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L’Eté, saison d’une frivolité étourdissante ou d’une possibilité de ressourcement ?

 

A la lecture de certains magazines, l’été serait la saison du corps éclatant, de la sensualité extravertie, des rencontres éphémères, du triomphe de la vie au jour le jour, de la liberté sans contrainte, d’une vie qu’on brûle par les deux bouts, en croyant la porter à son incandescence.

L’été formaté des magazines

Notre nombril, qu’on dévoile sans vergogne en cette saison, deviendrait le centre du monde. 

Nous serions ainsi appelés de manière insistante, non pas à penser mais à « penser à nous ». Au pire dans le sens de notre apparence physique ou au mieux à soigner une intériorité enrichie par un peu de « bouddhisme en string », sous la forme de quelques séances de méditation  balnéaire. 

A bien écouter ces discours, on en tirerait presque la conclusion que l’été exprime l’essence de la la vie à travers le fameux triptyque « sea, sex and sun » auquel il faudrait ajouter « alcohol, party and ice cream ». Dans cette représentation, le travail, les engagements, les responsabilités ne constitueraient que des corvées imposées par un esprit malin selon certains ou divin pour d’autres qui pensent alors que serait ainsi payé le prix du péché originel.

L’été choisi

Et si cette saison, au lieu d’être celle de la pose du selfie qui affiche un bonheur formaté était celle de la pause dans une vie harassante et superficielle, dans une fuite en avant sans objectifs clairs, dans une consommation avide sans projets ? 

Cette pause pourrait alors créer un espace de calme où le bruit assourdissant de notre société de plus en plus bavarde se tairait enfin, où l’ego arrêterait son show et tamiserait sa lumière éblouissante. Ainsi, la petite musique du « fond diffus cosmologique » pourrait être entendu et le Tout-Autre se révélerait à travers l’autre,  conçu non pas comme un objet de consommation mais comme un être à part entière. 

L’été pourrait alors être conçu comme le moment privilégié du ressourcement qui permet un bilan lucide base d’un départ à nouveaux frais, d’une rencontre durable qui change une vie, d’une liberté vraie qui accepte les contraintes et donne de l’épaisseur à chaque instant. 

En refusant de séparer le « je » du « nous » nous aurions le monde comme horizon et nous pourrions ainsi mieux le penser et tenter de le changer, chaque jour, plus efficacement en ajoutant de la vie à la vie.  

Le jour de la rentrée serait alors le premier jour du reste de notre vie et non celui de l’exhibition des marques de bronzage. Une vie de joie choisie et d’épanouissement profond qui permettrait véritablement de la porter à son incandescence.

Pour cela, évitons, en relisant l’Eté d’Albert Camus (1954), que le jour vienne où, « plus rien n’émerveille, tout est connu, la vie se passe à recommencer. C’est le temps de l’exil, de la vie sèche, des âmes mortes. Pour revivre, il faut une grâce, l’oubli de soi ou une patrie. »

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À propos Jean-Pierre Capmeil

Docteur en géopolitique. Impliqué dans la catéchèse de l’Oratoire du Louvre entre 2014 et 2016 et à présent dans la communication du Foyer de l’Âme.

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