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Témoignages

 

Quatorze personnalités populaires de l’univers de la chanson, de la littérature, du cinéma ont répondu à Catherine Ceylac – animatrice et productrice sur France 2 de l’émission matinale Thé ou café – sur la question de la mort. Pour Pierre Arditi, évoquer la mort, c’est d’abord parler de la vie et quand la vie s’abîme, on comprend qu’elle est mitoyenne de la mort. « Il n’y a pas de rempart à la mort, il y a des chemins de traverse. » Isabelle Autissier, navigatrice et écrivaine, raconte qu’elle vit doublement depuis la fin de son premier tour du monde, « car c’était mon rêve de petite fille. En revoyant la baie de Newport, au terme de cette aventure, une pensée m’a traversée : maintenant, la vie c’est du bonus. J’avais rempli le contrat vis-à-vis de la petite fille que j’étais. Tu n’as plus rien à prouver, tu as fait ton job ». Jean-Louis Trintignant aime bien sa vie, aime lire, aime écouter, mais il est déjà mort depuis que Marie, sa fille, est morte. Pour la plupart des personnes, parler de la mort en famille est tabou mais Michèle Laroque faisait cette recommandation à sa petite fille timide, « n’oublie pas que tu vas mourir », et elle ajoute « quand on prend conscience de la mort, on devient responsable de sa vie ». Toutes ces personnes – excepté Gaël Faye, prix Goncourt des lycéens en 2016 – s’affirment non croyantes. Toutefois, certaines d’entre elles sont attentives aux signes inexpliqués qui marquent leur quotidien et indiqueraient la présence d’un au-delà : « Je ne croyais pas aux signes jusqu’à ce que je les voie » (Line Renaud). Et pour Michèle Laroque : « Je m’amuse à croire aux signes, ça me donne la sensation que tout est possible, qu’il n’y a aucune règle. » La première expérience de la mort se passe souvent pendant l’enfance, à la mort d’un grand-parent, ou pour Gaël Faye, quand il assiste à l’accident d’un cycliste sur la dangereuse route qui longe le lac Tanganyika jusqu’en Tanzanie. « Le petit garçon que j’étais se demandait où était passé ce cycliste qui, quelques secondes avant, était sur son vélo. » Dans tous ces témoignages, on lit l’exigence de mourir dans la dignité et souvent de façon consciente. « Je n’aimerais pas mourir dans mon sommeil, car j’aurais l’impression d’avoir raté quelque chose », témoigne Isabelle Autissier. Michèle Laroque envisage la mort comme un consentement mutuel avec la vie et Jean-Louis Trintignant a peur de manquer des événements et qu’on pense : « Tiens, c’est dommage, il n’a pas connu ça. » Pour Franz-Olivier Giesbert, il faut réagir comme un chef militaire : comment on s’organise ? Comment va-t-on gagner cette guerre ? Pour ces femmes et hommes publics, il y a le souci de laisser une trace de leur vie. « J’aimerais surtout que l’on dise Il était quand même sympa » avoue Franz-Olivier Giesbert. Poser la question de la mort à ces personnalités renvoie à nos propres interrogations et nous provoque.

Catherine Ceylac, Sophie Brugeille (collab.), À la vie, à la mort, Paris, Flammarion, 2018, 224 pages.

 

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À propos Guylène Dubois

entrée au comité de rédaction en 2014, fut bibliothécaire puis libraire. Elle travaille aujourd’hui dans l’univers radiophonique.

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