Nous l’avons échappé belle ! Le lieu de culte protestant a failli s’appeler un ou une fane : comme la tige ébouriffée des carottes ! En effet, dans la langue de nos ancêtres les Latins, le temple se nomme fanum : lieu exclusif qui enferme le sacré derrière d’épaisses murailles – et tout ce qui est à l’extérieur est évidemment profane (pro : devant, hors de) !
Quant au templum latin, il ne signifie pas d’abord temple, mais désigne initialement… un morceau de ciel dans lequel les augures, ces prêtres ornithologues, observaient le vol des oiseaux pour lire l’avenir. Lorsque ceux-ci prenaient leur envol vers la droite, ils étaient littéralement « de bon augure ». Mais s’ils fonçaient à tire d’aile vers la gauche (sinistra), ils annonçaient un avenir… sinistre ! [J’ai rédigé ces paragraphes avec la complicité de mon bon vieux dictionnaire latin-français de Félix Gaffiot, Hachette, 1931]
Alors, rêvons ! Le peuple convoqué (grec : ekklèsia) par la Parole de Dieu se réunit pour le culte, comme les « mages venus d’Orient », afin d’ « observer l’étoile du Christ à son lever » (Mt 2,2) : « Astre levant venu d’en haut pour visiter ceux qui étaient dans les ténèbres et l’ombre de la mort et pour guider nos pas aux chemins de la paix » (Lc 1,78-79). Il ne s’agit donc pas seulement, au culte, de « rendre hommage » au Christ (Mt 2,2 et 8) , des supplications et des actions de grâce » (1 Tm 2,1) ; mais de chercher quels chemins de lumière il va tracer dans nos vies, quel avenir nous allons construire avec lui !
Pour faire un don, suivez ce lien