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Parlons de politique aux repas de famille

Les discussions politiques qui émergeraient soudainement entre le foie gras et les huîtres, voilà une terreur bien commune de ces derniers jours de décembre. Qui n’a pas tremblé aux premiers mots polémiques échangés entre deux oncles de bords opposés ? Quelle maîtresse de maison n’a pas accéléré le passage des plats pour tenter de détourner l’attention d’une discussion sur le Président de la République ?

Pourquoi donc ces fâcheux du gouvernement viennent-ils donc s’inviter – bien malgré eux – au milieu de nos agapes de fin d’année ?

De nombreux titres de presse proposent d’ors et déjà à leurs lecteurs des guides de survie pour repas de famille. En ces temps de tempêtes, le basculement politique du dîner est à craindre. Sur quel sujet l’offensive sera-t-elle lancée ? L’écologie ? Emmanuel Macron ? Les gilets jaunes ? Jean-Luc Mélenchon ? Les impôts ? L’Europe ? Donald Trump ?

Et où tout cela nous mènera-t-il ? Tonton dira-t-il à tata que de toute façon elle a toujours été une fasciste ? Tata dira-t-elle à tonton que de toute façon il n’est rien d’autre qu’un bobo gauchiste ?

Ces peurs – pour rationnelles qu’elles peuvent apparaître – sont en réalité de très problématiques craintes et plutôt que de nous proposer des guides de survie pour éteindre ou bloquer tout débat politique, il faudrait plutôt conseiller à toutes les familles de ce pays de ne pas craindre les sujets qui divisent nos opinions individuelles.

Car si les familles sont incapables d’évoquer ces sujets, si les frères et les sœurs de naissance ne peuvent pas débattre sans s’écharper, comment croire en la République et en la démocratie ? Comment croire que nous sommes capables d’échanger avec des millions d’inconnus et de déterminer le chemin que doit emprunter notre peuple si nous ne sommes pas capables d’en discuter paisiblement avec nos entourages les plus immédiats ?

Que la politique exaspère plus d’un de nos compatriotes est chose bien compréhensible. Mais souvent c’est là affaire de cette politique politicienne qui empoisonne les colonnes de nos journaux. La vraie politique – c’est-à-dire le choix conscient et collectif de notre destinée commune – doit pouvoir être un sujet de conversation. Plutôt que de l’éviter, cherchons-le.

Nos opinions peuvent être éternelles si on ne les confronte jamais à la contradiction. Les plus fondées y résistent, les plus fragiles s’y fragmentent : et est-ce un drame de ne pas avoir la vérité pure et absolue ?

En laissant la discussion politique à des communautés homogènes en termes d’opinions (partis, manifestations, syndicats, etc.) nous ne faisons plus acte de véritable citoyenneté et nous laissons notre peuple se scinder en groupements étanches les uns aux autres.

Alors saisissons l’opportunité d’être réunis autour de la table de Noël pour échanger, dans le respect et la contradiction apaisée, avec ce cousin ou cette tante aux opinions si divergentes. Ne confondons pas nos salons avec les travées de l’Assemblée et soyons attentifs à la dignité des opinions d’autrui, tant que celles-ci – bien sûr – ne contreviennent pas aux principes fondamentaux de notre société.

En cette nuit de Noël où l’universel s’est incarné, relevons le défi de cet autre universel qu’est la construction d’une destinée forgée collectivement : osons la politique.

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À propos Maxime Michelet

est étudiant, diplômé d’un master d’Histoire contemporaine à la Sorbonne ; issu d’une famille de tradition athée, il a rejoint le protestantisme libéral à l’âge adulte à travers le temple de l’Oratoire du Louvre de Paris.

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