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Dieu n’a pas voulu la mort de Jésus

 

André Gounelle

En 1918, le Kaiser Guillaume II, tenu pour responsable des tueries et des catastrophes que venait de subir l’Europe, aurait dit : « Je n’ai pas voulu cela ».

 Une volonté indirecte ?

Pourtant, Guillaume II a déclenché (ou contribué à déclencher, car il n’en est pas le seul responsable) la guerre ; il l’a fait parce qu’elle lui est apparue comme le moyen d’atteindre ce qu’il désirait : la puissance, la prospérité et l’indépendance de l’Allemagne. La guerre n’était pas son but, il la savait douloureuse et dangereuse ; il y a cependant consenti ; on pourrait dire qu’il l’a voulue indirectement pour parvenir à ce qu’il voulait vraiment, la gloire de sa dynastie et la grandeur de son pays.

De nombreux textes chrétiens prêtent à Dieu une attitude qui ressemble beaucoup à celle du Kaiser. Ils expliquent que la mort de Jésus lui coûte, lui est pénible, le blesse et le fait souffrir, mais que néanmoins il la veut parce que sans elle il n’arriverait pas à mener à bonnes fins son dessein qui est de sauver l’humanité. Il la veut, non pas pour elle-même, mais pour ce qu’elle lui permet d’obtenir ; elle est un point de passage obligé. Le prix qu’il accepte de payer pour nous arracher à la perdition nous montre la profondeur et l’immensité de son amour.

 Un amour meurtrier ?

À titre d’exemple, voici deux de ces textes, l’un protestant et assez ancien, l’autre catholique et plus récent.

Au XVIe siècle dans la Confession de foi des Églises Réformées de France, dite de « La Rochelle », nous lisons : « Dieu envoyant son Fils a voulu montrer son amour et sa bonté inestimable envers nous en le livrant à la mort et le ressuscitant pour accomplir toute justice et pour nous acquérir la vie céleste. » Ce que Dieu veut, selon cette confession, c’est « montrer son amour », « nous acquérir la vie céleste » ; c’est pour cela qu’il livre son Fils à la mort.

Le Catéchisme de l’Église catholique de 1992 écrit que Dieu a « permis » (il ne dit pas « voulu ») la Croix « en vue d’accomplir son dessein de salut ». Il ajoute : « En livrant son Fils pour nos péchés, Dieu manifeste que son dessein pour nous est un dessein d’amour bienveillant. » Dieu ne se borne pas à laisser faire, il agit « en livrant son Fils » parce que c’est le moyen d’atteindre son but.

Quelle logique a-t-elle contraint Dieu d’en passer par là ? Ne pouvait-il pas procéder autrement ? Le catéchisme réformé de Heidelberg (1563) répond : « à cause de la justice et de la vérité de Dieu, il n’était pas possible de payer nos péchés autrement que par la mort du Fils de Dieu ».

 Des logiques étranges

Pourquoi n’était-ce pas possible ? On a tenté de l’expliquer de deux manières.

Selon la première, la « justice » exige que les péchés soient punis. En prenant sur lui la punition, Jésus nous en exonère ; ce qui correspond à l’idée ancestrale que la faute est avant tout un désordre et que le châtiment a pour visée principale de remettre les choses en place ; un pardon sans réparation ou une amnistie sans compensation n’est donc pas envisageable. Il faut que quelqu’un, coupable ou non, paie les péchés et mette ainsi fin au dérangement qu’ils ont introduit. Toute ancienne qu’elle soit, cette explication apparaît absurde : quand un innocent paie à la place du coupable, on ne rétablit pas un ordre perturbé ; ni la justice ni la vérité ne sont respectées.

Pour la seconde, Dieu s’incarnant en Jésus a voulu aller jusqu’au bout de la condition humaine, en assumant ce qu’elle a de pire : le supplice horrible d’un condamné (injustement) à mort. La croix mènerait à son terme, jusqu’au plus profond de la souffrance et de l’humiliation, le « dépouillement » ou l’abaissement du Christ Jésus (Phil 2) et son identification avec les plus misérables. Autrement dit, Dieu aurait voulu la Croix pour être pleinement Homme. Si elle est plus honorable que la précédente cette explication me paraît trop relever de spéculations mythologiques et métaphysiques.

 Une défaite de Dieu ?

Pour ma part, à la question que traite cet article je réponds « non ». Je ne crois pas que Dieu ait voulu, même indirectement, la mort de Jésus. À mon sens, elle n’entrait nullement dans ses plans, ses projets ou ses calculs. Comme le maître de la vigne de la parabole qui, après plusieurs messagers, envoie son fils pour parler aux vignerons rebelles et les convaincre (Lc 20,9-16), Dieu, après les prophètes, suscite et inspire Jésus (He 1,1-2) en espérant que les humains écouteront sa prédication, la suivront et se convertiront, c’est-à-dire changeront de comportement. Son attente a été déçue. Loin de s’inscrire dans les desseins de Dieu, la Croix représente pour lui un revers. Le soir du Vendredi saint, il est un vaincu et non quelqu’un qui est parvenu au but qu’il poursuivait.

Dans cette perspective, la Croix ne répond ni à l’obligation de rétablir un ordre perturbé ni à la volonté de pousser à son terme l’incarnation. Elle est un événement contingent lié à un ensemble de circonstances historiques et décidé par des autorités juives et romaines. Les choses auraient pu se passer autrement. Si Jésus n’avait pas été crucifié, il n’en serait pas moins le Christ et Dieu n’en aurait pas moins manifesté en lui son amour pour les humains.

Mais, objectera-t-on, Dieu peut-il être mis en échec ? Se produit-il dans le monde des événements qu’il n’a ni ordonnés, ni autorisés ? Il me semble que la Bible le suggère. Contrairement à ce que des traductions discutables laissent entendre, elle n’affirme pas la toute-puissance de Dieu. Au contraire, elle raconte que souvent des humains (même ceux qu’il a choisis et avec lesquels il a fait alliance) lui désobéissent et agissent à rebours de ses volontés. Les paraboles sont à cet égard significatives : elles le comparent à un propriétaire que ses fermiers volent ou à un père auquel ses enfants désobéissent. Nous n’aurions pas à prier « que ta volonté soit faite » si elle n’était pas sans cesse contrariée.

 Dieu veut la vie

Les multiples défaites que des hommes infligent à Dieu culminent dans la condamnation et l’exécution de Jésus.

Cependant, Dieu n’est jamais totalement battu. S’il n’est pas tout-puissant, il est néanmoins puissant, et en aucun cas il ne se lasse ni ne jette l’éponge. Il perd des batailles, pas la guerre. Ses échecs ne posent jamais un point final. Il ne les accepte pas, il réagit et les surmonte. Après la désobéissance d’Adam et d’Ève, après le meurtre de Caïn, après le veau d’or, après les trahisons d’Israël et des Églises, il ne renonce pas ; il recommence et redresse la barre.

Avec vigueur et inventivité, Dieu riposte à la Croix en ressuscitant Jésus. Il n’a pas abandonné les humains après ce qu’ils ont fait à son envoyé suprême. Il a su surmonter une situation aussi bloquée que celle de Golgotha. Le Vendredi Saint et Pâques jouent un rôle fondamental pour la foi chrétienne en ce qu’ils affirment que l’amour de Dieu ne s’éteint jamais et que sa puissance, même si elle n’est pas absolue, a toujours le dernier mot. Dieu désire la vie, la suscite, la rend triomphante ; ces événements nous en donnent l’assurance. Parler de sacrifice expiatoire ou de Dieu crucifié affaiblit ou brouille ce message.

 Aucune raison ne justifie ni n’excuse qu’on envoie quelqu’un à la mort. Dieu ne se sert pas de la mort, même comme moyen. Il n’a pas voulu la croix de Golgotha, il ne veut pas ce qui nous torture et nous anéantit. Par contre, il a voulu et opéré la résurrection, celle du Christ et la nôtre

 

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À propos André Gounelle

est pasteur, professeur honoraire de l’Institut Protestant de Théologie (Montpellier), auteur de nombreux livres, collaborateur depuis 50 ans d’Évangile et liberté.

14 commentaires

  1. amarie.menvi@orange.fr'
    ANNE MARIE MENVIELLE

    Bonjour Monsieur GOUNELLE, et un très grand MERCI pour ce que vous nous partagez. J’en suis bouleversée avec joie au coeur. recevez ma reconnaissance fraternelle

  2. j-francois.clarin@orange.fr'
    Jean-François Clarin

    Un grand merci Monsieur GOUNELLE. Vous apportez un éclairage décisif par votre analyse à la folie de la croix. La volonté du Père nous a-t-on enseigné, certes, mais comme vous le précisez, pas celle de tuer son propre fils. Bien fraternellement.

  3. a.rabenasolo2@gmail.com'

    Une prédication des plus rafraîchissantes. Sentiments de profonde reconnaissance, Pasteur.
    Un éclairage à contre-pied des sempiternelles exhortations à honorer un Dieu sacrifiant son Fils pour notre salut. Un Dieu préméditant cet envoi douloureux sur la croix dès les anciens temps bibliques.
    Non. Dieu est amour et ne programme pas une mort-sanction ni expiation à aucune de ses créatures, même à son Fils. Il nous donne la vie, la résurrection.
    Nous, submergés par les offres fondamentalistes d’un Dieu symbolisé par son Fils à jamais resté crucifié sur la potence.

  4. ac@tlb.sympatico.ca'

    Je ne crois pas que Dieu ait voulu, même indirectement, la mort de Jésus. À mon sens, elle n’entrait nullement dans ses plans, ses projets ou ses calculs. Je n’en reviens tout simplement pas de dire de telles choses. Toute la bible annonce sa mort et sa résurrection comment Monsieur GOUNELLE pouvez-vous dire de telles balivernes.

  5. emma.genay@gmail.com'

    Bonjour Monsieur Gounelle, je me souviens de cette rencontre après un culte au Bouclier à Strasbourg et de cette réflexion que je vous avais soumise, par parce que j’en avais « mare de cette théologie de la Croix ! » culpabilisante, qui ne représente qu’à peine 10 % des évangiles, et que nous chrétiens nous devions nous pencher sur les enseignements de Jésus, soit les 90% restants des évangiles, et les mettre en pratique dans notre quotidien !
    Votre article me fait chaud au cœur et me conforte !Vivement l’Aube de ce dimanche de Pâques que je relise avec joie la rencontre de Jésus avec les disciples d’Emmaüs et cette Saint Cène si riche de sens et qui vous remet « debout » dans les moments les plus difficiles de nos vies. Dieu à chaque instant de nos vies nous remet toujours debout, car Il nous aime d’un amour incommensurable ! Amen

  6. georges.collarde@gmail.com'

    Il y a longtemps de cela, une jeune personne s’est fait arrêter pour excès de vitesse par les gendarmes sur la route. L’amande était « salée », ne pouvant payer une telle somme cette personne contesta le PV et passa donc devant le tribunal !
    Lors du procès, le juge qui était réputé pour son intégrité lu l’acte d’accusation et confirma la sentence. Après avoir abattu son marteau de bois ce juge retira sa toge, descendit de son estrade, vint se placer aux côtés du plaignant et sortant son portefeuilles, paya l’amande à la place du prévenu !
    Le juge était le père du prévenu mais il ne pouvait pas acquitter ce dernier car il n’aurait plus été intègre alors il paya lui-même l’amande.
    Dieu fit de même, il ne pouvait pas effacer la sanction méritée par nos péchés sans démolir son intégrité mais sachant qu’il nous était impossible de payer le prix de nos péchés et nous aimant trop pour nous abandonner il décida de payer lui-même le prix de nos fautes.
    Dieu n’a jamais été « surpris » par la réaction de l’Homme, celui-ci est sa création et depuis le début l’Éternel sait à quoi sans tenir, toute la Bible nous montre que le Père a, dès le commencement, prévu LE plan de sauvetage de sa création.

  7. cdorrmann@free.fr'

    Notre Dieu d’Amour a fait Lui même ce qu’Il n’a pas permis à Abraham. Il s’est sacrifié, comme l’Agneau sans tache. Depuis la Genèse, le plan de Notre Seigneur était prévu.

  8. serge.ceruti@sfr.fr'

    Bonjour, je lis par hasard ce texte par l’intermédiaire de Regards protestants. Je suis chrétien de culture catholique et je trouve votre texte tout à fait intéressant dans la mesure où il nous fait sortir de la logique sacrificielle, mais il me semble que si la croix est un évènement lié au contexte historique , il reste que Jésus est mort pour Dieu son Père, je dirai qu’il a accepté cette mort par amour et humilité, refuser la mort par quelque révolte ou fuite (?) aurait été un acte d’orgueil ? comme celui d’Adam, comme celui de Jonas , accepter la mort c’était reconnaître que l’homme dépend de Dieu, qu’il le « craint » ?
    Merci pour cette piste ouverte à ma réflexion

  9. guyw777@gmail.com'

    Tant de passages de l’écriture montrent que la mort et la résurrection du Christ est le plan du Père depuis le début et que Jésus ne faisait rien de lui-même (Jean 8:28 Jésus donc leur dit : Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous connaîtrez ce que je suis, et que je ne fais rien de moi–même, mais que je parle selon ce que le Père m’a enseigné.‭)
    Jesus connaît le plan de Dieu et y adhère :
    Jean 12:23-25
    ‭Jésus leur répondit: L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié.‭
    ‭En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt, il reste seul ; mais, s’il meurt, il porte beaucoup de fruit.‭
    ‭Celui qui aime sa vie la perdra, et celui qui hait sa vie dans ce monde la conservera pour la vie éternelle.‭

    Voici ce que Jésus a dit à Pierre qui lui tenait un propos similaire au vôtre :
    Matthieu 16:21-24
    ‭Dès lors Jésus commença à faire connaître à ses disciples qu’il fallait qu’il allât à Jérusalem, qu’il souffrît beaucoup de la part des anciens, des principaux sacrificateurs et des scribes, qu’il fût mis à mort, et qu’il ressuscitât le troisième jour.‭
    ‭Pierre, l’ayant pris à part, se mit à le reprendre, et dit: A Dieu ne plaise, Seigneur ! Cela ne t’arrivera pas.‭
    ‭Mais Jésus, se retournant, dit à Pierre : Arrière de moi, Satan ! tu m’es en scandale ; car tes pensées ne sont pas les pensées de Dieu, mais celles des hommes.‭
    ‭Alors Jésus dit à ses disciples: Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui–même, qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive.‭
    Et si ce n’est pas suffisant, lisez encore Jean 10:17-18
    ‭Le Père m’aime, parce que je donne ma vie, afin de la reprendre.‭
    ‭Personne ne me l’ôte, mais je la donne de moi–même ; j’ai le pouvoir de la donner, et j’ai le pouvoir de la reprendre : tel est l’ordre que j’ai reçu de mon Père.‭
    Une dernière chose, mais non des moindres, mon Dieu est le Tout PUISSANT. Ce terme est cité plus de soixante fois dans la bible, El Shaddaï. Apocalypse 1:8 Je suis l’alpha et l’oméga, dit le Seigneur Dieu, celui qui est, qui était, et qui vient, le Tout–Puissant.‭
    Je terminerai ce long commentaire (pardonnez-moi) par ces paroles de Paul dans sa première aux Corinthiens, ch. 2: je n’ai pas eu la pensée de savoir parmi vous autre chose que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié…… Il s’agit de la sagesse de Dieu mystérieuse et cachée, que Dieu, avant les siècles, avait prédestinée pour notre gloire, sagesse qu’aucun des chefs de ce siècle n’a connue, car, s’ils l’avaient connue, ils n’auraient pas crucifié le Seigneur de gloire….. …. personne ne connaît les choses de Dieu, si ce n’est l’Esprit de Dieu. Or nous, nous n’avons pas reçu l’esprit du monde, mais l’Esprit qui vient de Dieu, afin que nous connaissions les choses que Dieu nous a données par sa grâce. Et nous en parlons, non avec des discours qu’enseigne la sagesse humaine, mais avec ceux qu’enseigne l’Esprit, employant un langage spirituel pour les choses spirituelles. Mais l’homme naturel n’accepte pas les choses de l’Esprit de Dieu, car elles sont une folie pour lui, et il ne peut les connaître, parce que c’est spirituellement qu’on en juge…

    Que Dieu vous éclaire par Son Esprit afin que vous ne soyez pas un aveugle qui conduise d’autres aveugles et tombiez tous ensemble dans la Fosse…
    J’espère ne pas vous froisser, Fraternellement en Christ

  10. evelyne.perinelle@laposte.net'
    Evelyne Périnelle

    Je ne peux pas admettre, et je cois que je n’ai jamais admis, que Jésus ait été sacrifié pour nos péchés. Je crois que Dieu n’a pas besoin de sacrifice pour pardonner; il aime tellement qu’il pardonne, si on lui demande de pardonner
    Jésus dit « va ta foi t’a sauvé »
    Et si Dieu change Isaac par un agneau c’est bien qu’il refuse les sacrifices humains.
    Evelyne Argela Périnelle

  11. christianscheffler@hotmail.com'
    Christian SCHEFFLER

    De nombreux textes bibliques, y compris dans l’Ancien Testament annoncent la mort et la résurrection du Messie à venir. Cependant j’adhère complètement à la compréhension exprimée par André Gounelle que je remercie vivement pour la clarté de son message.
    Lorsque Dieu, par ses prophète annonce ce qui va arriver, cela ne signifie pas forcément, et de loin, que Dieu est d’accord avec ce qui arrivera (par ex. la prédication de Jonas) ; son but est toujours d’avertir ses créatures qu’il aime parce que ce qu’il veut, ce n’est pas que le méchant meure, mais qu’il change de conduite et qu’il vive.
    Jésus a passé le plus clair de son temps pour faire connaître le véritable caractère de son Père ; il est venu pour mener une vie droite, en sa qualité de deuxième Adam ; c’est cette vie droite de Jésus qui nous sauve, et non sa mort ; on ne répare pas un désordre par un autre désordre.
    Si tout Israël s’était repenti à la prédication de Jésus, qui aurait été volontaire pour le mettre sur une croix ? Vous ? Je ne pense pas ; mon non plus d’ailleurs.
    Et s’il fallait absolument que Jésus meure sur une croix pour que nous puissions être sauvés, alors il faut décerner une médaille à ceux qui l’ont exécuté puisque ce serait grâce à eux que le plan de la Rédemption aurait été finalisé. On comprend bien l’absurdité d’un tel raisonnement.
    Au contraire les Ecritures déclarent que « c’est par grâce que vous êtes sauvés, au moyen de la foi » ; la grâce est gratuite et n’implique donc aucun sacrifice pour apaiser le Père ; de telles notions tirent leur source dans le paganisme qui voulait que pour apaiser la colère des dieux, il fallait leur offrir des sacrifices, voire des sacrifices humains.
    L’exemple du sacrifice d’Isaac est d’ailleurs très parlant à ce sujet ; il révèle que Dieu de ne veut pas de sacrifice humain ; si on fait le parallèle avec Jésus, n’oublions pas que Jésus est le Fils qui s’est fait homme, donc un humain également ; je ne vois pas pourquoi le Père aurait voulu la mort de son Fils, plus que la mort d’Isaac.
    L’exemple cité plus haut concernant le père, juge au tribunal, qui paie l’amende à la place de son fils délinquant se place dans une logique de lois humaines ; or Jésus est précisément venu nous apprendre que les lois de son Père ne rien à voir avec les lois humaines, mais relève d’une autre logique.

  12. laelotoscan.c.plante@gmail.com'

    Arrêter d’essayer tous, de vous dédouaner après toutes ces horreurs et atrocités commises envers les plus faibles d’entre nous, surtout au nom des religions trafiqués, le pardon ça se mérite. Toutes vérité se sait un jour. Beaucoup croient mériter le paradis alors qu’ils méritent l’Enfer.

  13. sebastien-cote@live.ca'
    Sébastien Côté

    L’être nouveau doit affronter et surmonter toutes les négativités de l’existence humaine. Si la mort lui avait été épargnée, il n’aurait pu en triompher, il n’aurait pas surmonté l’une des formes les plus redoutables de l’aliénation existentielle. Jésus connaît et affronte exactement les mêmes situations que nous. Il ne bénéficie d’aucun privilège, d’aucune exemption. La croix montre que Jésus participe pleinement et réellement à la condition humaine. Son humanité n’est pas une simple apparence. La résurrection témoigne qu’il est l’être nouveau que la mort elle-même ne parvient pas à détruire. En lui, la puissance de Dieu triomphe du non-être.

  14. sebastien-cote@live.ca'
    Sébastien Côté

    Si la mort du Christ fut permise par Dieu, elle ne fut pas voulue par lui. Elle résulte d’un concours de circonstances historiques. Les Juifs attendaient un libérateur politique, qui les délivrerait de la domination romaine. Le Christ leur a proposé une libération morale, une série de consignes éthiques qui les délivrerait du Mal. C’est en ce sens qu’il a obéi à Dieu. Déçus, les Juifs se sont détournés de lui. De plus, le Christ s’en est pris aux institutions du Temple de Jérusalem, annonçant même sa destruction comme l’avaient fait jadis Jérémie et d’autres prophètes. Il s’est attiré ainsi la haine des autorités religieuses juives, les grands prêtres et la caste sacerdotale, qui ont voulu l’éliminer en le livrant au pouvoir romain sous l’inculpation de révolte contre l’empire.

    Comment le Christ nous a-t-il délivrés du Mal ? Parce que, prophète des temps nouveaux, il est venu nous parler au nom de Dieu. Il nous a donné un grand nombre de consignes qui, si elles étaient observées, permettraient aux hommes de vivre en paix les uns avec les autres. Et comme, à l’aube du christianisme, le Mal était personnifié par Satan, on a compris cette délivrance de l’emprise de Satan sur nous comme un nouvel Exode ; grâce au Christ nous sommes passés, de l’empire de Satan, au royaume de Dieu.

    Mais en donnant son sang sur la croix, le Christ a-t-il expié nos péchés, a-t-il payé à notre place pour que nous puissions obtenir le pardon de Dieu ? Les textes des évangiles ne le supposent nullement. Si Dieu nous pardonne, c’est sans aucune contrepartie de notre part. Plus exactement, c’est en raison de nos bonnes dispositions : notre foi en Jésus, notre humilité qui nous fait reconnaître pécheurs, notre amour. Il faut aussi que nous nous repentions de nos fautes passées. Alors, par pure miséricorde, Dieu oublie nos péchés, n’en tient plus aucun compte. Nous somme pardonnés.

    C’est Paul, semble-t-il, qui a insisté sur la mort du Christ comme instrument de notre libération. En “se faisant obéissant jusqu’à la mort, et à la mort sur une croix” (Ph 2,8), le Christ nous a obtenu un double bienfait de la part de Dieu. D’une part, en mourant, il a fait mourir le péché personnifié qui était installé en nous et nous faisait commettre le mal. Grâce à lui, nous avons été délivrés (apolutrôsis) de l’esclavage du péché ; nous pouvons maintenant agir sous la mouvance de l’Esprit qui habite en nous. D’autre part, il nous a réconciliés avec Dieu alors que nos péchés nous en séparaient, il nous l’a rendu à nouveau favorable (hilastèrion). C’est en tenant compte de son obéissance, allant jusqu’à la mort sur une croix, que Dieu accepte de ne plus tenir compte de nos fautes donc de nous tenir pour justes. Il nous demande seulement de nous repentir et de croire dans le Christ.

    En reprenant ces thèmes, l’auteur de la lettre aux Hébreux a insisté sur la valeur sacrificielle du sang versé par le Christ, qu’il compare au sang des victimes des sacrifices de l’ancienne alliance. Il l’a fait parce que sa lettre était une lettre de circonstance : il a voulu montrer comment le rôle des prêtres de l’ancienne alliance se continuait dans la nouvelle alliance. Mais pouvons-nous bâtir toute une théologie de la rédemption en nous fondant exclusivement sur cette lettre aux Hébreux ?

    Source 1 : Jésus et le Christ. A. Gounelle.
    Source 2 : À l’aube du christianisme. M.-É. Boismard.

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