Nous sommes souvent sévères envers les anglo-saxons. Nous trouvons suspectes leur laïcité qui n’exclut pas, mais intègre les religions ainsi que leur recherche d’une société qui tienne compte des communautés. L’élection du nouveau maire de Londres devrait nous faire réviser nos jugements. M. Sadiq Khan n’a pas été élu parce qu’il est musulman, mais sa religion ne semble pas l’avoir handicapé. Il ne l’a pas cachée en estimant qu’elle ne regardait en rien ses électeurs ; il n’en a pas fait non plus un argument électoral. Il n’est pas un maire musulman ; il est maire et musulman.
Dans notre pays, longtemps, certains prétendaient qu’on ne pouvait pas être à la fois protestant et français. Ils nous soupçonnaient d’être des agents de l’Angleterre ou de l’Allemagne et d’infiltrer dans la nation un poison venu de l’étranger. De même, aujourd’hui, beaucoup peinent à admettre qu’un musulman puisse être pleinement français ; on le suspecte d’être au service des puissances arabes.
« Il n’y a plus, écrit Paul, ni juif ni grec, ni esclave ni libre, ni homme ni femme.Il ne s’agit nullement de nier les différences ethniques ou religieuses, sexuelles et sociales, mais d’affirmer que chacun de nous est avant tout une personne singulière qui doit être traitée en tant que telle, sans pour cela nier ou détruire ce qui constitue sa personnalité. Comme le demandait Jaspers aux européens de 1945, cessons de classer les gens « en bloc », en « catégories collectives » ou en « rubriques générales ».
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