Une publicité nous a abonnés à un magazine grand public. Alors, nous le feuilletons le soir, à la chandelle, pour nous détendre. Mais notre attention s’est heurtée à une double page :
À gauche, une information alarmante sur l’avenir de la Bande de Gaza : des millions de personnes enfermées hermétiquement dans un territoire minuscule. Prison à ciel ouvert. Une population humiliée, à bout, qui n’a pas d’eau, pas d’électricité, pas de quoi manger, pas de travail ; et qui reçoit des bombes du pays voisin.
À droite, une belle publicité pour une résidence de luxe sur la Côte d’Azur. De belles terrasses, de beaux jardins très calmes, entourés de pins maritimes, avec vue sur la mer. Le vrai paradis reconstruit avec tout le confort moderne.
Comme si les Gazaouis pouvaient, sans même tourner la page, venir se réfugier en ces lieux idylliques. Image insupportable de notre monde partagé à part inégale entre ceux qui vivent trop mal et ceux qui vivent trop bien. Les injustices de la terre s’invitaient dans nos soirées. Bien sûr, nous savons tout cela. Mais la cohabitation tranquille de ces deux pages voulait nous faire croire que tout était normal : à gauche, la misère, à droite le luxe. Alors que ces deux pages, séparées par un simple pli du journal, se télescopaient et s’entredéchiraient sans que l’éditeur s’en soit nécessairement aperçu. Comme nous ne nous apercevons pas toujours des conséquences de notre recherche d’une demeure agréable pour vivre. Que faire ? Nous sommes complètement dépassés. Nous n’avons plus qu’à crier. Car si nous ne crions pas, ce sont les pierres qui crieront
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