Pâques, un oxymore pour aujourd’hui

En France et en Europe occidentale, notre société est en plein bouleversement. Nous assistons à la fin d’un modèle de civilisation, à un changement d’époque. Nous assumons de multiples paradoxes, théorisés, assumés et désirés. En utilisant un mot de la littérature, nous vivons dans un monde « oxymorique ». Un oxymore est une figure de style associant un nom et un adjectif alors que leurs sens devraient les éloigner. Un oxymore déploie la juxtaposition et l’alliance de mouvements contraires. Une telle posture peut déstabiliser même pour décrire la complexité de la réalité de notre époque.

Les chrétiens ne sont pas ébranlés par ces contradictions. En effet, la vie de Jésus à Pâques, dans sa mort et sa résurrection, est oxymore. Avec Jésus, les chrétiens ne craignent pas les changements, les déstabilisations, les évolutions. Ils n’ont pas peur de mourir à une certaine forme d’Église ou de société. Invité à une conversion personnelle et permanente, le disciple du Christ sait vivre dans toutes les cultures et toutes les époques surtout celles où la religion cesse d’être simple appartenance sociale. Il ne s’agit pas de décrier, à l’instar de certains analystes, notre époque en attaquant la postmodernité, l’ultra-modernité, la postchrétienté, ou la sécularisation. Nous sommes dans ce temps, sans haine et sans crainte.

À la suite de la proclamation de Pâques, oxymore par excellence, les chrétiens vivent de la récapitulation, voulue, vécue et offerte par le Christ, entre l’histoire humaine et l’histoire divine. Notre foi nous équipe spirituellement, conceptuellement et anthropologiquement, pour aimer, comprendre, habiter ce monde. Plus encore, les chrétiens ne craignent pas de revendiquer pour Dieu ce monde que le Christ lui a déjà acquis. Sans proposer de solutions ou de projets, Pâques montre la rencontre possible entre la foi et la vie de notre société actuelle.

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