Numéro 357 mars 2022
Un lecteur réagit à l’article de Laurent Gagnebin sur la semaine de prière
pour l’unité des Chrétiens.
La réflexion de Laurent Gagnebin (p. 29) du n° 355 me convient bien, elle ouvre les yeux sur un immobilisme et le constat d’une impasse qu’on ne veut pas regarder. Le livre de Joseph Moingt avait un même goût de blocage car après avoir noté que beaucoup de décisions, dogmes et façons de vivre de l’Église n’étaient pas conformes à l’Évangile, il concluait que son Église n’était pas réformable : qu’attendre ainsi des velléités d’unité ?
Le « poids de l’histoire », est-ce aussi notre incapacité à changer de cap, à reconnaître que nous ne savons pas faire abstraction de ces pans d’histoires, d’habitudes et de carcans, d’avantages et en définitive de puissance et de pouvoir, dans notre absence d’ humilité ? On pourrait parler de lâcher prise… La perspective dans le sillage de Laudato Si est intéressante ; néanmoins les références écologiques ne s’y fondent pas sur les spécialistes de l’écologie mais sur les « Conférences des Évêques », ce qui me semble restrictif, et les ouvertures sur autre chose que le capitalisme n’ont pour le moment pas entraîné de descente dans la rue ni la révolution mondiale ; l’unité « par les moyens que voudra le Christ », un vœu dans la bonne direction, mais ne faut-il pas « aider le Christ » ?
Pierre Manivit
Un lecteur réagit à l’article d’Abigaïl Bassac qui inaugurait notre nouvelle rubrique, « un œil libéral sur… »
Je dois dire que j’ai été choqué par l’article d’Abigaïl Bassac dans le n° 355 d’Évangile et liberté. Qui déforme le sens du mot « liberté » ? Celui qui considère qu’il n’y a pas d’atteinte à la liberté quand il s’agit de respecter la discipline civique et les règles de la vie en société ou celui pour qui la liberté consiste à faire ce qui lui chante en s’érigeant comme seul juge des mesures à prendre dans une situation de crise qui met en
jeu la santé et la vie de ses concitoyens ? Faut-il que l’on soit tellement inconscient de la chance de posséder la vraie Liberté, tout particulièrement celle de penser, pour en arriver à parler de son délitement parce que nous devons autoremplir un petit formulaire qui a le mérite de nous rappeler à notre (modeste) responsabilité dans l’observation des règles de confinement (qui ont été, à travers les siècles, souvent plus durement imposées en cas de pandémie). Un tel discours serait moins insupportable s’il n’apparaissait pas dans un contexte où une fraction non négligeable de nos concitoyens manifeste sans vergogne son refus d’un comportement civique élémentaire. Pour moi en tout cas, dans notre pays et en ces temps, ce n’est pas la liberté qui est en danger mais la fraternité qui, en l’occurrence, doit alimenter la conviction qu’un système démocratique ne peut pas exister sans un minimum de vertu et de discipline civique. N’en déplaise à Mme Bassac, je ne vois dans cette conviction rien qui justifie de la ridiculiser au nom de la liberté.
Antoine Salin
Un internaute réagit au dossier de Gilles Bourquin du numéro 354 de décembre 2021 intitulé « L’être humain n’est pas un animal ordinaire. »
Article intéressant pour démontrer (en faisant appel à la logique, voire à la science) que l’homme n’est pas un animal. Mais est-ce du domaine de la raison ? Est-ce que ce qui distingue l’homme de l’animal n’est pas le déraisonnable ? Le déraisonnable conduit à la Foi. La Vérité en effet n’est pas toujours visible par la raison. En conséquence, ce qui différencie l’homme de l’animal, c’est la Foi. Les antispécistes l’ont certainement oublié… ou n’ont pas la Foi.
Pierre
Numéro 350 juin-juillet 2021
AVEC NOS EXCUSES
Le numéro de mai et celui que vous avez entre les mains sont arrivés avec beaucoup de retard et nous le regrettons évidemment. Ces retards sont dûs au confinement du mois d’avril, à la fermeture des crèches, écoles et collèges qu’il a entraîné. Ces fermetures ont perturbé le travail de la rédaction, comme celui de beaucoup de nos concitoyens et nous nous réjouissons de pouvoir retrouver pleinement notre travail pour vous.
COURRIER D’UN LECTEUR
Goran Sekulovski réagit à l’article de Laurent Gagnebin sur l’enfer et le paradis (n°348 d’avril 2021, p. 29)
Le texte de Laurent Gagnebin est magnifique ! À tous les égards ! Et il est très frais, agréable à lire, très loin des textes théologiques ennuyants ! Je m’y retrouve pleinement et je peux dire que je n’ai jamais pu vraiment adhérer à ces notions de paradis / enfer. Je sentais intérieurement ce que l’auteur écrit si bien : « L’enfer appartient à notre temps. Nul besoin d’une éternité infernale pour le vivre, ni de rêves paradisiaques pour l’ignorer. » La théologie a fait beaucoup de mal en voulant expliquer ces notions. Elle aurait gagné en se taisant. Comment parler, voire croire à l’idée de l’enfer alors que « Dieu est amour, présent et ultime, ou il n’est pas », comme l’écrit Laurent Gagnebin ? Merci pour ce texte.
Numéro 346 février 2021
Plusieurs lecteurs ont réagi à l’éditorial de Pierre-Olivier Léchot dans le numéro 345 de janvier 2021.
Henry Fauche écrit à Pierre-Olivier Léchot :
Comment un docteur en théologie et professeur d’histoire moderne peut-il opposer de manière aussi primaire sécurité et liberté ? Comment peut-on être vraiment libre quand règne le chaos, quand personne ne respecte plus personne, quand seuls les plus forts en gueule peuvent faire entendre leur voix ? Cette société où chacun devrait être libre de manifester son opposition en cassant tout sur son passage, en vouant nommément à la vindicte populaire et en agressant de manière violente des policiers chargés de vous protéger vous et moi est une caricature dont les premières victimes seront les plus faibles d’entre nous, comme toujours. […] La démocratie est le « moins pire » des systèmes politiques pour garantir la liberté individuelle de chacun des citoyens. Ne la galvaudons pas en critiquant le fait qu’un minimum de précaution, de sécurité et de surveillance sont nécessaires pour permettre à chacun d’exprimer ses opinions et de vivre, penser et croire en toute liberté.
Pierre-Olivier Léchot lui répond :
Je n’ai rien à rétorquer à votre critique dans la mesure où il me semble que vous vous méprenez
sur le sens de mon texte en confondant ordre et sécurité. L’ordre relève à mon sens du droit et donc du cadre dans lequel peut s’exercer la liberté. Et de ce point de vue, il n’y a rien à redire sur les mesures de police encadrant une manifestation, surtout si elle tourne au sac d’un bâtiment « républicain ». La sécurité, en revanche, est entre autres choses un « sentiment » – et c’est en ce sens que je prends ce mot dans mon éditorial. J’éprouve un sentiment de sécurité quand je me sens en sécurité. Or, ce sentiment, aucune loi, aucune mesure ou aucun principe, fût-il « de sécurité », ne peut le provoquer. Elle est, comme tout sentiment, soumise aux affects d’ordres divers et correspond ou non à la réalité. Elle est donc légitime, mais pas sur le plan légal. Vous avez donc raison : il ne faut pas opposer ordre et liberté. Mais lorsque la révision juridique du premier est mue par une volonté de répondre exclusivement à un besoin de sécurité croissant, il faut savoir rester prudent et répondre à ce besoin sans mettre à mal la seconde. Car, des deux, c’est bien elle qui doit avoir l’avantage – or, le législateur a, de nos jours, une regrettable tendance à le négliger.
Sur notre site internet, Marieke Cayol écrit :
Se rebeller, d’accord […] Mais contre quoi ? Contre le fait de protéger les plus faibles ? Les plus « inutiles » ? Les plus vulnérables ? Imaginez un instant que cette saleté de virus attaque prioritairement les enfants ? Nous aurions consenti sans problème à des sacrifices bien plus radicaux. Moi qui suis âgée, j’ai été émerveillée de la fraternité ressentie autour de moi. Chez mes enfants, bien sûr, mais aussi chez ces voisins que je connaissais à peine (« je vais à l’épicerie. Je peux vous rapporter quelque chose ? ») ou cette amie (« ton volet n’était pas ouvert à 8 heures, tout va bien ? »). Les précautions que nous prenons (masques, distanciation etc.) ont toujours été annoncées comme un moyen de protéger les autres. Ce qui vous choque réside, je crois, dans les contrôles instaurés. Cette auto-attestation, si elle en a fait sourire plus d’un, a le mérite de remettre chacun devant ses responsabilités quelques secondes chaque fois qu’il sort. Je connais des contrôles plus coercitifs… Des rebelles, il y en a… Mais je n’arrive pas à me reconnaître dans les faces hilares de ces « courageux » qui ont bravé les interdits pour boire et danser. Viendra le temps de la guérison. À nous d’être vigilants à ce moment-là pour veiller à nos libertés. Actuellement, la solidarité doit primer. Il y a un temps pour tout (ce n’est pas moi qui l’ai dit !)
Pierre-Olivier Léchot lui répond :
Je vous remercie de votre critique que j’apprécie d’autant plus que je ne crois pas avoir
défendu le point de vue que vous m’attribuez. J’écris en particulier : « Bien sûr, on ne saurait contester la nécessité de certaines décisions prises en raison d’une situation hors-norme. »
Mon propos n’est en aucune façon de débattre des mesures sanitaires et de leur pertinence. Sur le plan sanitaire, je ne suis pas spécialiste, donc je me fie à ce que disent les spécialistes. Sur le plan politique, nous sommes en état d’urgence sanitaire et un état d’urgence est précisément fait pour répondre à une situation hors-norme en mettant entre parenthèses certaines libertés fondamentales, comme le droit d’aller et venir sans attestation. Et cet état d’urgence a été accepté par la représentation nationale et les élus du peuple. Ce qui, en revanche, me préoccupe, c’est que c’est justement au moment où nous avons bien accepté ces restrictions que nous assistons à l’apparition de projets de lois divers et variés destinés à restreindre nos libertés fondamentales et, j’insiste sur ce point, hors état d’urgence. C’est cela le problème : au nom d’un certain « principe de sécurité », on risque de limiter la liberté d’expression, la liberté de conscience, etc. et ce, à un moment où, justement, nous sommes devenus plus « passifs » face à des restrictions que, naguère, nous aurions vertement contestées.
Raphaël Picon
La mort de Raphaël Picon, le 21 janvier, a bouleversé beaucoup de nos lecteurs. Voici quelques messages que nous avons reçus :
Je viens d’apprendre le décès de Raphaël Picon. Je voudrais dire toute mon affection pour cet homme qui m’a conduit dans une intelligence de la foi. Je voudrais dire qu’il va me manquer terriblement. Je voudrais dire qu’il est irremplaçable aujourd’hui, et pour cela, je le remercie : il oblige d’autres à se mettre en mouvement. Avec toute mon affection pour sa famille et ses amis. Ivan Mikolasek, Saint-Lézer.
Je suis resté tout ce week-end sans grande réaction, ma tête pleine de souvenirs des réunions d’Évangile et liberté durant lesquelles j’ai appris à connaître et à apprécier Raphaël. Aujourd’hui, j’ai simplement envie de dire « merci ». Didier Halter, Sion (Suisse).
Le décès de Raphaël Picon me bouleverse très profondément. Je veux adresser à la rédaction d’É & l mes très sincères condoléances. Je veux aussi vous confier le soin de relayer ces condoléances à son épouse et à leurs trois enfants. Raphaël Picon m’a profondément marqué par son intelligence lumineuse, par cette faculté si exceptionnelle de savoir rendre accessible des textes obscurs ou/et complexes, par ses prises de position claires, argumentées. Sa richesse était hors du commun, il contribuait à placer sur ce qui peut être le parcours personnel de chacun de nous des dispositifs réfléchissants (au double sens du terme) nous invitant à exercer notre discernement. Nous invitant à nous rendre perméables, poreux à la perception du plus possible de facettes de ce qui nous est offert ; facettes externes et internes ; facettes manifestées, facettes mystérieuses. Par sa manière d’aborder les textes et les situations, il nous rappelait que chaque facette n’annule pas les autres, ne les altère pas. Il nous invitait à appréhender ces facettes, en nous dévoilant comment elles peuvent contribuer à éclairer un peu plus, un peu mieux, notre intériorité. Raphaël Picon fait partie de celles et de ceux qui ont rendu pour moi incontournable la lecture d’É & l, faisant de chaque numéro un rendez-vous attendu chaque mois avec impatience. Que le Seigneur notre Dieu aide son épouse et leurs trois enfants, ainsi que tous ses amis à percevoir la tendresse de Sa Présence, qu’Il leur soit en aide. Bien fraternellement Norbert Prin, 74 Cran Gevrier.
Très touchée par le décès de Raphaël Picon et par son dernier message, je joins mes condoléances et mes prières à celles de Norbert Prin.Marie-Jeanne Lissonnet, Nevers.
À l’heure où É & l est en deuil suite au décès de Raphaël Picon, j’adresse à toute l’équipe du journal mes condoléances très attristées. Par la voix de James en chaire ce dimanche matin, les paroissiens de l’Oratoire ont appris la terrible nouvelle de son départ. Ses éditoriaux explosaient d’une foi intense et si éclairée. Je suis si triste et pense beaucoup à vous tous. Partagez mes fidèles amitiés. Evelyne Brun (Paroisse de l’oratoire du Louvre).
J’ai appris la terrible nouvelle hier. C’est une perte immense pour la pensée protestante réformée ; il est vain de mettre des mots sur cette effroyable injustice. Grâce au travail du pasteur Raphaël Picon notre religion avait pu se développer et convaincre des personnes d’entrer dans un temple. Je veux dire toute ma sympathie à l’équipe d’É & l, aux responsables de l’Institut Protestant de Théologie et à la famille du pasteur. Stéphane (Paroisse de l’oratoire du Louvre).
La page Facebook d’Évangile et liberté a également recueilli de nombreux témoignages de sympathie :
Je suis admiratif par la dignité de son dernier message et par tous les trésors qu’il nous laisse. J’en suis bénéficiaire parmi de nombreux autres. Merci pour ce que tu m’as donné ! Jacques Monteil
Mon Dieu, quelle tristesse ! Une grande perte théologique et humaine. Je l’avais croisé très rapidement à l’Oratoire. Il dégageait une grande douceur, une vraie gentillesse. Et ses livres ! Jean-Pierre Capmeil
Je suis également très touché par le décès de Raphaël Picon dont j’ai eu le loisir et le plaisir de lire de nombreux ouvrages. C’est une immense perte pour le Protestantisme Réformé et notre courant de pensée. Je joins mes condoléances et mes prières à celles de Norbert Prin et Marie Jeanne Lissonnet. Sierra
Je suis triste et en communion de prière. Alain Rochat
La nouvelle tombe comme un couperet. Nous le pensions en rémission ! Silence pour prendre en compte cette triste nouvelle. Ernest Winstein
« les valeurs ou le combat »
L’article « Parole juive » du rabbin David Meyer, publié dans notre numéro 294 (décembre 2015), fait réagir une collaboratrice de notre mensuel.
Lectrice régulière d’Évangile et liberté, je me réjouis de voir les pages de ce journal s’ouvrir à nos frères juifs, musulmans… Je me réjouis également devant le parti pris affiché, au lendemain des attentats contre la liberté de la presse, d’affirmer nos valeurs. La une d’É & l trône toujours chez moi, arme qui se détache sur un fond noir avec pour légende « ceci n’est pas une religion » et « tuer un homme, c’est toujours tuer un homme ». Je me réjouis de toutes ces paroles qui appellent à la paix et nous font réfléchir à ce que la Bonne Nouvelle signifie pour nous, aujourd’hui. En revanche, je suis en désaccord, quand je lis l’article « Les valeurs ou le combat » du rabbin David Meyer comme un appel à une guerre totale contre Daesh pour faire tomber l’entité politique qui sous-tend ce Califat. Il ne s’agit évidemment pas de faire de l’angélisme contre une menace bien réelle, mais ces mots peuvent-ils être lus comme des paroles de foi ? Quand le monde politique évoque chaque jour un peu plus la déchéance de nationalité comme les nazis imposaient autrefois l’étoile jaune, quand les unes de certains journaux se couvrent de barbelés, quand un homme d’Église appelle aux armes, loin de rassurer la chrétienne que je suis, ces réflexes de réclusion et de peur me renvoient vers des pages terribles de notre histoire. N’avons-nous vraiment rien appris ?