Après La Palombière
et Blessures assassines, nous attendions avec impatience le nouveau
film de Jean-Pierre Denis. Il nous revient avec un conte tragique
sur la nature humaine avec de nouvelles blessures ( la solitude, la
difficulté d'être et d'aimer
) pour nous amener
au don de soi jusqu'à l'abnégation.
Olivier (Olivier Gourmet) est libraire. Il est la plupart
du temps plongé dans un profond mutisme et paraît accablé,
moralement mais aussi physiquement, par un poids énorme. Nous
apprenons discrètement que son passé en est la cause
mais que sa mémoire exceptionnelle le charge de tout ce qu'il
lit et en tant que libraire ses lectures sont nombreuses. Comme pour
s'alléger, se débarrasser et dominer tout cela, il fait
du saut à l'élastique et des escalades toujours de plus
en plus haut. Il va même chercher un passage dans la montagne,
une issue à sa vie actuellement dans une impasse.
Pascale (Marie-José Croze) est au contraire
frêle, légère "transparente comme une bulle
de savon". Elle est de ce fait incapable d'exercer la moindre
responsabilité professionnelle et familiale. Elle n'est jamais
à l'heure aussi un jour sa fille Eva doit rentrer seule. Malheureusement
celle-ci se jette sous les roues du véhicule du libraire. Plongée
dans un désarroi total fait d'incapacité et de remords,
elle confie le rôle des parents à Etienne. Celui-ci,
en quête d'une rédemption, s'implique à fond dans
la rééducation d'Eva (Bertille Noël-Bruneau) qui
va rester longtemps dans son silence comme si elle hésitait
à revenir à la vie.
L'uvre de J-P Denis est dénuée
de tout artifice: les regards et les gestes sont justes, les propos
et non-dits sont intenses dans leur signification. L'ensemble et l'interprétation
magistrale d'O. Gourmet créent une émotion rare et pure.
Le dénouement est un peu décevant mais il est vite oublié
par l'intensité du film qui peut nous interpeller par l'attitude
très chrétienne d'Etienne. .