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Ma tante très chrétienne

 

Lorsque j’étais petit, il y a donc bien longtemps, nous recevions souvent à déjeuner une grand-tante très sympathique. Elle me paraissait le type même de la bonne chrétienne. Très engagée dans les œuvres de charité, elle ne manquait pas une bénédiction avant les repas. Il me semblait que tout le temps elle se reposait en Dieu qui était auprès d’elle, la réconfortait et l’encourageait. Et aussi Il lui dictait sa conduite. Elle avait peut-être la foi du charbonnier, mais elle avait la foi. C’était du solide et j’étais impressionné.

 Et puis j’ai relu récemment ses mémoires. Et voici ce qu’elle écrivait (nous sommes à Nouméa vers 1895) :

 « Nous allions régulièrement à l’école du dimanche mais cela ne nous intéressait pas du tout et je ne mettais aucun entrain à m’y rendre. Il m’arrivait même de chercher quelle raison je pourrais invoquer pour ne pas assister au culte qui suivait. De l’enseignement reçu, je n’ai pour ainsi dire rien retenu… Faisant suite à l’école du dimanche, venait le culte. Je devais y assister mais ne montrais aucun enthousiasme, beaucoup plus tentée de causer avec mes compagnes que d’écouter un ennuyeux sermon… D’ailleurs, parmi ces compagnes, quelle était celle d’entre nous qui se montrait ravie ?… Et le vieux pasteur laissait son Église dormir d’un profond sommeil d’indifférence. La jeunesse, il s’en souciait peu… »

 La morale de cette histoire, c’est qu’il ne faut pas trop s’inquiéter pour notre jeunesse, avec les pasteurs dynamiques que nous avons aujourd’hui.

 

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À propos Henri Persoz

est un ingénieur à la retraite. À la fin de sa carrière il a refait des études complètes de théologie, ce qui lui permet de défendre, encore mieux qu’avant, une compréhension très libérale du christianisme.

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