Le libéralisme est pluriel. Ainsi que le met en évidence André Gounelle, le libéralisme n’est pas exactement la même chose selon qu’il concerne la théologie, la philosophie politique ou l’économie. Ajoutons que dans chaque domaine, il y a plusieurs formes de libéralisme. Ceux qui veulent découvrir les physiocrates, les libertariens, l’ordolibéralisme, les anarcho-libéraux, l’école autrichienne, le libéralisme social… liront avec le plus grand intérêt le Dictionnaire du libéralisme dirigé par Mathieu Laine (Larousse, coll. « à présent »).
Ce qu’ont en commun toutes ces formes de libéralisme, c’est la confiance en l’être humain. En théologie, l’expérience de l’autre est prise au sérieux car chaque individu est réputé pouvoir se tenir directement devant Dieu, ce qui signifie avoir une connaissance personnelle du sacré. Cette connaissance ne sera jamais totale, c’est pourquoi le dialogue est indispensable. Cela explique que le libéralisme porte haut l’exigence du dialogue interreligieux, mais aussi du dialogue avec l’athéisme et, de façon générale, avec tout ce qui fait notre vie. Le libéralisme théologique refuse toute religion qui infantiliserait les croyants au lieu de leur donner les moyens de penser, critiquer et croire en toute liberté.
La confiance en l’être humain s’exprime dans le champ politique par la préférence pour les organisations qui permettent aux personnes d’exercer leurs responsabilités. Le libéralisme se méfie des excès des réglementations qui dictent aux citoyens l’ensemble de leurs comportements, justement parce qu’il fait confiance aux personnes pour réguler la vie en société. Les hommes sont aussi des « coquins » selon le mot du théologien Martin Luther (1483-1546). Il faut donc des règles communes, mais il est préférable de ne pas trop légiférer car la loi peut brider bien des initiatives, bien des élans, autrement dit rogner bien des libertés. Au demeurant, plus la loi est sophistiquée, moins elle protège les plus faibles qui n’ont pas les moyens de la connaître dans le détail.
Sur le plan économique, le libéralisme consiste à faire confiance à ceux qui sont directement concernés par les affaires. La formule rendue célèbre par Turgot (1727-1781) qui fut contrôleur général des finances sous Louis XVI « laissez-faire, laissez-passer » encourage à faire confiance : laissez-faire ceux qui savent faire et laissez-passer ceux qui ont des projets. C’est une formule que nous trouvons déjà dans 2 Samuel 16,11 lorsque David demande à ses conseillers de laisser passer Schimeï qui s’oppose à la gestion du roi : il est précieux de tenir compte de la part de vérité dont l’autre est détenteur, autrement dit de faire droit à l’altérité, ce qui est une manière d’échapper aux phénomènes de cour et à bien des intégrismes
À lire l’article de André Gounelle » Libéralisme «
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