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L’économie de communion

Le séminaire d’Économie de Communion à Nairobi, 2015. Photo edc-online.org

Le séminaire d’Économie de Communion à Nairobi, 2015. Photo edc-online.org

L’économie européenne est en crise, pas seulement conjoncturelle et momentanée, mais structurelle et violente. La crise est aussi mondiale. On le voit avec ces drames de l’Afrique subsaharienne, où la faim fait mourir, comme dans tant d’autres pays en révolte, où les jeunes n’ont aucune perspective d’avenir, et avec ces deux milliards d’êtres humains qui n’ont pas accès à l’eau potable…

Une économie plus humaine peut-elle exister dans ce contexte ?

« L’économie de communion » est née d’une inspiration de Chiara Lubich, la fondatrice du mouvement des Focolari, lors d’un de ses voyages au Brésil en 1991. Frappée par le contraste entre une grande richesse et une extrême pauvreté, et constatant que le partage vécu par les membres du Mouvement ne suffisait pas à aider les plus pauvres d’entre eux, elle proposa de fonder des entreprises qui auraient pour but de lutter contre la pauvreté en partageant leurs bénéfices de la manière suivante :

– une part pour développer l’entreprise et créer des emplois ;

– une part pour aider les personnes en situation d’indigence ;

– et une part pour former « des hommes nouveaux », des personnes qui vivent et diffusent une culture du don plutôt que celle de la consommation et de l’avoir.

Bien sûr, donner des bénéfices requiert aussi de mettre en cohérence les pratiques de l’entreprise avec l’idéal de communion adopté. « L’économie de communion » est une pratique, une expérience, un projet partagé par des personnes qui s’y sont risquées, avec foi dans le discours prophétique de Chiara Lubich. Certains étaient chefs d’entreprise, d’autres simplement des personnes enthousiasmées par le projet, et ils ont voulu tenter l’aventure.

Écoutons Laurent Thiery, entrepreneur dans la charpente : « Je parle de l’économie de communion avec beaucoup de prudence car je ne veux pas l’utiliser comme argument de vente. Mais prenons un exemple : je cherchais un jour à obtenir une ristourne sur une livraison d’échafaudages. Le fournisseur me l’a accordée en me disant : « Comme ça, tu pourras aller au resto avec ta femme ! » Je lui ai simplement répondu que non, dès que je cherche à gratter ne serait-ce que 60 centimes d’escompte pour paiement comptant, c’est pour mes gars et les plus démunis. Il a été touché et, depuis, nous avons une relation très fraternelle. »

« L’économie du don » est créatrice de valeur, dans tous les sens du terme… « Nous avons donné, puis reçu », dit Tita Puangco, fondatrice du cabinet de conseil en management Ancilla, aux Philippines, « nous avons commencé à deux, pour arriver à quarante, huit ans après. Ayant débuté avec trois clients, nous en avons près de deux cents aujourd’hui. Nous disons souvent que les autres sociétés de conseil sont probablement aussi compétentes que nous, mais que Dieu, notre “Associé invisible”, nous a été fidèle. »

En effet, l’économie de communion ne peut pas être mise en œuvre sans une motivation profonde de ses acteurs, un changement radical de mentalité. Il faut donc une culture qui la fonde, un mode de vie partagé par des gens de toute condition, qu’ils soient simples consommateurs, dirigeants d’entreprises, salariés, ou personnes ayant besoin du soutien de la société pour avoir une vie décente.

C’est cette culture que nous appelons « culture du don ».

Croire que les relations peuvent passer de la confrontation à la rencontre, de la concurrence à la coopération, de la défense de ses propres intérêts à la solidarité, et qu’une attitude de confiance peut être contagieuse, c’est déjà réinventer l’entreprise pour qu’elle devienne une véritable communauté de personnes.

Notre mode de consommation peut nous faire poser des actes économiques dans notre seul intérêt personnel. L’économie de communion nous invite à ouvrir notre cœur et notre porte-monnaie pour respecter tous ceux qui ont participé au produit acheté et en privilégiant le plus faible, donc en acceptant de payer davantage. Pour notre épargne, nous cherchons souvent le rendement le meilleur sans essayer de savoir à quoi servira notre argent.

« L’économie de communion » nous invite à privilégier les investissements qui servent au bien commun, au développement de l’emploi, et au respect de la planète. « L’économie de communion » nous invite à poser des actes concrets pour chercher à ce que l’Évangile ne soit pas lettre morte mais qu’il s’incarne dans tous les aspects de notre vie y compris économiques.

 

edc-online.orgeconomie-de-communion.fr

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À propos Chantal Grevin

Juriste, représentante de l’ONG New Humanity (issue du Mouvement des Focolari) à l’UNESCO.

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