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Bonne et mauvaise conscience

Hannah Arendt a écrit que seuls les gens bien, les « bonnes gens », ont la capacité d’avoir mauvaise conscience. Ils portent en eux des préoccupations et des exigences morales qui les amènent à s’évaluer et à mesurer l’écart entre ce qu’ils sont et ce qu’ils devraient être. Par contre, selon Arendt, les « gens vraiment mauvais » ont en général « bonne conscience ». Ils n’ont ni interrogations ni doutes sur eux-mêmes. Ils sont contents d’eux. Au lieu de les accuser, leur conscience les conforte.

L’homme politique, c’est son destin et on ne voit pas comment il y échapperait surtout à la veille d’élections, se préoccupe en priorité de l’image qu’il donne de lui-même. Il évolue sur une scène où il s’agit de jouer un rôle, d’incarner un personnage. La spiritualité ou « l’âme » de quelqu’un se forge, au contraire, dans ce qu’Arendt appelle « le dialogue silencieux de soi avec soi », qui pour un chrétien évoque ce « secret », dont parle Jésus à propos de la prière, où on se place devant Dieu.

Mauvaise conscience de l’éthique où on s’examine soi-même pour reconnaître ses défaillances et insuffisances ; bonne conscience du politique qui regarde les autres pour  affirmer sa justice et se justifier devant eux. Il serait catastrophique que le souci éthique rende inapte à l’action publique ou que l’action publique étouffe le souci éthique. Mais il serait bon que la mauvaise conscience éthique vienne secouer et déranger la bonne conscience politique si assurée d’elle-même.

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À propos André Gounelle

est pasteur, professeur honoraire de l’Institut Protestant de Théologie (Montpellier), auteur de nombreux livres, collaborateur depuis 50 ans d’Évangile et liberté.

Un commentaire

  1. calogero.fanara@proximus.com'

    Que l’on soit croyant ou pas, et quand bien même certains prétendent être confortés dans un état de conscience libre de toute interrogation ou doute sur eux-mêmes (et sur leur manière de vivre), je reste persuadé que celle-ci fera – tôt ou tard – surface. Nous avons tous été créés avec cet « adn » divin. Aucun homme n’échappe à l’écho de sa conscience, même s’il arrive qu’elle soit « suffoquée » par les ‘coups durs de la vie’. Voilà pourquoi il est urgent et important pour nous chrétiens de proposer l’Évangile et le partager autour de nous. Là où la conscience dépose dans le coeur de l’homme « la pensée de l’éternité » (et une conscientisation de son état de péché), la puissance libératrice de l’Évangile de Jésus-Christ permet ensuite au Saint-Esprit de venir « convaincre » cette conscience et lui permettre d’accueillir favorablement l’appel de Dieu à la repentance et par conséquent à un véritable mieux-être..

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