En 2013 les deux Églises, réformée et évangélique luthérienne tenaient à Lyon le premier Synode de l’Église unie qu’elles venaient de constituer, l’Église protestante unie de France (EPUdF). Un symbole fort choisi à proximité de la confluence du Rhône et de la Saône. C’était une des conséquences d’un mouvement plus vaste, de dimension européenne, qui avait vu en 1973 l’accord des Églises européennes issues des réformes du XVIe siècle avec la Concorde de Leuenberg. 2023 est donc à la fois le 10e anniversaire de l’EPUdF et le 50e de Leuenberg. Le processus de la création d’une Église unie a trouvé son origine dans une demande de la paroisse luthérienne de Bourg-la-Reine dont l’assemblée générale de 2001 avait décidé d’interpeller dans ce sens les organismes directeurs des deux Églises, le Conseil national de l’ERF et le Conseil exécutif de l’EELF. L’issue de cette démarche a montré qu’une initiative locale fut plus efficace que les tentatives venant « d’en haut » qui avaient été des échecs auparavant.
Qu’en est-il aujourd’hui ?
Une union s’est bien réalisée au niveau national, avec un corps pastoral unique, un même système presbytéro-synodal dans toutes les régions. Une Déclaration de foi commune a été adoptée en 2017. On peut remarquer ici que cette Déclaration n’a pas été un préalable à l’union, celle-ci s’étant réalisée auparavant, montrant ainsi la grande confiance réciproque des parties. Les liens internationaux de chacune des deux Églises ont été partagés et l’EPUdF est membre à la fois de la Fédération luthérienne mondiale et de la Communauté mondiale d’églises réformées, des côtés luthérien et réformé respectivement. Le sous-titre de cette Église, « Communion luthérienne et réformée » montre volontairement que les aspects réformés et luthériens n’ont pas disparu mais qu’ils coexistent au sein de l’Union. Puisqu’une Déclaration de foi unique a pu être adoptée, ces particularismes s’expriment principalement au niveau de l’eccléunsiologie. Dès le début du rapprochement il avait fallu conserver deux expressions pour les communautés locales, église locale pour les réformées, paroisse pour les luthériennes. Ceci exprime bien deux conceptions qui subsistent quant à la réalité locale. Dans cette ecclésiologie, une église locale se sent responsable de la totalité des responsabilités chrétiennes là où elle est implantée alors qu’une paroisse n’assume cette totalité qu’en association avec d’autres. Cela s’est concrétisé par le maintien des Inspections ecclésiastiques en milieu luthérien, état de fait facilité par la concentration géographique de ces paroisses dans le pays de Montbéliard et autour de Paris. Ainsi la réalité luthérienne au sein de l’EPUdF s’exprime par l’organisation des Inspections légèrement différente des autres régions puisqu’à côté du Conseil régional et de son Président il y a un Inspecteur élu directement par le Synode régional pour un mandat qui ne coïncide pas avec celui du Conseil. Cela montre aussi que la composante luthérienne de l’EPUdF ne se comprend pas elle-même comme un courant théologique comme il y en eut après l’Union réformée de 1938 car au-delà d’une théologie il s’agit ici d’une ecclésiologie. Après dix années de ce système on peut envisager de réfléchir à un premier bilan. En 2013, nombreux étaient ceux qui avaient encore un goût d’inachevé. C’est sans doute une caractéristique bien française d’imaginer les structures institutionnelles comme identiques sur tout le territoire de la République. À l’inverse l’Église peut s’accommoder d’une plus riche diversité. On connaît la diversité au sein de la Communion anglicane comme les différentes composantes de l’Église catholique romaine. De fait cette diversité d’organisation entre les régions ne pose pas tant de difficultés qu’on aurait pu craindre. On a vu se multiplier les échanges dans le corps pastoral entre les régions et les inspections, même chez les nouveaux arrivants dans le ministère. Finalement ce qui fait le lien au sein de cette EPUdF c’est à la fois la Déclaration de foi, le régime presbytéro-synodal, et l’unique rôle qui rassemble tous les ministres.
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