans un cas, la recherche de l'“ éternité ”, c'est-à-dire d'une vie véritable non-engluée dans les souffrances et l'impermanence de la vie courante, la recherche du calme absolu du nirvâna, du silence et de la paix qui l'accompagnent est le fruit d'une méditation et d'une découverte selon une certaine forme d'ascèse. Tout se déroule rationnellement et est bien décrit par le Bouddha qui conduit vers une morale de volonté et de perfection. Dans l'autre cas, l'homme s'efface devant un “ Autre ” qui est aussi appelé Amour. L'éternité est trouvée à travers la faim de cet Autre, dispensateur de grâce qui vient au devant et au secours de l'homme. Seule cette présence comble le vide de la vie. II n'y a pas, pour le chrétien, d'éternité en solitaire, l'Autre est toujours présent.

Alors que le bouddhiste pense s'en sortir par la seule qualité de sa pensée, de sa méditation, il y a chez lui un certain retrait par rapport aux autres, presque un certain égoïsme, doublé de pessimisme : encore une fois, son éternité se gagne dans l'absolue solitude. Le chrétien se confie à cet Autre, tout en ignorant presque tout de lui, mais il lui fait confiance parce qu'ayant senti ce que lui apporte l'approche de la grâce, il désire se nourrir de celle-ci en s'oubliant lui-même.

En français le mot “ grâce ” rejoint l'idée de beauté. Une émotion de nature religieuse comme celle de l'irruption de l'Autre en nous peut être ressentie un peu, après coup, comme une émotion esthétique forte. Cela ne doit pas étonner. La “ beauté ” ouvre à l'idée de l'universel, de l'absolu et met sur une voie de perfection et d'éternité. Par l'arrivée d'une certaine forme de pensée, d'un certain sentiment de présence (ou d'évasion hors du contingent), d'évidence, captée ou seulement entrevue, se traduisent finalement les expériences spirituelles auxquelles les deux religions amènent leurs fidèles. Et cette étude peut prudemment se conclure par une mise dans un certain parallélisme des descriptions, donnés par des mystiques, de ces moments d'éternité, descriptions faites à travers des termes qui se répondent plus qu'ils ne s'opposent entre les deux religions :

Suspension du temps = éternité en face de connaissance de la souffrance.

Suspension du désir égoïste = plénitude en face de désir comme cause de souffrance.

Suspension du langage = silence en face de silence (extinction) du désir

Suspension de l'altérité = unité (amour) en face de vie droite, altruiste, détachée (la “ Voie ”).

Bien sûr, dans les deux démarches que nous avons tenté de décrire de façon très incomplète et simplificatrice, dans les deux états de l'esprit auxquels elles aboutissent, il est fait l'économie de toute idée d'au-delà et cela pour une double raison. D'abord parce que cette idée est absente du bouddhisme : la réincarnation nie en fait l'au-delà en reconduisant sur terre, “ la vraie délivrance du bouddhiste étant celle obtenue dans l'état de nirvâna dès ici-bas... et ne retarde point jusque dans l'au-delà la réalisation des promesses de salut ” (Alexandra David-Néel). Ensuite parce que le christianisme qui parle, certes, d'un au-delà n'en sait en vérité que bien peu de choses et ne peut raisonnablement que s'en remettre à Dieu qu'il sait bon : c'est là sa certitude.

Si l'on en reste donc à cette vie et dans ce monde, on arriverait ainsi à trouver quelques fortes raisons de rapprocher la recherche du bouddhiste qui, à travers la méditation, progresse vers la délivrance et l'intrusion, subite ou recherchée, de la grâce dans la vie terrestre du chrétien. Cette intrusion est aussi, selon le vocabulaire choisi, nommée découverte, dans ce temps de nos vies, du Royaume de Dieu, ouverture à la Vie éternelle, résurrection. Quelques citations à mettre en rapport vont clore ce bref essai.

Citations

Mat 6, 33 : Préoccupez-vous d'abord du Royaume de Dieu et de la vie juste qu'il demande et Dieu vous accordera aussi tout le reste.

Luc 18, 16 : Laissez les enfants venir à moi ! Ne les empêchez pas, car le Royaume de Dieu appartient à ceux qui sont comme eux.

Jean 3, 5 : Personne ne peut entrer dans le Royaume de Dieu s'il ne naît pas d'eau et de l'Esprit Saint.

Jean 17, 3 : La vie éternelle consiste pour eux à te connaître, toi le seul véritable Dieu et à connaître Jésus-Christ que tu as envoyé.

Milanda panha IV, VII, 13-17 : “ Qu'est-ce que le Nirvâna ? ” Explique-moi par une similitude.

- Existe-t-il, ô roi, une chose qui est le vent ? - Certainement.

- Veuille donc me montrer le vent, je te prie, ô roi, soit par sa couleur, sa forme, soit comme étant mince ou épais, ou long ou court.

- Le vent, Nâgaséna, ne peut être perçu de cette façon. II n'est point dans sa nature qu'il puisse être pris en main et saisi. II n'en existe pas moins...

- De même, aussi, ô roi, le Nirvâna existe-t-il quoiqu'on ne puisse le montrer par des couleurs ou des formes.

Fo-sho-hong-tsan-king : Je ne cherche nulle récompense, pas même à renaître dans le Ciel, mais je cherche le bien des hommes, je cherche à ramener ceux qui sont égarés, à éclairer ceux qui vivent dans les ténèbres de l'erreur, à bannir du monde toute peine et toute souffrance.

Dhammapada : Allège, ô disciple, cette barque pesante, vidée elle voguera légèrement. Quand tu seras affranchi des haines et des désirs, tu atteindras le Nirvâna.

Dvayatânupassanâsutta : En celui qui est charitable, la vertu croîtra. En celui qui se dompte lui-même, nulle colère ne peut s'élever. L'homme juste rejette toute méchanceté.

Par l'extirpation de la convoitise, de l'amertume, Et de toute illusion, tu atteindras le Nirvâna.

Évangile et Liberté

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Humour

Humour et science

Quelle est la vitesse d'un corps à l'arrêt

A quelle vitesse va-t-on quand on ne bouge pas ?

Pour quelqu'un qui se tient à côté de vous à l'équateur, à zéro degré de latitude, vous êtes immobiles. Pour un martien en orbite autour de la Terre, vous filez à 1675 kilomêtres à l'heure.

Vu du Soleil, vous semblez monté sur un manège tournant à 96 540 kilomètres à l'heure autour de notre étoile.

Vue de la galaxie d'Andromède, la Terre tournoie sur elle-même en décrivant une orbite autour du Soleil et une spirale à travers la Voie lactée à environ 852 770 kilomètres à l'heure.

Faites le total ; vous vous déplacez à 950 985 kilomètres à l'heure ! Mais pas si vite : l'Univers est en expansion, il est donc impossible de calculer précisément votre vitesse.

SANS APPEL - LES GRANDS-MÈRES

Dernièrement, lors d'une réunion de personnes agées, nous avons lu des lettres d'enfants à qui nous avions demandé de nous décrire les grands-mères. Voici l'une de ces lettres, envoyée par un enfant de huit ans :

Une grand-mère est une femme qui n'a pas d'enfants à elle. C'est pour ça qu'elle aime les enfants des autres. Les grands-mères n'ont rien à faire. Elles n'ont qu'à être là. Elles savent qu'on a toujours besoin d'un deuxième morceau de gâteau, ou du plus gros. Elles savent aussi être sourdes quand il faut, pour ne pas nous gêner quand nous sommes maladroits. Quand ellles nous lisent des histoires, elles ne sautent jamais un bout, et elles n'ont rien contre si on réclame la même histoire plusieurs fois. Les grands-mères ne sont pas aussi fragiles qu'elles le disent, même si elles meurent plus souvent que nous. Tout le monde devrait essayer d'avoir une grand-mère, surtout ceux qui n'ont pas la télé.

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Choix de livres

LES PROTESTANTS. Textes recueillis et présentés par Simon Sire-Fougères - Editions de la Martinière - 80 pages - 10x21 - 10 e.

Cette brochure est très agréable à découvrir. C'est un mariage réussi d'excellentes images en couleurs (Van Gogh, Rembrendt, photos d'actualité protestante, portraits, documents) et de textes très courts et significatifs (J.S. Bach, Paul Ricoeur, S. Castellion, Théodore Monod, Niemöller, Rabaud St Etienne, William Booth, Martin-Luther King, Luther, Calvin, Albert Schweitzer, Bonhoeffer, P. Bayle). Cette petite publication d'art est destinée à faire connaitre le protestantisme dans sa spiritualité, son histoire et ses oeuvres. Cette présentation peut aider à sortir nos contemporains d'une ignorance générale du protestantisme.

Christian Mazel

LES CHEMINS DE LA VIE SPIRITUELLE (Esquisse d'une spiritualité protestante) - Louis Schweitzer - Editions Excelsis, 26450 Cléon d'Andran - 158 pages - 13,5x19,5 - 15 e.

Dans la première partie “ Dieu et l'être humain ”, l'auteur aborde les questions du péché, du salut, de la conversion et de la sanctification. Dans la seconde partie sont traités dans “ la pratique de la vie spirituelle ” l'Église, l'Écriture, la prière et la vie quotidienne. L'orientation de la pensée se veut “ protestante ” et se situe dans le courant “ évangélique ” (Avant-propos). Le style est clair. Les explications veulent se baser sur la Bible. Elles sont très accéssibles et ouvertes. L'auteur est directeur de l'Ecole Pastorale de Massy et enseigne au Centre Théologique de Vaux-sur-Seine.

Christian Mazel

LE SOURIRE DE DIEU (dans l'histoire des hommes) - Raymond Sansen - Editions du Cerf - 240 Pages 13,5x19,5 - 20 e.

A travers la Bible à pleines pages, par Jésus inattendu mais vrai, par les saints et saintes, par les chrétiens, Dieu sourit. Dans les évènements, en dépit des horreurs et des larmes, Dieu sourit. Dans les événements, en dépit des horreurs et des larmes, Dieu sourit. Avec érudition et en convoquant des écrivains et des philosophes imprévus, le doyen de la faculté libre des lettres et sciences humaines de Lille fait découvrir la joie communicative de Dieu. Le sourire de Dieu est le vrai visge de l'amour.

Christian Mazel

CAMUS ET BONHOEFFER (Rencontre de 2 humanismes) - Arnaud Corbic - Editions Labor et Fides ; Diffusion France et Belgique Sofedis Paris - 112 pages - 14,5x13,5 - 13,35 e.

Qu'ont en commun le penseur athée A. Camus et le théologicien allemand D. Bonhoeffer ? Leurs origines sociales et culturelles, leurs positions personnelles et intellectuelles les opposent. L'humanisme non-religieux et l'humanisme chrétien, philosophie et théologie paraissent séparés. Et pourtant l'auteur (prêtre et franciscain) joint ces 2 écrivains qu'il apprécient beaucoup, sur une définition commune de l'humanisme non-religieux, valeur si nécessaire aujourd'hui. Le dialogue entre les 2 penseurs fait ressortir la fécondité d'un questionnement et d'un éclairage mutuels et inattendus de l'un par l'autre. Il existe beaucoup de Camus chez Bonhoeffer et de Bonhoeffer chez Camus. Préface de Joseph Moingt.

Christian Mazel

UN PASTEUR EN POLITIQUE - René Cruse - Editeur, Librairie du boulevard, 34 rue de Carouge, CH 1205 Genève - Tél. 022 328 70 54 - Brochure 23 pages - 15x21 - 1,37 e.

Cette conférence (donnée en 1970) veut expliquer qu'on ne peut avoir un vrai engagement de foi chrétienne sans entrer dans le combat politique. Les chrétiens ne peuvent pas ne pas se lancer dans les prises de position concrêtes et dans l'actualité en proposant la non-violence. On retrouve la recherche passionnée de lucidité et de sincérité du pasteur Cruze et sa volonté de pourfendre les dissimulations, les compromissions et les hypocrisies des organismes ecclésiastiques. Le style est clair et l'argumentation volontairement percutante

Christian Mazel

LE VATICAN CONTRE LES JUIFS ; LE RÔLE DE LA PAPAUTÉ (Dans l'émergence de l'antisémitisme moderne) - Ketzer DAVID - Editions Laffont 2003 - Paris - 398 pages - Trad. Amer.

Le dossier est accablant pour le Vatican. De la Restauration de 1815 à 1938 - publication des lois racistes italiennes - Il a alimenté un antijudaïsme, prônant l'exclusion des israelites de la société civile. Certaines mesures, au coeur du XIXe siècle, frôlent la barbarie : les ghettos ravagés par le choléra, car surpeuplés, les litanies sur les meurtres rituels, en 1993 encore, propagées par les jésuites de Civilita Cattolica (mais en France, en 1880, la Croix...). Au XXe siècle, les ombres subsistent avec la figure inquiétante de l'influent Benigni qui a fréquenté Pie XII, Benigbi qui a publié en italien l'un des chefs d'oeuvre de la littérature faussaire de tous les temps, les Protocoles des sages de Sion...

Jean Georgelin

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Dans le monde des religions

PAYS BAS - Centre d'étude du pentecotisme à Amsterdam

Entreprise commune des Facultés de théologie et sciences sociales de l'Université, un Centre d'étude du pentecotisme a été créé à Amsterdam. Le pentecotisme datant du début XXe siècle, affirme représenter un quart des chrétiens dans le monde. Le mouvement est marqué par la spontanéité dans le culte, le “ parler en langues ”, la prophétie et la guérison.

INDE - Restriction de liberté pour les Chrétiens

L'assemblée législative de l'État de Gujarat prévoit 3 ans de prison et une amende de 50000 roupies (1045 $) pour toute conversion religieuse obtenue “ par la force ou la ruse ”. Cette législation est un “ acte de harcelement des minorités, par particulier chrétiennes parce qu'elle leur interdit de pratiquer leur foi ” déplore le Conseil national des Églises de l'Inde.

VATICAN - L'encyclique du pape sur l'inter-communion

Le 17 avril (jeudi Saint-Dernier repas de Jésus) Jean-Paul II a signé au Vatican une encyclique “ Ecclesia Eucharistia ” (l'église vit de l'eucharistie) qui réaffirme le rejet de l'intercomunion (“ l'hospitalité eucharistique ”) avec d'autres Églises. Certains sont préoccupés par les implications pour le dialogue oecuménique. Après la signature en 1999 d'une déclaration commune, le pasteur luthérien Noko (FLM) déclare l'importance de parvenir à des accords doctrinaux peut être mis en question. Le message papal est particulièrement sesible pour les dizaines de milliers de protestants et catholiques qui se rassemblent à Berlin fin mai pour le Kirchentag.

COLOMBIE - La violence jusque dans les Églises

Les Églises colombiennes deviennent de plus en plus les cibles de la violence perpétrée aussi bien par des groupes de gauche que de droite. “ Auparavant, les Églises étaient à l'écart du conflit. Mais ce n'est plus le cas ”, a constaté une militante pour la défense des droits de la personne, membre d'une Église protestante, lors d'un forum tenu à New-York. Elle a souligné que la militarisation croissante du pays accentuait la spirale de la violence et laissait la société colombienne désemparée. Même des ecclésiastiques apolitiques entre autres des pasteurs de petites Églises indépendantes protestantes ou pentecôtistes des régions rurales, sont menacés, simplement parce qu'ils offrent un refuge à ceux qui fuient les conflits.

Près de 27000 assassinats, 2700 enlèvements et 862 attentats ont été commis en moyenne chaque année en Colombie entre 1996 et 2002, selon un rapport officiel publié à Bogota. Les enlèvements ont augmenté de 85,7 % entre 1996 et 2002 avec une pointe à 3706 en 2000.

KENYA - Purification d'un ancien lieu de torture

Plusieurs responsables religieux du Kenya ont décidé de procéder à une cérémonie de purification dans un bâtiment de la capitale Nairobi où des salles de torture secrètes viennent d'être découvertes. Les dirigeants des Églises catholique romaine, anglicane et presbytérienne ont précisé qu'il était nécessaire de purifier spirituellement Nyayo House - un bâtiment de 24 étages au centre de la ville - des actes de tortures exercés à l'ncontre de personnes considérées comme mençantes pour l'État par l'ancien président du pays. “ La purification est symbolique, car elle permet de montrer que cela appartient au passé ”, a notamment fait remarquer Jesse Kamau, président de l'Église presbytérienne. “ Mais nous devons faire en sorte que cela soit bien fait ”. Depuis la découverte des cellules, l'endroit a été ouvert au public, et comme en Afrique du sud à Robben Island, ce sont les anciens prisonniers qui se chargent des visites.

NORVÈGE - Mariage offert par un pasteur

Un pasteur luthérien constatant que de nombreux couples qui vivent déjà ensemble hésitent à se marier en raison des frais que représente un mariage, a persuadé les entreprises locales d'offrir aux couples les fleurs, les photographies, la coiffure, entre autre services, pour le grand jour. Seules les alliances devront être assumées par le couple. Au départ, un seul jour avait été prévu pour la célébration de ces mariages sans frais - le 24 mai. Mais la demande a été si forte (vingt-trois couples se sont déjà inscrits) qu'il a fallu prévoir trois jours. Par ailleurs, le pasteur a dû demander l'aide de collègues pour célébrer les cérémonies. Il affirme vouloir ainsi encourager positivement les couples à se marier.

BELGIQUE - BRUXELLES - Mariage dans le vent !

Un couple a dû se marier en plein air parce que l'officier d'État civil craignait une contamination par le virus de la pneumonie atypique, la jeune épouse étant rentrée de Chine depuis quelques jours à peine. Installé à une quinzaine de mètres des amoureux sur la petite place qui jouxte l'Hôtel de ville, l'échevin (adjoint au maire) a procédé au mariage le dos au vent. “ Il s'agissait tout simplement d'une précaution. Je ne pouvais risquer quoi que ce soit pour les personnes qui venaient célébrer leurs noces d'or dans l'après-midi à l'intérieur de la maison communales ”.

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Forum d'idées à débattre

Cette nouvelle chronique est ouverte aux articles dont les auteurs acceptent que soient publiées des réactions critiques courtoises de lecteurs abonnés. Toute recherche de critiques adressées à la rédaction du n°163 serait fallacieuse et toute coïncidence fortuite.

Christian Mazel

ÉPITRE AUX ROMAINS ET APPARATCHIKS

Extrait d'un livre récent (non théologique). Nina Berberova est écrivain russe. Née en 1901, elle grandit en milieu soviétique jusqu'en 1925, puis, émigra en France pendant 25 ans (1925-1950) et finalement aux USA où elle est décédée en 1993. Elle a écrit (en russe et fait traduire) 25 autres livres.

Comment Paul est-il reçu lors des milieux chrétiens, par certains intellectuels contemporains...

...“ Ensuite, il a parlé du Nouveau Testament, en disant qu'il avait relu l'Épître aux Romains quelques jours auparavant et qu'il en avait retiré une impression affligeante : il eût suffi de remplacer les circoncis par les membres du parti, le Père, le fils et l'Esprit saint par d'autres noms (qu'il hait), pour qu'on eût l'impression qu'un haut dignitaire d'une certaine organisation internatioale écrivait à ses apparachiks, ses subordonnés et ses partisans, la même promesse de la destruction prochaine du capitalisme (bientôt Satan sera anéanti), le même ordre : Ne réfléchissez pas trop (soyez humbles d'esprit) ; la même clameur : Pas de débats d'opinions ! et un conseil bien clair : Soumettez vous aux autorités supérieures (car il n'y a point d'autorité qui ne vienne de Dieu). Il y a même des paroles sur la paix et l'édification mutuelle, la discipline et l'autocritique. Mais surtout il faut que tous pensent et disent la même chose...

Pour moi, de tous les livres saints, seul l'Évangile est précieux... l'Évangile a joué pour moi dans mon enfance, un rôle immense... ”

Nina Berberova - “ Le cap des tempêtes ” - Actes Sud 2002 - p. 62-63

Texte proposé par Louis Simon

LA BIBLE PAROLE DE DIEU ?

On nous rebat les oreilles de “ l'année de la Bible ”. La Bible “ Parole de Dieu ”, sans autre explication !

Je voudrais que soient examinées quelques questions, notamment :

1. Pourquoi le “ sola scriptura ” protestant ?

2. La Bible est-elle “ inspirée ” de bout en bout ? Si oui, pouquoi prêche-t-on toujours sur les mêmes textes, de préférence dans le nouveau testament, jamais sur certains autres ?

3. Tous les types de lecture se valent-ils ? Certains recours au symbolisme et à l'allégorisation des textes que l'on pratique dans les prédications sont-ils légitimes ? Est-il légitime d'user de la Bible comme d'un livre de recettes : “ Qu'est-ce que la Bible nous dit de la femme, de l'étranger, du travail, de la famille, de l'homosexualité, etc ? ”

J.C. W (05100)

HOMOSEXUALITÉ

On est passé en ce qui concerne la société d'un excès où l'on envoyait au bûcher ceux qu'on considérait comme des monstres à un autre excès où on considère qu'ils peuvent constituer une norme comme une autre. Or cette norme n'est pas comme une autre. Il est notoire qu'un enfant qui vit sans une référence “ maternelle ” et une référence “ paternelle ” fussent-elles différentes de ses parents biologiques ne pourra pas se constituer une personnalité normalement sexuée. Le sexe n'est pas seulement génétique, il est aussi culturel... et hormonal... pour une part au moins.

Un embryon masculin soumis in utéro à certaines périodes de son développement à un manque hormonal présentera plus tard plus fréquemment au cours de sa vie des troubles de l'identité sexuelle. Cette personne n'aura alors pas fait un choix (contrairement à ce qu'elle pensera peut-être) elle aura été victime d'une pathologie.

Il n'est pas convevable de condamner un malade pour sa maladie, elle ne l'empêche pas d'être aussi humain que les autres, mais cela ne veut pas dire pour autant que la maladie est une norme aussi valable que la bonne santé.

Si les diabétiques, les hypertendus, les hypothyroidiens, les nains sont aussi respectables que les autres cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas lutter non pas contre eux, mais pour eux, contre leur maladie. Si l'homosexualité n'est pas une maladie, elle n'en est pas non plus complètement distincte, et elle n'est probablement pas plus “ souhaitable ” que le diabète.

Docteur gynécologue J-M. H. Auch (Gers)

CONFLITS SANGUINAIRES ET IDENTITÉ PROFONDE

En réalité, le monde moderne pragmatique et technologique méconnaît que le comportement des individus et des peuples reste totalement tributaire de leurs cultures ancestrales spécifiques.

Depuis l'aube de la conscience humaine, l'individu, à l'instar des animaux, ne sait pas encore exister sans dominer son environnement immédiat auquel il impose sa loi, quitte à détruire tout ce qui s'oppose à celle-ci. Ces réflexes primaires naturels méconnaissent la réalité biologique et psychique qui veut qu'en chaque être humain existe une entité unique disposant d'aptitudes particulières indispensables à l'élaboration du bien de l'humanité entière.

Pour pouvoir intégrer cette vérité incontournable, mentionnée mais mal assimilée par les religions, il faut au préalable avoir atteint une maturité individuelle permettant à chaque personnalité l'écoute de son intuition (antidote du délire), c'est-à-dire de son identité profonde. Cette identité profonde permet d'observer les harmonies incommensurables de la nature, permet la genèse d'émotions saines face à l'immensité cosmique, pour finalement induire des élans à l'adresse de l'inouïe Grandeur, qui fait que nous avons un oeil et des pieds sur la planête Terre pour vivre cela.

Avoir le privilège de connaître de tels moments de grâce et de joie souvent inexprimable dans notre état de chair et de sang, nous permet de ressentir l'existence d'une référence par rapoort à laquelle tout existe et subsiste dans l'univers visible et invisible.

De telles considérations saintes nous conduisent naturellement à reconnaitre qu'en chaque être vivant, au-delà des cultures et des races, réside une dimension inviolable et sacrée qui porte témoignage du fait qu'il n'existe pas sous le ciel d'autre méthodologie que celle évoquée ci-dessus, capable de combler le coeur et l'esprit insatiable de l'humain et apte à générer la réelle paix sur Terre et dans l'univers.

Léonard Sztejnberg

A quoi sert la liberté ?

Sans doute à travailler sans relâche

pour qu'apparaisse en nous et autour de nous

de plus en plus

visiblement

l'humanité voulue par Dieu à son image ?

 

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