Les oiseaux de mauvais augure annoncent que ça va mal finir. Que sait-on de la fin ? Quand on s’intéresse à ce que sera la fin de l’Histoire, on fait de l’eschatologie : la science de la fin. L’eschaton, c’est ce qui est dernier, en grec. Pour savoir ce qui est dernier, ce qu’il y aura à la fin des temps, on peut faire preuve d’imagination. Souvent, cela consiste à projeter nos espoirs ou nos peurs. Dans pareil cas, penser la fin revient à imaginer ce qui arrivera à partir de ce qui nous obsède.
En christianisme, il n’est pas question d’imaginer ce qui va arriver. L’eschatologie est plutôt une manière de dire ce qui est ultime, dernier. Le jugement dernier n’est pas forcément à comprendre comme le jugement qui sera prononcé juste avant que le monde explose, mais la vérité dernière d’une personne ou d’une situation. Par exemple, ce qui est exprimé lors d’un baptême, à savoir qu’il est juste et bon que tu sois là, indique une vérité dernière qui ne passera pas, quelles que soient les circonstances.
En christianisme, toujours, pour savoir ce qui est ultime, ce qui est dernier, nous examinons ce que le Christ incarne. Ce que Jésus a révélé de l’humanité est la manière chrétienne d’envisager ce qu’est une humanité accomplie, dernière. Bien entendu, ce que Jésus a manifesté n’est qu’une anticipation de ce que nous sommes, chacun, appelés à vivre, à expérimenter. Jésus est, de ce point de vue, un antécédent de chacun de nous, ce qu’on appelle techniquement une prolepse. L’eschatologie proleptique consiste donc à penser ce qui est dernier, ce que nous pouvons viser, la finalité de notre existence, à partir de ce que le Christ a incarné, à partir de ce que Jésus a prêché. Cela indique qu’il n’est pas nécessaire d’attendre la fin de l’Histoire pour que toute chose s’accomplisse. D’ores et déjà, nous avons à notre disposition les éléments utiles pour donner à notre vie le sens dernier qu’elle peut atteindre.
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