Théologie et cinéma

Jean-Michel Zucker
propos  recueillis par Alain Mahaud

Par qui a été fondée l’association ? C’est le pasteur Jean Domon, qui s’est toujours intéressé aux activités théâtrales d’abord, cinématographiques ensuite, qui est à l’origine de l’association. Alors qu’en 1990 il était producteur de l’émission Présence protestante, Jean Domon et trois amis qui travaillaient avec lui, eurent l’idée de créer un groupe qui, déclaraient-ils, « soit l’occasion pour des personnes de sensibilité protestante – sans exclure aucune confession – de croiser leurs expériences, leurs passions et leurs connaissances concernant le cinéma ». Pro-Fil venait de voir le jour !

Qui sont ses membres ?

Aujourd’hui, il y a près de 250 membres. L’association est majoritairement mais pas exclusivement représentée en Île-de-France, en Languedoc-Roussillon et dans la région PACA. Nos membres sont bien sûr des cinéphiles au sens large du terme, souvent protestants, mais pas seulement, et souvent paroissiens, membres de Conseils presbytéraux, actifs dans l’entraide, et qui plus généralement sont convaincus de l’intérêt de l’activité associative et des responsabilités qui en découlent, avec une dimension chrétienne et la préoccupation de l’autre.

Quels sont les objectifs de Pro-Fil ?

L’un de ses objectifs est de faire reconnaître le cinéma comme un art porteur de spiritualité. Pour les fondateurs, il y avait deux déclinaisons du nom Pro-Fil : « Protestants filmophiles », mais aussi « Promouvoir les films ». L’une et l’autre se retrouvent dans la définition donnée par le pasteur Jean Domon : « Une association d’inspiration protestante qui entend promouvoir, comme témoins de notre temps, les films dont la qualité artistique et humaine aide à la connaissance du monde contemporain. » Il n’est pas question de mettre en avant des films religieux qui n’auraient que peu de qualités artistiques et il n’est pas non plus question de promouvoir des films, par ailleurs de valeur, mais qui n’auraient pas les qualités humaines et le questionnement éthique et spirituel qui est au cœur de l’esprit de l’association.

Quelles sont vos activités ?

Elles sont nombreuses et détaillées sur le site pro-fil-online.fr. Tous les mois les groupes régionaux discutent de films récemment sortis en salle. Tous les ans, nous organisons un séminaire thématique national. En octobre dernier il avait pour thème : « Murs : remparts ou prison ? » Le documentariste Olivier Cousin est venu présenter et débattre de son film Murs de papiers. En plus d’une lettre mensuelle électronique envoyée aux membres sur notre activité cinéphilique, nous publions une revue trimestrielle, Vu de Pro-fil, qui, avec cinq rubriques et un « Coin Théo » embrasse, sur une vingtaine de pages, l’actualité cinématographique.

Nous sommes fiers que la revue soit déposée à la Cinémathèque de Bercy à côté de Positif ou des Cahiers du Cinéma ! Sur les ondes, nous intervenons une fois par mois sur Fréquence protestante et sur FM-Plus à Montpellier. Enfin, nous participons souvent, à travers Interfilm, aux Jurys œcuméniques, notamment celui du Festival de Cannes.

Pensez-vous que la pandémie puisse avoir un impact sur la production cinématographique ?

Oui, d’ailleurs certains films déploient déjà leur narration sur fond de pandémie et ses conséquences sur notre environnement actuel. Dans le même temps, il me semble que notre situation permet au documentaire, œuvre cinématographique à part entière, de revenir sur le devant de la scène. Par exemple, Denis Gheerbrant, grand documentariste français fait actuellement l’objet d’une rétrospective à Beaubourg. C’est une bonne nouvelle, car lorsqu’il est bien fait, le documentaire peut être un formidable témoin de notre temps qui aide à la connaissance de notre monde. Et cela ne peut que satisfaire le regard que porte Pro-Fil sur le cinéma !

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