Cet article est rédigé le 8 mars 2019, soit 21 jours avant un éventuel Brexit prévu originellement pour le 30 mars à minuit. Je dis éventuel car à ce jour, nous ne savons toujours pas si le Royaume-Uni quittera l’Union européenne avec ou sans accord négocié, ou si au contraire, il restera encore pour quelques semaines, quelques mois, voire quelques années faute d’accord…
Les positions au sein du Parti conservateur au gouvernement sont si diamétralement opposées qu’au cours de ces deux dernières années, le gouvernement semble avoir passé plus de temps dans une auto-négociation avec lui-même que dans des pourparlers constructifs avec l’Union européenne.
Les conséquences économiques – négatives – d’un Brexit « dur » ou « doux » sont connues et se font malheureusement déjà ressentir. Mais ce n’est pas l’économie qui me conduit à m’opposer principalement au Brexit. Mon refus se base sur les signes d’une société qui se referme sur elle-même, à la façon dont cela fut résumé par les propos de la Première Ministre, Theresa May, selon qui, quand la Royaume-Uni quittera l’Union européenne, on mettra en place « un système d’immigration qui met fin, une fois pour toute, à la libre circulation » des citoyens européens au Royaume-Uni.
Or, non seulement il ne sera plus possible aux personnes des pays de l’UE de fonder leur foyer en Grande-Bretagne mais on empêchera les Britanniques de vivre, d’aimer, de travailler et d’étudier dans d’autres pays européens. Pour ma part, je suis originaire d’une ville provinciale anglaise du nord du pays. Londres était déjà un autre monde, pour moi. Mes horizons se sont ouverts à l’âge de 16 ans, suite à un échange de jeunesse entre mon Église et l’Allemagne. La politique européenne est devenue une passion, suivie dans les années 1980 d’un engagement dans le Mouvement européen de la Paix, avant de travailler au Parlement européen pour la délégation du parti Travailliste Britannique. En Allemagne de l’ouest, j’ai découvert que la Grande-Bretagne était respectée pour son rôle joué dans la reconstruction des traditions démocratiques au sein de l’Allemagne de l’est. De même, j’ai rencontré des personnes, derrière le mur de Berlin, qui ont appris l’anglais grâce à la BBC World Service. J’ai également vu comment les Églises de Dresde et de Coventry ont établi des liens de réconciliation à travers le rideau de fer pour surmonter l’hostilité du passé.
Il reste, encore aujourd’hui, tant à construire pour l’avenir et ce n’est sûrement pas le moment de se séparer de l’UE quand on voit le chemin parcouru. Il serait plutôt temps de s’engager davantage pour une construction durable d’une société de l’hospitalité et de la justice, telle que l’Europe a su le faire par le passé avec la Grande-Bretagne (et inversement).
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